Les Libanais expulsés injustement ces dernières années des Emirats Arabes Unis se sont résignés à leur triste sort et s’efforcent de mener une vie normale au Liban, où le taux de chômage varie entre 30 et 40% selon de récentes études.
Malgré cette injustice non justifiée, les autorités de ce pays du Golfe ne cessent de recourir à des mesures non moins hostiles. La dernière en date est le verdict rendu fin octobre par la cour suprême fédérale émiratie contre les soi-disant « membre de la cellule du Hezbollah » !
Il s’agit de trois Libanais : Hani Abdallah (Sud Liban), Ahmad Makkaoui (Tripoli), et un inconnu, présenté comme étant le coordinateur général du Hezbollah aux Emirats.
Parmi les membres présumés de ladite cellule, figurent deux Emiratis, un Irakien, une Canadienne d’origine égyptienne.
A la base d’allégations futiles sans preuves, ils ont été condamnés de dix ans à la perpétuité !
Deux Libanais inculpés
Pendant deux ans, le sort d’Abdallah Abdallah — dont le père a vécu trente ans aux Emirats– qui était emprisonné est resté longtemps inconnu . Il a été soupçonné depuis trois ans d’être « le coordinateur d’une cellule terroriste au profit du Hezbollah libanais ». Sa famille s’est vue interdite de lui rendre visite durant toute la période de sa détention, jusqu’à ce qu’il ait été finalement déféré au parquet général.
Son compatriote, le tripolitain Ahmad Makkaoui a été condamné il y a deux semaines à 15 ans de prison. Celui-ci a été arrêté à la base de « l’aveu d’Abdallah ». Il a été jeté dans les prisons émiraties pendant 13 mois, sans que sa famille n’en soit tenue au courant.
Après avoir été traduit devant le parquet général, sa sœur et sa femme ont été autorisées à le rencontrer. Elles rapportent avoir vu deux cicatrices profondes dans sa tête, signe de la torture qu’il a subie, d’après les propos de son représentant légal l’avocat Mohammad Sablouh. Au cours de cette visite, le jeune libanais a juré mille fois qu’il était complètement innocent.
Manque de preuves
Sablouh a affirmé au journal libanais al-Akhbar que « les accusés ont été condamnés à la base de dossiers vides. Aucune preuve réelle ne démontre la véracité de ces accusations. Les accusés ont été condamnés entre dix ans et à perpétuité ».
D’après l’avocat Sablouh, « le principal accusé dans cette affaire, Abdallah Abdallah s’est excusé à Makkaoui lors de leur première rencontre, pour avoir mentionné son nom dans les aveux. Ils m’ont fait subir beaucoup de tortures », rapporte-t-il.
Sachant que Makkaoui est accusé d’avoir « dirigé la cellule d’Abou Dhabi, qui appartient au coordinateur général Abdallah Abdallah. Sa mission fut d’enrôler des membres du corps sécuritaire et militaire », selon l’acte d’accusation!
Des informations à la disposition de tous !
Les avocats ont avancé que « les informations sensibles » que leurs clients sont accusés de divulguer à « une organisation ennemie » sont publiées dans les médias et sont à la disposition de tout le monde. Mais ceci n’a rien changé aux faits.
Parmi ces informations qualifiées de « sensibles », figurent des photos des ambassadeurs et d’officiels, des informations sur des transactions, le nombre des effectifs de l’armée…
Aucune preuve ni outil servant à la récolte de ces informations n’ont été saisis.
Contradictions et manque de logique
Même la caméra de l’accusé principal et dont les enquêteurs se sont servis pour prétendre qu’il filmait « ses victimes », n’est plus disponible.
Chose surprenante : ces enquêteurs ont prétendu l’avoir remise au Hezbollah via l’aéroport de Beyrouth pour détruire toutes les preuves !
Autre fait remarquable : la plupart des éléments du groupe sont sunnites, à l’exception de deux seulement.
Et alors que le soi-disant « coordinateur général du Hezbollah aux Emirats » est accusé de coordination entre les différentes cellules du Hezbollah sur les territoires émiratis, le service sécuritaire émirati n’a fourni aucune information ni détenu de ces cellules.
Par ailleurs, un « témoin » a prétendu que Makkaoui a nagé sept heures dans l’eau dans le but de filmer une base militaire maritime. Mais il s’est avéré que l’accusé ne sait même pas nager !
Une version chimérique
L’histoire d’Abdallah et d’Ahmad ne diffère pas de celle des autres « membres de la cellule ». La version sécuritaire émiratie allègue que le principal accusé émirati, un certain H.H., qui présidait une compagnie aérienne à Abou Dhabi, était « enrôlé par le député libanais du Hezbollah Hussein Hajj Hassan, ce dernier lui ayant fourni une somme de deux millions de dollars et des cadeaux très chers lors de sa visite au Liban en 2005. En contrepartie, l’Emirati en question a livré au Hezbollah des renseignements sur un département gouvernemental ».
Par ailleurs, on accuse ce dernier d’être entré maintes fois au Liban et d’avoir remis au Hezbollah les noms d’officiers dans le service sécuritaire émirati. On prétend aussi que le Hezbollah l’a chargé de récolter des informations sur l’arme de l’air émiratie.
De plus, la version sécuritaire émiratie avance que « le Hezbollah recueillait des renseignements sur des officiers et des informations économiques liées à la production du pétrole ainsi que des cartes montrant les champs pétroliers et gaziers ». Sachant que toutes ces informations sont disponibles sur les réseaux d’internet, dont les champs pétroliers.
Deux témoins présumés, qui ne sont autre que les deux officiers qui ont interrogé les détenus, ont prétendu que « les membres de la cellule invitaient leurs victimes à des rencontres impudiques pour les filmer et les faire chanter ensuite, afin de les sommer à travailler au profit du Hezbollah et des renseignements iraniens » !
Ceux-ci accusent le Hezbollah de projeter des attaques contre des sites vitaux aux Emirats.
Toujours selon al-Akhbar, des amis des détenus ont été interdits de voyage pendant un an avant d’être expulsés.
Actuellement, les familles des détenus comptent sur des appels de recours permettant de reprendre les procès.
Traduit par notre site du journal al-Akhbar
Source: traduit du site al-Akhbar