L’Ukraine a affirmé que la Russie avait lancé dans la nuit de mercredi et de jeudi ses plus grandes attaques de drones et missiles depuis le début de la guerre en février 2022, dans un contexte d’intensification de la guerre et d’impasse diplomatique. Alors que la Russie progresse sur le terrain.
En 14 heures, plus de 1100 drones et de 30 missiles russes auraient été lancés, selon les déclarations du président ukrainien qui réclame de l’Occident davantage d’armements et des sanctions contre la Russie et contre la Chine, accusée de fournir à Moscou des pièces essentielles au programme russe de missiles et drones.
Ce jeudi, La Russie a tiré contre l’Ukraine 400 drones et 18 missiles lors de cette nouvelle salve, a déclaré Volodymyr Zelensky, avant une réunion entre le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio et son homologue russe Sergueï Lavrov.
La nuit précédente, entre mardi et mercredi, la Russie avait lancé sa plus grande attaque aérienne depuis le début de l’invasion en février 2022, avec 728 drones et 13 missiles, selon l’armée de l’air ukrainienne qui a assuré en avoir intercepté ou détruit respectivement 711 et 7.
Les frappes nocturnes ont fait un mort dans la région de Khmelnytsky (ouest), et huit blessés dans celles de Kiev, Soumy (nord-est), Zaporijjia (sud) et à Kherson (sud), selon les autorités locales.
86 drones ukrainiens abattus
Côté russe, le ministère russe de la Défense a annoncé jeudi que ses forces avaient lancé hier soir une frappe massive utilisant des armes à longue portée et de haute précision et des drones contre des sites du complexe militaro-industriel de Kiev et des infrastructures aéroportuaires militaire.
Il a dit avoir abattu 86 drones ukrainiens sur son territoire.
Une attaque de drones ukrainienne a fait quatre morts, dont un enfant de cinq ans, et six blessés sur une plage de Koursk, selon le gouverneur de cette région frontalière de l’Ukraine.
La semaine dernière, la Russie avait déjà tiré un nombre de record de drones en une attaque sur l’Ukraine, avec 539 engins selon Kiev, un chiffre donc dépassé lors de cette nouvelle salve.
Ce jeudi, la mission permanente de la Russie auprès de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé que Moscou avait surveillé l’utilisation par Kiev d’armes chimiques toxiques, indiquant l’existence d’un système de production de masse en Ukraine.
Progression russe terrestre
Sur le front, l’armée russe, supérieure en nombre et en armements, progresse toujours.
Après des mois d’intenses combats à l’entrée de la région de Dnipropetrovsk, dans le centre-est de l’Ukraine, elle a revendiqué lundi avoir pris une localité dans cette zone industrielle.
Les troupes russes qui occupent toujours près de 20% du territoire ukrainien, se sont emparées de la localité de Datchné, juste à l’intérieur de ses frontières administratives.
C’est la première fois en plus de trois ans de guerre que la Russie assure s’être installée dans cette zone, augmentant ainsi la pression sur les défenses ukrainiennes, déjà mises à mal depuis plusieurs mois.
Poutine dit « beaucoup de conneries »
Les nouvelles salves russes contre l’Ukraine interviennent après que le président américain Donald Trump a annoncé lundi vouloir envoyer « plus d’armes » à Kiev, principalement « défensives », et accusé le lendemain Vladimir Poutine de dire « beaucoup de conneries » sur l’Ukraine.
Mardi, le Kremlin avait fait part de son mécontentement à la suite des promesses d’armement de Donald Trump, intervenues à peine une semaine après une décision inverse de son administration, assurant que toute livraison de ce type favorisait « la poursuite des hostilités ».
« Nous prenons cela avec calme » et « comptons poursuivre notre dialogue avec Washington », a répondu mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, relevant « le style dur, en général » de Donald Trump dans sa rhétorique.
Poutine s’attendait à ce que la patience de Trump s’épuise
Deux personnes proches du Kremlin ont confié pour le New York Times que le président russe était « préparé à ce que la patience de son homologue américain s’épuise » et « réalisait que ce dernier pourrait éventuellement imposer de nouvelles sanctions ».
Selon le quotidien américain, Vladimir Poutine n’était « pas découragé par les propos » de son homologue américain, Donald Trump. Il estime que la supériorité de la Russie sur le champ de bataille face à l’Ukraine « s’accroissait » et les défenses de cette dernière « pourraient s’effondrer dans les prochains mois ».
Dans le même contexte, le journal citait Tatiana Stanovaya, chercheuse principale au Carnegie Russia and Eurasia Center, confirmant que Poutine « ne sacrifiera pas ses objectifs en Ukraine au nom de l’amélioration des relations avec Trump ».
Selon Stanaovaya, Poutine « accorde une grande importance à sa relation personnelle avec Trump et y investit, mais qu’il ne se faisait aucune illusion quant à l’évolution de la politique américaine envers la Russie ». Elle a également affirmé que les dirigeants russes « se sont toujours préparés au pire ».
Loin d’un accord
L’Ukraine réclame depuis de nombreux mois à ses alliés occidentaux, y compris aux Etats-Unis, plus de systèmes de défense antiaérienne, dans une guerre qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts au moins, civils et militaires confondus, des deux côtés.
Car malgré la pression exercée par Donald Trump, Moscou et Kiev demeurent très loin d’un accord, que ce soit sur une trêve ou un règlement à plus long terme.
Aucune nouvelle étape de discussions entre Russes et Ukrainiens n’a pour le moment été annoncé, après deux réunions peu fructueuses en Turquie mi-mai puis début juin.
Fabrication d’armes en Ukraine
Après s’être entretenu dans la soirée avec Keith Kellogg, M. Zelensky a souligné avoir évoqué « la fourniture d’armes et le renforcement de la défense aérienne » ukrainienne.
Nous avons également abordé l’achat d’armes américaines, la fabrication conjointe d’équipements de défense et les efforts de localisation (de leur production) en Ukraine », a-t-il indiqué sur Telegram.
Il a une nouvelle fois appelé à « des sanctions sévères » contre Moscou et son économie, notamment le secteur pétrolier, « qui alimente la machine de guerre de Moscou depuis plus de trois ans ».
Deux chinois arrêtés
Kiev accuse notamment Pékin depuis de nombreux mois de fournir à Moscou des pièces essentielles au programme russe de missiles et drones, et aimerait voir les Occidentaux sanctionner la Chine.
Mercredi, les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont annoncé l’arrestation de deux ressortissants chinois, un père et son fils, soupçonnés d’espionnage sur les missiles de croisière anti-navire ukrainiens Neptune.
Source: Divers