Le chef de la diplomatie iranienne a rejeté les demandes d’inspection des sites nucléaires iraniens bombardés par les Etats-Unis émises par le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi.
« L’insistance de @rafaelgrossi à visiter les sites bombardés (…) n’a pas de sens et peut même cacher des intentions malveillantes », a écrit sur X Abbas Araghchi, reprochant au chef de l’AIEA de ne pas avoir condamné les frappes israéliennes et américaines contre les installations nucléaires.
L’Iran reproche aussi a Grossi d’avoir publié un rapport qui a fait planer le doute sur la nature du programme nucléaire, et ce quelques heures avant le déclenchement de l’offensive israélienne sur l’Iran le 13 juin. Pendant la guerre, il assuré ne détenir aucune preuve de sa militarisation.
Téhéran, qui revendique son « droit légitime » à développer un programme nucléaire civil, dément vouloir se doter de l’arme atomique. Il avait accepté des discussions avec Washington sur un accord encadrant son programme nucléaire en échange de la levée des sanctions frappant son économie.
En 2015, il avait conclu un accord avec les 5+1 du Conseil de sécurité de l’Onu, baissant à 3,67% son taux d’enrichissement de l’uranium. Mais Donald Trump a retiré son pays de cet accord en 2018 et réimposé des sanctions à l’Iran. A son tour, le groupe E3 européen regroupant les trois pays partenaires dans l’accord, à savoir la France, le Royaume uni et l’Allemagne, quoiqu’affichant leur désapprobation de la décision américaine, se sont abstenus de respecter leurs engagements dictés dans le cadre du fonds commun de créances Instex qu’ils ont créé afin de favoriser les échanges commerciaux avec l’Iran sans utiliser le dollar américain. Une seule transaction ayant été réalisé. L’Iran a riposté en 2021 et repris l’enrichissement de l’uranium à un taux qui a atteint les 60%. Tout en autorisant à l’AIEA ses inspections.
« Nous n’autoriserons plus Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, à entrer en Iran ni à installer des caméras dans les installations nucléaires iraniennes », a déclaré le vice-président du Parlement iranien, Hamid Reza Hajibabaei.
Après les frappes américaines sur les trois sites Fordo, Natanz et Ispahan, le Parlement iranien a voté à l’unanimité en faveur d’une suspension de la coopération avec l’AIEA.
« Nous avons vu des informations sur nos installations dans des documents publiés par l’ennemi israélien, et c’est absolument inacceptable. Lorsque ces informations tombent entre les mains de l’ennemi, poursuivre sur cette voie n’a plus de sens », a-t-il expliqué.
En Grande-Bretagne, l’ambassadeur d’Iran Ali Mousavi, a eu une altercation avec des députés britanniques : « Attention à ce que vous dites. L’Iran n’est pas un régime, mais un État légitime. Si nos intérêts vitaux sont menacés, alors nous retirer du Traité de non-prolifération nucléaire, conformément à l’article 10, est notre droit légitime. »
Les accusations israéliennes de nouveau
Israël a repris de nouveau sa rhétorique sur l’intention de l’Iran de se doter l’arme atomique, après avoir assuré avoir anéanti le programme nucléaire iranien.
« La communauté internationale a désormais l’obligation d’empêcher, par tous les moyens appropriés, le régime le plus extrême du monde d’obtenir l’arme la plus dangereuse », a affirmé vendredi sur X le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.
« Le régime iranien reste le même. Il continue de tromper la communauté internationale et œuvre activement à empêcher une supervision efficace de son programme nucléaire », écrit M. Saar, dont le pays ne cessait pendant des années de critiquer la supervision du programme nucléaire iranien par l’AIEA. Sachant qu’Israël est la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient et dispose incontestablement d’un arsenal nucléaire.
« Nous avons obtenu une victoire historique », avait déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu avec l’Iran, imposé par Washington.
« Nous avons anéanti le projet nucléaire iranien. Et si quelqu’un en Iran essaie de reconstruire ce projet, nous agirons avec la même détermination, avec la même intensité, pour faire échouer toute tentative », a-t-il assuré. « Je le dis et le répète : l’Iran n’aura jamais l’arme atomique. »
Où sont passés les 408,6 kilos d’uranium enrichi à 60%?
Après les bombardements américains qui auraient dû réduire à néant les capacités nucléaires iraniennes, selon les propos du président américain, Israéliens et Occidentaux s’interrogent désormais sur le lieu où pourraient se trouver les 408,6 kilos d’uranium enrichi à 60%.Ceux-là mêmes qui pourraient être utilisés pour passer à l’enrichissement à 90% nécessaire pour la fabrication de l’arme atomique, selon leurs experts. Ils semblent prendre au sérieux les affirmations de dirigeants iraniens selon lesquels ils ont été mis à l’abri.
Ce vendredi, Rafael Grossi, a suggéré que l’Iran aurait transféré une partie de son stock d’uranium enrichi avant la frappe américaine qui a visé ses installations nucléaires, dont celle de Fordo.
Il a assuré dans une interview accordée à CBS News que l’agence « ne dispose pas d’informations précises sur l’emplacement actuel du stock d’uranium enrichi de l’Iran », mais a noté qu’une partie « pourrait avoir été détruite », tandis qu’« une autre partie pourrait avoir été transférée avant la frappe ».
Il a souligné que l’Iran possède un programme nucléaire « vaste et ambitieux », dont une partie « pourrait encore se poursuivre malgré les frappes ».
Grossi a décrit l’Iran comme « un pays avancé en matière de technologie nucléaire », soulignant que ces progrès « ne peuvent être anéantis par des opérations militaires ou autres ».
Selon le directeur général de l’AIEA « une solution permanente à la question nucléaire iranienne ne sera pas obtenue par une action militaire », appelant à la nécessité de parvenir à un accord diplomatique pour résoudre la crise.
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Source: Divers