« Tout ce que tu payes en résistance, même si tu ne le récoltes pas dans ta vie, tôt ou tard, tu finiras par le percevoir. La résistance est lucrative sans répit ».
Les propos du testament de Bassel Al-Aaraj, le nouveau martyr sur la voie de la libération de la Palestine retentissent encore et font le tour des réseaux sociaux . Plus forts que de son vivant.
C’est que Bassel n’est pas un martyr comme les autres. Ni de part sa mort intervenue ay bout de deux heures d’affrontements acharnés contre les soldats de l’occupation israélienne.
Ni de son vivant où il s’est distingué par ses activités inlassables pour la Palestine .
« Le prophète combattant, l’intellectuel révolutionnaire, l’Atlas de la Palestine, le martyr du verbe armé,… »
Le commun de ces appellations que lui donnent ceux qui l’ont connu réside dans sa culture prolifique, conjuguée à son engagement infaillible pour la résistance .
Il savait tout sur sa partie: la géographie, l’art, les chansons, les proverbes,… Mais surtout l’histoire de son usurpation. Depuis l’occupation britannique et jusqu’à l’occupation israélienne. Sans oublier toutes les étapes de la résistance palestinienne, ses hommes, ses vergers, ses oliviers, ses rues,… qu’il racontait d’ailleurs, durant les sorties touristiques qu’il organisait aux jeunes palestiniens.
De son vivant et jusqu’à sa mort, son principal souci aura été de garder vivante la flamme de la Palestine dans les cœurs et les raisons des palestiniens.
On lui rapporte qu’il a dit : « Surtout ne prend pas l’habitude de regarder le sioniste, pour ne pas que ton œil s’y habitue avant ta raison. Fais ce que les habitants de Gaza ont coutume de faire chaque fois qu’ils voient un sioniste, ils cherchent une pierre pour le lapider».
Sa vie, plutôt courte (il est mort à l’âge de 33 ans), aura donc été une lutte acharnée contre toute normalisation avec l’ennemi israélien, ou un quelconque compromis qui n’a rien apporté de bon aux Palestiniens.
En plus des manifestations et des rassemblements, durant toute la phase qui a précédé son arrestation, on le voyait aussi durant les meetings de sensibilisation pour la résistance. Il n’omettait pas non plus d’écrire aussi les articles.
L’Autorité palestinienne lui en voulait son activisme infatigable. Surtout sa participation en 2012 aux manifestations de protestation à la visite du ministre de la sécurité israélien Shaoul Mofaz en Cisjordanie occupé. Et ce sont ses forces de sécurité qui l’ont arrêté la première fois, ainsi que cinq autres Palestiniens, en avril 2016, l’accusant de concocter des opérations armées contre les colons israéliens. L’accusation n’étant pas assez étayée, il est libéré 6 mois plus tard. Non sans une grève de la faim.
Accusé d’être l’un des dirigeants du Mouvement d’action des jeunes palestiniens, un mouvement de protestation pacifique soutenant l’Intifada d’Al-Quds qui s’est marquée par des opérations de résistance solitaires , il se savait traqué par les occupants israéliens. Et il n’était pas question pour lui de se rendre, ni d’être arrêté de nouveau, comme cela a été le cas de ses cinq compagnons de prison.
Il préparait son Départ.
Il n’est jamais revenu à la maison familiale, perquisitionnée d’innombrables fois depuis sa libération et se déplaçait d’un endroit à l’autre. Les deux derniers mois de sa vie, il les a vécus dans un appartement qu’il a loué sous une fausse identité suédoise. On ne sait pas encore comment il a pu être retrouvé.
Mais c’est là qu’il a livré son premier et dernier combat armé contre les soldats israéliens, jusqu’à la dernière balle de ses trois mitrailleuses. Les soldats de l’occupation ont du entrer à la maison pour retirer son corps meurtrie.
Parmi ses quelques livres et cahiers éparpillés dans son appartement, on a retrouvé son testament, écrit à la hâte, à la dernière minute, sur une petite feuille.
« Salutations à l’arabité, à la patrie, à la libération.
Si vous lisez ces mots, cela voudra dire que je suis mort, que mon âme s’est élevé vers son créateur. Je prie Dieu pour Le rencontrer avec un cœur pur, sincèrement non fuyant, et sans le moindre pouce de duplicité.
Comme c’est difficile d’écrire le testament. Des années et moi je contemple les testaments que les martyrs ont laissés. Ils m’ont toujours intrigué : concis, cursif, sans aucune éloquence et répondant à peine à nos questions sur le martyre.
Je vais maintenant droit vers mon trépas, en toute conviction d’avoir trouvé mes réponses.
Mon Dieu quel imbécile j’ai été. Y a-t-il de plus éloquent que l’acte du martyre ? J’aurais dû l’écrire depuis plusieurs mois. Mais ce qui m’attarda est sans doute vos questions à vous, les vivants encore. Mais pourquoi devrai-je répondre à votre place. Cherchez vous-mêmes.
Quant à nous, gens du sépulcre, nous ne cherchons désormais plus que la Miséricorde de Dieu ».
Ce 6 mars 2017, Bassel Al-Aaraj s’est sacré lui-même une flamme sur la voie de la Palestine.
Source: Divers