Le roi Abdallah II a mis en garde contre un saut « dans l’inconnu », en cas de poursuite de la « crise », après une semaine de manifestations contre la vie chère qui a coûté son poste au Premier ministre.
Encadrées par une importante présence policière, environ 2.000 personnes se sont de nouveau rassemblées dans la nuit de lundi à mardi près du bureau du Premier ministre, dans le centre d’Amman, malgré la démission quelques heures plus tôt de Hani al-Mulqi.
Ils ont scandé des slogans contre le gouvernement, et contre le Fonds monétaire international (FMI). Certains manifestants étaient venus avec leurs enfants et d’autres avaient apporté des pâtisseries pour les offrir aux forces de sécurité, ont constaté des journalistes de l’AFP.
« La Jordanie est aujourd’hui à la croisée des chemins: soit elle parvient à sortir de la crise et à offrir une vie digne à ses citoyens, soit, Dieu nous en préserve, elle va vers l’inconnu », a pour sa part déclaré le roi Abdallah II, selon des propos relayés par l’agence officielle Petra.
S’exprimant tard lundi devant des journalistes, le souverain a assuré que les problèmes économiques de son pays, frontalier notamment de la Syrie, de l’Irak, d’Israël et de la Cisjordanie occupée, étaient imputables à l’instabilité régionale, à l’accueil de centaines de milliers de réfugiés syriens et au manque de soutien international.
Des milliers de Jordaniens manifestent depuis une semaine contre les mesures d’austérité gouvernementales, notamment un projet de loi qui alourdit la fiscalité des ménages et des entreprises.
Ces rassemblements, les plus importants depuis fin 2011 dans ce pays, ont lieu la nuit après la rupture du jeûne du ramadan, le mois sacré des musulmans.
Depuis janvier, le royaume a vécu plusieurs hausses de prix sur des produits de base comme le pain. Le coût des carburants a augmenté à cinq reprises et les factures d’électricité ont enflé de 55%.
La Jordanie, pays qui ne dispose pas de ressources naturelles, a obtenu en 2016 un prêt de 723 millions de dollars sur trois ans du FMI, en échange d’un engagement à mener des réformes structurelles et à réduire ses déficits.
Allié des Etats-Unis, Amman est globalement resté à l’écart du tumulte qui a secoué d’autres pays de la région depuis les Printemps arabes en 2011, même si des manifestations avaient déjà eu lieu l’an dernier après une réduction des subventions sur les carburants.
Source: AFP