La Russie revient à son idée de longue date de mettre au point des super-torpilles avec une puissante charge nucléaire pour détruire des sites côtiers. C’est ce qu’a déclaré l’académicien Chamil Aliev, l’un des principaux développeurs des torpilles russes.
«Aujourd’hui nous revenons aux projets de Sakharov de fabriquer une torpille de 24 m de long et de 1,5 m de diamètre avec une ogive nucléaire et une portée de 50 km. Son objectif consistait à détruire des sites côtiers grâce à une explosion sous l’eau. Cette idée n’a pas été abandonnée parce qu’elle ne fonctionnait pas, mais simplement parce qu’il n’y avait pas d’argent à l’époque», explique Chamil Aliev cité par le quotidien Izvestia.
Cela n’a rien d’un scoop. Après l’impressionnante présentation des futurs armements stratégiques russes par Vladimir Poutine le 1er mars 2018, un appareil autonome sous-marin avec une charge nucléaire (baptisé ensuite Poséidon) est loin d’être un choc. Rappelons également que pendant la réunion de Sotchi à laquelle le président avait assisté en novembre 2015, la presse avait relayé le nom de code du projet: Statut 6. Les chaînes russes qui filmaient la préparation de cette réunion avaient saisi une image du dossier contenant les principales caractéristiques du futur appareil sous-marin autonome.
Le Statut 6 était présenté comme la fameuse super-torpille avec des caractéristiques très similaires. Sa longueur a été estimée à 24 m d’après l’échelle des sous-marins représentés à côté et dont les dimensions sont connues. Le document en question mentionnait un calibre de la torpille de 1,6 m, une profondeur de navigation jusqu’à 1.000 m, une vitesse de 185 km/h (soit 100 nœuds), et une autonomie jusqu’à 10.000 km.
L’en-tête de la page indiquait la mission de l’engin: «Détruire des sites économiques importants de l’ennemi sur la côte et infliger des dégâts irréversibles au territoire du pays en créant des zones de vaste pollution radioactive incompatibles pour mener une activité militaire, administrative, économique et autre dans cette région pendant une longue période».
A présent, les spécialistes tentent de savoir si cette fuite était intentionnelle mais cette question est obsolète à présent, car le 1er mars 2018 l’appareil a refait surface dans l’espace public, et cette fois officiellement.
Ce jour-là, le Président Poutine a déclaré devant l’Assemblée fédérale que la Russie avait élaboré des «drones sous-marins intercontinentaux» capables de se déplacer à une vitesse largement supérieure aux sous-marins et aux navires actuels. Les appareils sont prévus pour attaquer un large éventail de cibles, notamment des «groupes aéronavals, l’infrastructure et les renforts côtiers».
En décembre 2017, a précisé le Président, a été terminé le long cycle d’essais du moteur nucléaire pour de tels drones, ce qui permet d’entamer la mise au point d’un tout nouveau type d’arme stratégique dotée de munitions nucléaires de grande puissance.
Fin mars 2018, le ministère russe de la Défense a annoncé le résultat de l’appel d’offres pour le système «Poséidon».
Source: Sputnik