Lors d’une interview accordée à la chaîne Al-Mayadeen le 11 juin et diffusée le 8 juillet, le secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Naïm Qassem s’est penché sur plusieurs dossiers épineux.
Il est revenu sur le déclenchement de la bataille Déluge d’al-Aqsa par la résistance palestinienne le 7 octobre 2023, la bataille de soutien lancée par le Hezbollah le lendemain et les raisons pour lesquelles il n’a pas lancé de guerre totale.
Il a révélé pour la première fois les failles chez la résistance qui ont permis le drame du bipeurs, des talkie-walkie et du réseau de communication interne et a parlé des facteurs qui ont permis au Hezbollah de reprendre son élan en dépit des pertes énormes qu’il a subies.
Rappelant que le Hezbollah ne pouvait patienter éternellement face aux agressions israéliennes continues, il a stigmatisé les moyens utilisés par les Etats-Unis pour obtenir des concessions.
Sur le changement de régime en Syrie, il a exposé son affectation pour la cause palestinienne, le danger de l’orientation prônée vers la normalisation avec Israël, et les tentatives d’utiliser la Syrie contre le Liban.
Cheikh Qassem a aussi expliqué pourquoi des menaces guettent aussi bien la communauté chiite, en proie à « une menace existentielle » que le Liban en général « qui n’existera pas sans nous ».
Sur la relation avec les partis libanais, il a indiqué les raisons pour lesquelles toute réconciliation avec le parti des Forces libanaises est exclue, contrairement à tous les autres.
Il a en outre exposé la vision du Hezbollah sur la nature des relations entre le Liban et les pays arabes, expliqué l’importance de l’armement du Hezbollah pour le Liban comme « facteur de puissance » et défini les conditions pour la poursuite de la mission de la Finul.
Il a terminé l’entretien en parlant du Maitre des Martyrs de la oumma sayed Hassan Nasrallah, révélant comment il a reçu la nouvelle de son martyre et comment il conçoit sa succession et le Hezbollah après lui.
Une bataille de soutien et non une guerre totale
Cheikh Qassem a déclaré que la bataille de soutien menée par la Résistance islamique était « une conséquence naturelle de la bataille Déluge d’al-Aqsa, lancée par la résistance palestinienne, soulignant que « son objectif était d’atténuer les souffrances de Gaza et de pousser l’occupation israélienne vers une solution ».
Cheikh Qassem a expliqué que le Hezbollah n’était pas au courant de l’intention du Hamas de lancer la bataille le 7 octobre 2023 et que la nouvelle était parvenue à Son Éminence Sayyed Hassan Nasrallah seulement une demi-heure après son déclenchement.
Selon lui Sayyed Nasrallah avait toujours affirmé que le Hezbollah ne souhaitait pas de guerre totale au Liban indiquant que la décision de soutien avait été prise à l’unanimité au sein du Conseil de la Choura (le conseil consultatif du Hezbollah, ndlr), comme c’est de coutume pour les décisions fondamentales du parti.
A la question « pourquoi une bataille de soutien et non une guerre totale ? » il a répondu :
« Il nous fallait entamer l’opération de soutien limitée, puis observer les évolutions qui en découleraient afin de trancher nos choix de manière définitive… Après des semaines à la bataille de soutien, une conviction s’est consacrée chez le commandement du Conseil de choura (consultatif) de poursuivre la bataille de soutien et de ne pas mener une guerre totale car le soutien réalisait les objectifs souhaités sans recours à la guerre totale »
A savoir selon cheikh Qassem : attirer un grand nombre des forces israéliennes vers le nord de la Palestine occupée, provoquer une vague d’émigration chez les colons du nord pour créer une crise sociale économique et sécuritaire au nord, infliger le plus de pertes possibles dans les rangs des soldats israeliens
« Si nous avions mené une guerre globale, il y aurait eu des destructions dévastatrices, une intervention américaine et une nouvelle escalade, sans atteindre les objectifs souhaités. »
Il a souligné que deux mois après le début des combats, les frères du Hamas qui insistaient sur une implication plus grande de la part de la résistance libanaise « nous ont assuré qu’ils étaient persuadés que notre soutien était suffisant et atteignait l’objectif visé, notamment après la révélation de l’ampleur de l’empiètement de l’occupation et du soutien américain affiché ».
Cheikh Qassem a assuré que mêmes les dirigeants iraniens n’avaient pas été informés au préalable de la décision de déclencher la bataille Déluge d’al-Aqsa, tout comme les dirigeants du Hamas à l’étranger, qui n’en avaient aucune connaissance préalable.
Bipeurs : une faille chez la résistance
Interrogé sur l’incident des bipeurs (Pagers) qui ont explosé simultanément le 17 septembre entre les mains de milliers de militants du Hezbollah, tuant 35 d’entre eux et blessant des milliers, il a expliqué “qu’il a résulté d’une faille interne dans le processus d’approvisionnement lequel avait été décelé par les Israéliens ». Et de signaler l’achat de bipeurs explosifs avait été contracté il y a un an ou un an et demi.
« Nous ne savions pas que la série d’achat a été dévoilée, ni n’avons pu découvrir via les moyens dont nous disposons que les appareils étaient piégés. Les explosifs installés dans les appareils étaient exceptionnels, et n’ont pas été détectés par nos moyens… ceci découlerait aussi bien du manquement que de la négligence ».
Il a également révélé qu’une cargaison de 1 500 bipeurs explosifs devait arriver via la Turquie ultérieurement, mais le Hezbollah a demandé à l’ex-Premier ministre libanais Najib Mikati de contacter le président turc Recep Tayyip Erdogan pour les confisquer et les faire exploser.
Et de reconnaitre une information qui avait été diffusée dans les médias : « les deux derniers jours avant l’explosion, une nouvelle manière d’examiner les bipeurs avaient été suggérée en le cassant pour l’examiner et ce après avoir senti certaines lacunes qui soulèvent des questions ».
En réponse aux allégations des dirigeants israéliens qui ont assuré avoir décidé de les faire exploser après avoir pressenti que le Hezbollah voulait les réexaminer. « Je ne sais pas si cela est vrai, si c’est la cause véritable ou si c’est un prétexte. C’est une estimation israélienne pour justifier leur décision. La cause est que l’Israélien a pris la décision de déclencher » l’attaque, selon cheikh Qassem.
Il a nié les allégations selon lesquelles des boucliers des résistants aient été également piégées.
Un autre problème lié à la brèche résidait dans la vulnérabilité du réseau de communication interne du Hezbollah, a-t-il révélé.
« Des rapports préoccupants concernant des écoutes clandestines nous parvenaient régulièrement, mais nous ignorions leur ampleur. (Il s’est avéré) que les écoutes étaient quasi-totales, voire extrêmement étendues. »
En plus de ces écoutes, il a mis l’accent sur les violations israéliennes perpétrées depuis plus de 17 ans au Liban via leurs drones et leurs avions et qui ont permis de récolter une quantité énormes d’informations et de données concernant des variables géographiques. Sur ce point non plus, « le Hezbollah n’avait aucune information sur l’étendue des connaissances israéliennes », a-t-il reconnu.
Assurant qu’il n’existe aucune preuve d’une infiltration d’agents généralisée parmi les personnalités ou les dirigeants du Hezbollah, il a affirmé : « Une fois l’enquête terminée, je parlerai publiquement et en toute franchise du niveau d’infiltration humaine ».
Il a révélé que le Hezbollah a mis au point une commission d’enquête centrale et d’autres secondaires pour enquêter sur plusieurs dossiers : celui des bipeurs et des sans-fil et des moyens de communication interne, celui en lien avec le dévoilement du lieu de reunion du martyr sayed Nasrallah et de celui de sayed Hachem Safieddine.
Les sacrifices ont permis au Hezbollah de reprendre son élan
Sur l’après-guerre, cheikh Qassem a souligné que « le Hezbollah a pu rétablir son équilibre malgré les énormes sacrifices qui lui ont en même temps permis de reprendre son élan ».
« Un peuple pareil, une nation pareille, un parti pareil et une résistance pareille ne peuvent être vaincus … Vous attendez-vous à ce que nous ne soyons pas présents, forts et capables de réaliser l’avenir que nous souhaitons ? » Et de conseiller d’écouter les témoignages des personnes blessées et de la population.
« Un parti, qui a été affecté par l’explosion des bipeurs et des talki-walkie, dont les capacités qualitatives ont été ciblées, dont le secrétaire général, et puis son successeur sayed Hachem Safieddine ont été assassinés ainsi que la crème de ses hauts commandants, de leurs assistants, du personnel de première ligne et de certains membres des unités, était censé être anéanti, selon la théorie israélienne. Mais le parti s’est relevé livrant la « Bataille des Braves » (pendant la guerre de66 jours, ndlr) et poussé Israël à un accord de cessez-le-feu. Qu’est-ce que cela signifie ? »
Cheikh Naïm Qassem a souligné que « la ténacité légendaire » au front de la bataille pendant cette guerre repose sur deux piliers fondamentaux : « le premier revient aux jeunes résistants qui ont accompli un travail héroïque et légendaire sur le terrain, et le second a été fourni grâce au soutien extérieur ».
Selon lui, le parti a réussi à préserver l’harmonie interne au Liban et l’occupation israélienne a échoué dans ses tentatives d’attiser les conflits internes.
Cheikh Qassem a souligné que « nous sommes confrontés à une nouvelle phase, qui a ses propres données, outils, capacités et plans ».
Agressions israéliennes : nous ne pouvons patienter éternellement
Interrogé sur la poursuite des agressions israéliennes au sud, à l’est et dans la banlieue sud de Beyrouth, il a averti : « En pratique, nous ne pouvons pas patienter éternellement, et il y a des limites » tout en assurant ne pas être en mesure de déterminer les mécanismes ni le calendrier.
Selon lui, « les pressions exercées ne nous dissuaderont pas d’atteindre nos objectifs et que la confrontation surviendra une fois la décision prise. Il n’y a pas de troisième option entre la victoire et le martyre, nous n’avons pas de choix qui s’appelle la capitulation ».
« Nous sommes prêts maintenant. Nous reconstruisons et nous rétablissons simplement… Le Hezbollah ne peut rester impassible face à l’injustice. si Israël attaque, nous le combattrons… Nos ennemis comme nos amis doivent être conscients que le parti est une force de combat ».
Concernant la question de la destruction de 500 dépôts d’armes moyennes et lourdes, Cheikh Qassem a répondu : « Ils parlent de ce qu’ils ont vu au sud du Litani. Le pays est vaste, Dieu merci. »
Cheikh Qassem a expliqué que l’agression israélienne est mené en tractations avec les États-Unis, qui adoptent une politique qui consiste à « obtenir par les moyens politiques ce qu’ils n’ont pas pris par la guerre… et pour que les Américains puissent prendre par la politique, ils doivent exercer une pression par l’intermédiaire d’Israël. »
Evoquant les tractations qui avaient eu lieu avant l’escalade en septembre 2024, le secrétaire général du Hezbollah a révélé que Sayyed Hassan Nasrallah avait informé le président du Parlement Nabih Berri qu’il était partant pour une trêve de 21 jours, dans le cadre des efforts politiques visant à contenir l’escalade et que le président Berri en avait discuté avec le médiateur américain Amos Hochstein. Ces pourparlers ont eu lieu le 25 septembre, deux jours avant l’assassinat de sayed Nasrallah.
L’Iran a offert le maximum en son pouvoir
Interrogé sur le mécontentement que certains milieux libanais ont exprimé contre l’Iran jugeant sa riposte insuffisante après l’assassinat de sayed Nasrallah, Cheikh Naïm Qassem a souligné que la République islamique d’Iran avait fait tout ce qui était en son pouvoir, voire davantage, soulignant que de par sa participation, « l’Iran a fourni le maximum de son potentiel et cela a produit des bénéfices significatifs sur le terrain ».
Selon lui, il a été préférable pour l’Iran de « ne pas intervenir tant que cela n’était pas utile… mais de se contenter de son rôle de soutien financier, militaire, politique, médiatique et sous toutes ses formes, dont l’axe tout entier a besoin », décrivant ce rôle comme « la base de notre fermeté et de la fermeté de tous, ainsi que de nos contributions et de celles de tous ».
« Les dirigeants du Hezbollah apprécient la contribution iranienne et la jugent suffisante », ajoutant que l’Iran « continue d’apporter son soutien à ce jour. »
Sachant que cheikhg Qassem avait accordé cet entretien avant l’offensive israélienne contre la République islamique lancée le 13 juin dernier.
La chute de l’ancien régime syrien affecte la cause palestinienne
Concernant le changement de régime en Syrie, Cheikh Qassem a admis qu’il représente une perte pour l’ensemble de l’axe de la résistance, compte tenu de l’importance de ce pays comme voie de soutien militaire à la résistance. Il a surtout estimé que cette évolution aurait un impact direct sur Gaza et la cause palestinienne en général, « l’ancien pouvoir ayant été l’un des principaux soutiens de la résistance palestinienne ».
Il a insisté en outre que le Hezbollah n’a rien à voir avec l’orientation politique du nouveau régime depuis, exprimant le souhait que « les Syriens édifieront une nouveau pouvoir indépendant qui puisse représenter toutes les tendances et les forces et affronter Israël car il est leur ennemi comme l’ennemi de tous ».
« Jusqu’à présent nous ne pouvons percevoir l’avenir de la Syrie d’une manière claire après les assassinats qui ont eu lieu et les tueries contre les Alaouites et les autres par des groupuscules proches du régime. Ce qui constitue un grand danger »
Les démarches syriennes vers la normalisation sont très dangereuses
Et de poursuivre sur les démarches vers la normalisation qui se sont manifestées dernièrement les qualifiant de « très dangereuses » estimant que la Syrie ne devrait pas chercher la normalisation avec l’entité israélienne, tout en assurant avoir confiance en le peuple syrien pour refuser cette option.
« Nous sommes contre la normalisation, nous l’avons déjà dit lorsque certains Etats arabes l’ont fait. Nous ne croyons pas que de cette manière Israël les épargnera ».
Il a rappelé que « le nouveau régime n’a rien fait lorsqu’Israël a conquis 600 km2 dans la région de Quneitra et du Golan ; en même temps Israël ne lui a pas laissé de capacités militaires tandis que ses agressions et ses revendications ne connaissent pas de répit ».
Hezbollah n’a rien à voir avec la résistance en Syrie
A la question de savoir si le Hezbollah allait s’impliquer pour changer l’orientation du régime, cheikh Qassem a répondu par la négative. Il a en outre nié tout lien avec un groupe qui prône la résistance en Syrie, ni avec celui qui s’est baptisé « Les gens de bravoure » à l’instar de l’appellation qui avait été adoptée lors de la bataille de 66 jours entre le Hezbollah et L’entité sioniste….
Cheikh a indiqué que le Hezbollah a contacté l’armée libanaise lorsque des problèmes ont eu lieu dans la région du Hermel où d’aucuns ont accusé le Hezbollah d’y être trempé. « C’est une terre libanaise et des hommes armés ont tenté de pénétrer, nous n’avons aucun lien avec ce sujet et nous ne voulons pas combattre ces gens. L’armée est alors intervenue et a pris en charge cette affaire ».
Le numéro un du Hezbollah a aussi assuré que ce dernier n’a effectué aucun contact direct avec la nouvelle administration syrienne. « Il y a eu des tentatives limitées indirectes entre des forces sur le terrain mais elles n’ont pas porté de fruit pour savoir où elles peuvent parvenir ».
Certains protagonistes voudraient utiliser la Syrie contre le Liban
Evoquant les rapports qui font état que le nouveau régime pourrait être exploité contre le Hezbollah, il a dit que ce dernier « a le droit de d’agir avec prudence et responsabilité, d’autant que des rapports provenant de pays étrangers et arabes font état d’une volonté de certaines parties d’utiliser la Syrie pour torpiller la situation au Liban. »
« J’espère que ces rapports ne seront que des rêves ou des idées qui n’ont aucune réalité sur le terrain. Mais nous devons rester prudents et le Liban doit être sur ses gardes car certains pays qui lui parlent d’une manière positive mais ne lui donnent rien et qui en même temps nourrissent des espoirs pour utiliser la Syrie contre le Liban… Certaines forces pourraient vouloir ressusciter les expériences passées mais sous une nouvelle formule comme lorsque la Syrie contrôlait le Liban d’une certaine manière pour servir des agendas étrangers et syriens »
Des menaces contre la communauté chiite et le Liban
Interrogé sur la relation avec Nabih Berri, le chef du Parlement et du mouvement Amal, avec lequel le Hezbollah forme le duo chiite, il a dit : « il a fait tout ce qui nous lève la tête haute. Il veille à l’unité entre les chiites, à l’unité nationale et à l’unité islamique. Il insiste pour qu’Israël se retire du Liban et que toutes les tractations sont inutiles avant cela »
« Les positions prônées par certains ne sont pas contre le Hezbollah mais contre la communauté chiite et contre le Liban. Ceux qui croient que les positions américaines et arabes sont contre le Hezbollah ne lisent pas correctement la situation. Ce que réclame Israël en désarmant le Hezbollah en découvrant le Hezbollah de sa puissance conduit à la privation du Liban de sa puissance parce que la force du Liban réside dans celle de son armée encore émergente et dont les quelques capacités encore insuffisantes pour être puissant mais qui a une résistance qui est un soutien à l’armée ».
Il a souligné que « l’équation armée-peuple-résistance existe toujours et constitue la force du Liban aujourd’hui », notant que « le monde réfléchit à la manière de traiter le Liban, s’adresse à lui et discute avec lui, car il est fort. Si le Liban était faible, personne ne lui prêterait aucune attention. » Par conséquent, « la position du président Berri est nourrie par son point de vue selon lequel la résistance est en danger, les chiites sont en danger et le Liban est en danger. »
Au sujet du danger qui guette les chiites, cheikh Qassem a expliqué que « cette réalité est certes présente via ceux qui disent qu’ils peuvent aller vers les élections ou faire tout sans la participation de la communauté chiite ».
« Si le Liban est dépourvu de sa force, Israël s’étendra et avancera et les premiers qui en seront affectés sont les chiites, ce qui constitue un danger pour les chiites. Lorsqu’ils disent qu’ils veulent à la tête du conseil législatif un seul chiite qui n’appartienne ni au mouvement Amal ni au Hezbollah, ceci affecte les deux. Personne ne veut affecter les Hezbollah seulement mais le mouvement Amal avec, parce que nous formons une seule famille, une seule terre et traversons les mêmes épreuves »
Le Liban n’existera pas sans nous
A la question de savoir si les chiites traversent une menace existentielle il a répondu : « Les chiites du Liban sont menacés s’ils restent debout et si d’autres les traitent d’une manière qui incite à la discorde et tente d’exercer des pressions sur eux. »
Que d’aucuns n’aillent pas comprendre que nous vivons la crise d’une menace existentielle, ce qui est différent avec le fait de décrire qu’il y a une menace existentielle. » Il a averti : « Nous briserons le cou à quiconque envisagerait de nous brandir une menace existentielle. »
« Que personne ne pense que nous sommes faciles à mener. Ne jouez pas à ce jeu-là, car nous sommes unis et forts, d’abord et avant tout en nous fiant à Dieu. Nous savons que notre fermeté et notre persévérance, ainsi que ce que nous avons offert et donné jusqu’à présent, sont l’atout qui nous permettra de persévérer en tant que patriotes libanais, capables d’œuvrer pour les intérêts du Liban. »
Il a ajouté : « Le Liban n’existera pas sans nous. Avec nous, il sera meilleur. »
« Nous avons été, Amal et Hezbollah, les premiers à avoir sauvé l’élection présidentielle lorsque l’objectif était de construire un nouveau Liban sans quoi nous ne savons pas quel aurait été le résultat si nous n’avions pas accepté … Nous avons accepté parce que nous voulons construire l’État et nous sommes partenaires dans sa construction… Cependant, certains pensent que nous ne devrions pas être impliqués dans cette affaire, ils craignent notre force et ne veulent pas de nous. Nous sommes rationnels, nous travaillons dur, nous donnons à tous et nous prenons de notre part uniquement pour le bien de l’establishment libanais.»
Et de conclure sur cette question : « Afin que personne ne puisse nous tromper, (sachez que) nous considérons l’éthique, l’honneur, la dignité et la fierté comme notre objectif ultime. Nous ne pensons pas à obtenir un emploi ici, à un peu d’argent là-bas ou à un poste à l’étranger. Au contraire, nous privilégions la dignité humaine, la foi humaine, la moralité humaine et l’humanité par-dessus tout ».
Relations avec les partis libanais : aucune réconciliation avec les FL
Interrogé sur la relation avec les partis libanais à commencer par celui de Forces libanaises, cheikh Qassem a souligné : « ce parti n’a d’autre préoccupation que pour nous, ses idées concordent parfaitement avec les titres établis par Israël, il n’a laissé aucune place à la réconciliation ».
En revanche avec le parti des Kataeb, il a assuré que le Hezbollah n’a aucun problème à dialoguer avec lui révélant que « de multiples rencontres avaient eu lieu avec lui, loin des médias mais d’une manière intermittente ».
Avec le Courant du Futur, cheikh Qassem a assuré que « des contacts ont lieu mais les rencontres sont espacées » soulignant qu’il n’existe pas de problèmes avec des personnalités de ce courant.
Selon lui, ce dernier « n’a pas encore été en mesure d’établir une présence politique qui serait efficace, alors que lorsque le Premier ministre Saad Hariri était dans le pays, les réunions, la coordination et les communications étaient nombreuses, et nous le nommions toujours comme Premier ministre parce que nous considérions cette relation comme essentielle. »
Bientôt, une action politique large et globale à l’adresse de tous les partis
À cet égard, Cheikh Qassem a exprimé sa conviction que la scène libanaise « connaîtra, d’ici un mois environ, une action politique large et global au sein du parti, impliquant tous les partis. Par conséquent, des efforts sont en cours pour coordonner, organiser et répartir les rôles et les tâches. »
Il a fait état de la création d’un groupe de comités chargés d’étudier les stratégies de travail pour la prochaine phase, expliquant que « nous devons tirer profit des aspects négatifs et positifs de la nouvelle phase, en tirer les leçons et faire le point, afin d’identifier les points qui nécessitent des ajustements, tant en termes de méthodes que de méthodes de travail, car les constantes sont les constantes. »
Il a également expliqué que les stratégies du parti « pourraient prendre deux mois à être finalisées, après quoi elles seront reflétées dans les domaines éducatif, médiatique, culturel, politique et autres ».
Pour une relation d’égal à égal avec les pays arabes
Cheikh Qassem a souligné que « les pays arabes, en particulier les États du Golfe, sont désormais très intéressés par une présence au Liban », ajoutant que le Hezbollah « a salué ces initiatives », soulignant : « Nous faisons partie du gouvernement et n’avons aucun problème avec des relations arabes fondées sur l’égalité. Cela signifie que le Liban ne doit pas être transformé en un satellite. »
Il a ajouté : « Ils sont les bienvenus pour reconstruire le Liban, dialoguer avec le Liban, profiter du Liban, défendre leurs propres intérêts et servir les intérêts du Liban. » Il a souligné qu’« il n’y a aucun problème avec les pays arabes, la Turquie ou qui que ce soit d’autre », révélant l’existence de contacts avec Ankara et plusieurs pays arabes à cet égard.
Les armes du Hezbollah, facteur de puissance pour le Liban
Sur la question du désarmement de la résistance, Cheikh Qassem a en revanche déclaré : « Concernant les armes, nous souhaitons engager un dialogue sur la sécurité nationale et la stratégie défensive ». Révélant que les États-Unis et certains pays arabes exercent des pressions sur le président libanais Joseph Aoun pour qu’il engage l’armée contre la résistance » mais ce dernier « sait qu’il s’agit d’un projet de sédition. »
« Nous sommes partenaires dans la construction de l’État, quoique certains s’efforcent de nous en empêcher. Notre existence n’est pas menacée tant que nous sommes à la hauteur. »
Cheikh Qassem a souligné que « le Hezbollah engagera un dialogue exhaustif et complet avec tous les protagonistes sur le plan politique ».
« Le Hezbollah est une entité établie et résistante, la plus importante du Liban. Ses armes ne sont pas le facteur de sa survie, mais ils le sont pour la force du Liban. » Il a ajouté : « Nous faisons partie du gouvernement et nous n’avons aucun problème à entretenir des relations d’égalité avec les États arabes et du Golfe. »
Et de rappeler que « c’est le Hezbollah qui a expulsé Israël du Liban, et le pays a connu un regain économique depuis l’agression de juillet (guerre 2006, ndlr) grâce à la dissuasion » qu’il avait imposée à l’entité sioniste.
« Je vous assure qu’au sein du Hezbollah, nous sommes unis, même si nos opinions divergent sur certaines questions. Mais nous formons un seul parti et une seule direction. »
Finul : nous soutenons sa mission mais à condition
Cheikh Qassem a en outre assuré que le Hezbollah soutien le maintien de la présence de la Force intérimaire des Nations unies pour le Liban (Finul) au Sud-Liban « à condition qu’elle adhère aux exigences de sa mission et qu’elle ne soit pas autorisée à pénétrer dans les propriétés privées et les villages. »
Dans un autre contexte, Cheikh Qassem a déclaré : « Nous soutenons l’unité nationale, ce qui signifie que nous devons construire le Liban et ses institutions, respecter sa constitution et mettre en œuvre l’accord de Taëf. »
Il a ajouté : « Ma priorité est de préserver la ligne et les principes établis par le martyr Sayyed Hassan Nasrallah, car ils constituent le fondement et la clé de voûte de l’existence du Hezbollah. »
« Nous sommes attachés à nos valeurs, notamment notre foi en la libération de la Palestine. Nous soutenons l’unité islamique et nous rejetons les conflits entre sunnites et chiites. »
Sayed Nasrallah : son martyre nous a tous surpris
A la fin de l’interview cheikh Qassem a parlé longuement de Sayyed Hassan Nasrallah.
« Le martyre du Maître des Martyrs de la oumma, Sayyed Hassan Nasrallah, n’a pas seulement été surprenant pour les gens, il l’a été pour nous aussi. Je pensais que nous allions tous mourir avant lui, en raison de son âge, de sa force et son courage, du soutien divin dont il disposait. C’était un ensemble de facteurs qui émanaient peut-être de nos souhaits car nous ne savons pas quand sonne l’heure de la mort. Nous ne prévoyions nullement que son éminence sayed allait s’élever en martyr en ce moment. Mais en même temps, c’est son droit de se reposer. C’est son droit de transcender vers le lieu suprême. Le martyre pour nous est la décoration les plus suprême. Il a remporté la décoration la plus suprême. C’est ainsi que nous voyons les choses. Mais c’est nous qui l’avons perdu. C’est une grosse perte pour nous… »
« Nous ne pleurons pas parce qu’il s’en est allé. Il s’est enfin reposé. Il est désormais dans le lieu suprême. Il a tracé la voie et cette voie perdure. Nous pleurons parce que nous nous demandons comment allons-nous remédier à ses capacités, à ses positions, à son ton, à sa générosité, à son élan… Mais il faut se résigner que c’est la loi de l’existence. Nous sommes croyants, nous craignons Dieu, nous l’adorons et nous savons que le trépas est une vérité, nous savons qu’il en est ainsi avec le martyre ».
Et de poursuivre en se souvenant du moment où le bombardement israélien lui a couté la vie, le 27 septembre : « Moi, personnellement, j’étais dans le déni. Je m’étais demandé s’il s’était réellement élevé en martyr, peut-être que la nouvelle n’était pas vraie, qu’en fouillant ils le trouveraient dans une pièce épargnée par le bombardement. Jusqu’au lendemain lorsque les frères ont confirmé avoir sorti sa dépouille ».
Chez nous, le martyre n’obstrue jamais la voie
Et de poursuivre : « À vrai dire, le plus difficile pour nous est de savoir comment allons-nous poursuivre le chemin après lui. Parce que chez nous, le martyre n’obstrue jamais la voie. Chez nous, le martyre pave la voie. Que devrions-nous faire pour être à la hauteur afin que ce martyre nous ravitaille pour réaliser les actes justes ».
Et cheikh Qassem de conclure : « Son Éminence, le Maître des Martyrs de la Nation, a été un leader sans égal dans le monde, voire dans l’Histoire. Il a mis en place l’un des projets les plus dangereux et les plus difficiles… Je dis à Son Éminence, tu as transcendé (en martyr) et tu as obtenu ce que tu voulais. Quant à nous, nous avons lancé le slogan ‘Nous tiendrons notre promesse’. Nous poursuivrons le chemin. »
Source: Al-Manar