L’armée d’occupation israélienne a revendiqué mardi l’attaque ayant tué la veille un journaliste d’Al Jazeera dans le nord de la bande de Gaza, affirmant qu’il était un « tireur d’élite » du mouvement palestinien Hamas.
L’armée et le Shin Bet (Sécurité intérieure) « ont éliminé un terroriste [du] Hamas […] qui était également employé comme journaliste pour Al Jazeera », indiquent l’armée et le Shin Bet dans un communiqué commun.
Selon le texte, Hossam Shabat, était « un tireur d’élite terroriste du bataillon du Hamas pour Beit Hanoun » (ville du nord de la bande de Gaza).
D’après le Comité de protection des journalistes (CPJ), Israël avait déjà accusé Hossam Shabat d’être membre du Hamas, ce qu’il avait fermement démenti.
Selon Reporters sans frontières (RSF) qui a indiqué avoir « prévenu que le reporter d’Al Jazeera et ses confrères couraient un risque élevé d’assassinat », les accusations israéliennes sont infondées.
« Outre le fait qu’elles s’appuient sur des documents qui ne constituent aucunement une preuve d’affiliation, les accusations portées par l’armée israélienne contre Hossam Shabat (…) ne peuvent en aucun cas justifier ce meurtre », a ajouté RSF dans un communiqué.
Hossam Shabat travaillait pour Al Jazeera Mubasher, le service arabophone de diffusion en direct, selon la chaîne qatarie. La Défense civile de Gaza avait indiqué que sa voiture avait été visée par un drone à Beit Lahia (nord).
Selon des images de l’AFPTV, la voiture, qui portait l’estampille TV et le logo de la chaîne, a été touchée à l’arrière et le corps du journaliste a été retrouvé allongé sur le sol à proximité.
Racontez nos histoires
Avant son martyre, il avait écrit un dernier message qu’il a demandé de rendre public après sa mort.
(( Si vous lisez ceci, cela signifie que j’ai été tué – très probablement ciblé – par les forces d’occupation israéliennes. Quand tout cela a commencé, j’avais seulement 21 ans, j’étais un étudiant avec des rêves comme tout le monde.
Au cours des dix-huit derniers mois, j’ai consacré chaque instant de ma vie à mon peuple. J’ai documenté les horreurs dans le nord de Gaza minute par minute, déterminé à montrer au monde la vérité qu’ils ont essayé d’enterrer. J’ai dormi sur les trottoirs, dans les écoles, dans des tentes, partout où je le pouvais. Chaque jour était un combat pour la survie. J’ai enduré la faim pendant des mois, mais je n’ai jamais quitté mon peuple.
Je vous le demande maintenant : n’arrêtez pas de parler de Gaza. Ne laissez pas le monde détourner les yeux d’elle. « Continuez à vous battre, continuez à raconter nos histoires jusqu’à ce que la Palestine soit libre. »))
De son côté, le Syndicat des journalistes palestiniens a dénoncé « un nouveau massacre contre les journalistes ». Le 15 mars, quatre journalistes ont été tués dans une frappe israélienne à Beit Lahia où ils travaillaient ce jour-là pour une organisation caritative. Plus de 206 journalistes et employés de médias ont été tués depuis le début de la guerre à Gaza qui a fait plus de 50 mille martyrs.
Avec la reprise des offensives militaires le 18 mars, au moins 792 Palestiniens ont été tués dans le territoire assiégé et dévasté, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, qui a dénombré 62 morts dans les dernières 24 heures.