Venu au Liban pour dénoncer ce qu’il considère être les « activités déstabilisatrices » du Hezbollah, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a fait l’objet de plusieurs fin de non-recevoir de la part de ses interlocuteurs officiels libanais.
Le pays du Cèdre est ce vendredi 22 mars la dernière étape de la tournée de M. Pompeo au Moyen-Orient, axée sur la création d’un front régional contre l’Iran, ennemi juré d’Israël, le protégé inconditionnel des Etats-Unis.
Pas question de rallier une alliance contre l’Iran
Sur cette question d’abord, des sources ministérielles libanaises ont fait part pour la télévision libanais al-Mayadeen que Pompeo va surement entendre de la part des responsables politiques libanais que « le Liban n’a pas les capacités de suivre les exigences américaines, notamment en ce qui concerne son implication dans une alliance arabe régionale contre l’Iran, en raison de sa position officielle consensuelle qui rejette tout positionnement dans les axes ».
Le Hezbollah, une réponse à l’occupation israélienne
Lors de sa rencontre avec le chef du Parlement Nabih Berri, le chef de la diplomatie américainea essuyé un premier refus à ses déclarations.
Il avait « insisté sur les préoccupations des États-Unis concernant les activités déstabilisatrices du Hezbollah au Liban et dans la région et les risques qu’elles représentent pour la sécurité, la stabilité et la prospérité du Liban », a indiqué son porte-parole Robert Palladino, rapporte l’AFP.
« La résistance du Hezbollah et celle de tous les Libanais est due à l’occupation israélienne des territoires libanais qui se poursuit », lui a rétorqué M. Berri, selon l’agence russe Sputnik. Et d’ajouter qu’il est un parti libanais présent au sein du Parlement et du gouvernement libanais.
Le Hezbollah est à la tête de trois ministères dans le nouveau gouvernement libanais. Armé par l’Iran, il constitue le fer de lance de la Défense du Liban contre les velléités israéliennes hostiles au pays du Cèdre. Il est du coup considéré par les Etats-Unis comme une organisation « terroriste ». En novembre 2018, Washington a renforcé ses sanctions à l’encontre de cette formation.
M. Pompeo est arrivé au Liban après une visite de deux jours en Palestine occupée, au cours de laquelle il a rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Une visite destinée aussi à marquer le soutien de l’administration Trump à ce dernier, empêtré dans des affaires de corruption qui compromettent sa victoire dans les prochaines législatives israéliennes.
Le Liban refuse la ligne Hofe
Devant son hôte américain, rapporte la télévision libanais al-Mayadeen Tv, le chef du législatif libanais a également réitéré le refus de Beyrouth de la ligne Hofe, proposition américaine destinée à départager la zone gazière maritime libanaise de celle occupée par Israël. Pour le Liban, elle a l’inconvénient de découper 160 km2 sur les 860 de la surface maritime libanaise pour les accorder à Israël. Selon Al-Mayadeen Tv, lors de la rencontre de Pompeo avec le Premier ministre libanais Saad Hariri, les positions de ce dernier ont été en grande partie très proches de celle de M. Berri, surtout pour la délimitation des frontières maritimes.
Rejet catégorique sur les réfugiés syriens
Une autre fin de non-recevoir a été exprimée à Pompeo lors de sa rencontre avec le président de la république le général Michel Aoun : pas question de lier le retour des réfugiés syriens au règlement politique en Syrie. Ce thème très cher au chef de l’Etat est réitéré sans répit face aux insistances des visiteurs occidentaux, qui voudraient, selon les observateurs libanais, les utiliser comme moyen de pression sur Damas pour imposer leurs desideratas.
Un seul thème semble avoir fait l’objet d’une entente entre les responsables libanais et Pompeo. Avec Berri, il a discuté de « la nécessité de maintenir le calme le long de la frontière entre le Liban et Israël », selon Palladino.
Israël qui a occupé le Liban à partir de 1978 a été contraint de s’en retirer et de lâcher ses collaborateurs de l’Armée du Sud-Liban, sous les coups de la Résistance islamique, bras armé du Hezbollah. En 2006, il a essuyé une grande défaite dans la guerre de 33 jours contre le Liban, malgré les moyens dévastateurs qu’il a utilisés.
Depuis l’an dernier, il érige un mur de séparation le long de la frontière de 130 kilomètres avec le Liban pour empêcher toute éventuelle incursion terrestre du Hezbollah. Il y a quelques semaines, il l’a accusé d’établir secrètement un réseau militaire dans la partie non occupée du Golan.
Justement en Syrie, et depuis 2011, le Hezbollah a joué un rôle important pour empêcher les Etats-Unis de renverser le pouvoir de Bachar al-Assad, un pilier de l’axe de la Résistance. Le terme désigne les pays et les organisations hostiles au projet américano-sioniste dans la région. Il inclut des Etats comme l’Iran et la Syrie, ainsi que des formations politiques et de résistance en Irak, au Liban et dans la bande de Gaza.