La Grande Bretagne s’adonne à un rôle suspect au Liban où, dans les apparences, elle se targue de vouloir aider l’armée libanaise à contrôler les frontières avec la Syrie contre la contrebande.
Selon le quotidien libanais al-Akhbar, depuis 2012 et jusqu’en 2014, elle a fourni à l’armée libanaise 3 sentinelles destinées à surveiller cette frontière et l’a aidée à en construire une douzaine d’autres. Leur nombre exact aujourd’hui est gardé en secret par les responsables libanais concernés.
Efficacité mise à mal
Dès le début, leur efficacité a été mise à mal. Elles étaient déjà installées à hauteur de la région de Aarsale, lors de l’assaut conjoint lancé par Daech et le front al-Nosra contre la position de l’armée libanaise en août 2014 au cours duquel une trentaine d’entre eux avaient été enlevés par ces deux émanations d’Al-Qaïda.
Il en est de même durant la même époque à peu près pour les infiltrations vers la localité de Qaa par des groupes de kamikazes terroristes : ces sentinelles ne les ont pas empêchées. Contrairement aux allégations véhiculées par le quotidien britannique The Telegraph qui a publié en octobre 2014 que « les tours britanniques ont protégé les deux villes de Ras Baalbek et du Qaa des jihadistes ».
Capteurs et caméras
La participation des Britanniques à la confection de ces sentinelles est d’autant plus douteuse qu’elles sont équipées de capteurs électroniques pour les individus et pour les véhicules et de caméras de surveillance de jour comme de nuit, connectées entre elles, et dont les images sont communiquées vers les salles d’opération du commandement de l’armée libanaise.
La supervision des Britanniques et par conséquent des Américains sur ce projet fait craindre qu’ils ne parviennent à dérober les images et les informations recueillies par ces tours. Surtout que certaines d’entre elles supervisent le Hermel libanais et les régions syriennes situées à ses confins, dont la totalité de la région syrienne de Qousseir, dans la province de Homs. Une autre tour surplombe toute la région du poste frontalier avec la Syrie de Joussie.
Il se peut aussi que ces sentinelles soient truffées de puces d’écoute destinées à espionner les appels téléphoniques et les autres contacts entre la Syrie et le Liban.
Un indice qui reflète l’ampleur des risques à courir en raison de cette situation : durant la bataille que le Hezbollah a livrée le mois d’août dernier au front al-Nosra pour le déloger des jourouds de Aarsale, un drone américain de type Scan Eagle de l’armée libanaise avait été rendu inopérant par les Américains parce qu’il a participé aux bombardements contre les terroristes qui fuyaient la bataille.
Agenda différente
Depuis quelques jours, après avoir rendu visite au commandant de l’armée libanaise le général Joseph Aoun, l’ambassadeur britannique au Liban Hugo Shorter dit que « le royaume uni aide dans la formation de 11 mille soldats libanais et l’édification de plus de 20 bases d’opération avancées et de 30 postes de surveillance des frontières ».
Alors que des sources occidentales arguent que « l’objectif du soutien aux bataillons des frontières est d’interdire le trafic illégal transfrontalier, et de préserver la stabilité du Liban », le camp du 8-mars est bien conscient de réels objectifs de ces manœuvres occidentales au pays des cèdres.
Des sources haut-placées proches du camp du 8-mars assurent que « l’agenda des Britanniques et des Américains est différent de celui de l’armée libanaise ».
Surveiller la Résistance
L’armée fait son devoir de protéger les frontières, alors que les occidentaux veulent consacrer la séparation géographique et politique entre le Liban et la Syrie, estiment ces sources.
Et d’ajouter : « le but étant de séparer le parcours politique et militaire entre la Syrie et le Liban en localisant et en assiégeant les voies d’approvisionnement de la Résistance. Il consiste aussi à vouloir transformer l’armée libanaise en une armée de forces spéciales qui ont pour seule mission de combattre le terrorisme, à l’instar de l’armée jordanienne et des forces des Peshmergas au Kurdistan ».
Toujours selon cette source du 8-mars, le fait de vouloir s’accaparer l’armement des troupes libanaises vise à contourner l’armée libanaise de son devoir de combattre Israël. Le commandement de l’armée en est bien conscient, raison pour laquelle le général Joseph Aoun réitère à chaque occasion que la doctrine de l’armée libanaise réside dans son animosité à l’encontre d’Israël ».
Crise de confiance
Le journal al-Akhbar constate que lorsque des personnalités occidentales concernées par le dossier de l’armée libanaise sont interrogées sur les raisons pour lesquelles l’armement qui lui est fourni ne lui permet pas de combattre Israël, les réponses fournies sont toujours vagues et évasives. « Dans les milieux occidentaux on évoque la possibilité de fournir à l’armée libanaise des armes pour dissuader Israël, depuis que l’armée a acquis une confiance en soi après la bataille des jourouds », a répondu récemment l’une de ces personnalités.
Une manigance sournoise qui consiste à imputer à la présumée défaillance de l’armée libanaise une politique constante des Occidentaux destinée à garder en infériorité militaire les pays hostiles à l’entité sioniste.
« On ne peut avoir confiance dans les déclarations des pays occidentaux sur leur volonté d’armer l’armée libanaise pour faire face à Israël. Leur objectif consiste à creuser le fossé entre la Résistance et l’armée, en disant aux Libanais qu’ils n’ont pas besoin de l’armement de la Résistance et que l’armée est désormais puissante », a répliqué la source du 8-mars.
« Dans l’attente que l’armée puisse réellement affronter Israël, la seule solution qui reste réside dans la stratégie de défense basée sur l’équation Armée, Peuple et Résistance », a conclu la source du 8-mars.