A la demande d’Israël, les États-Unis ont réussi, avec le soutien des Émirats arabes unis, à renverser un plan chypriote intégré visant à établir un couloir maritime durable reliant la bande de Gaza au monde, Il avait été présenté fin novembre dernier, reposait sur une hypothèse réaliste basée sur la fermeture par les forces d’occupation des portes du passage terrestre vers la bande de Gaza, et sur le fait que les autorités égyptiennes ne faisaient pas suffisamment d’efforts pour briser la décision israélienne et que les besoins humanitaires étaient devenus énormes.
Les Chypriotes avaient basé leur décision sur une série de consultations qui ont impliqué la majorité des pays et des parties concernées par la guerre, au cours de laquelle ils ont reçu un grand soutien, mais ils n’ont pas obtenu l’approbation des mécanismes qu’ils envisageaient pour faire du projet un succès. Les Israéliens ont rejeté tout mécanisme qui ne leur permettrait pas de superviser pleinement son travail avant et après l’arrivée de l’aide dans la bande de Gaza.
Il est devenu clair pour tous ceux qui travaillent sur ce dossier que l’Occident accepte les exigences d’Israël : dont celle de n’ouvrir aucune porte à la bande de Gaza pour lui permettre de prendre un souffle et de saisir tout ce qui arrive à l’enclave, par mer comme par terre et celle d’exploiter ce processus pour imposer une nouvelle administration civile qui gère la bande de Gaza et qui ne soit pas sous tutelle du Hamas. Le but étant aussi de retourner la population contre la résistance au nom du droit à l’accès à l’aide, sur fond d’inquiétude croissante des partis favorables à un cessez-le-feu permanent concernant l’exploitation de ce processus pour « forcer la population de Gaza à coexister avec la poursuite de la guerre et la poursuite de ce type d’aide ».
Comme d’habitude, les Britanniques n’hésitent pas à assumer des « sales tâches ». Après avoir accédé au ministère des Affaires étrangères, David Cameron a sorti du Foreign Intelligence Service un plan improvisé de soutien humanitaire à mener à travers la mer, rivalisant avec Chypre pour ce plan. Cameron a pris l’initiative d’offrir les services logistiques de son pays pour aider à établir un pont flottant qui faciliterait le transfert de l’aide de la haute mer vers le rivage. Mais sur le terrain, tout le monde attendait les résultats de la guerre. Au fil du temps, l’Occident s’est senti obligé de prendre des mesures pour améliorer son image auprès de l’opinion publique internationale, tout en l’exploitant pour établir des faits sur le terrain à Gaza qui pourraient être utilisés dans le projet palestinien du « Next Day ».
Face à ces préoccupations, les Américains sont parvenus à une formule qui exigeait la formation d’une équipe les incluant avec les Émirats arabes unis, pour la gestion et le financement, Chypre pour la gestion logistique, et « Israël » comme audit et supervision.
C’est Washington qui a contacté le Qatar, le Koweït, l’Arabie Saoudite et les capitales occidentales pour participer au financement de l’opération, dont la direction exécutive a été confiée à la société FOGBOW, propriété d’anciens officiers et membres des Marines et des Forces spéciales américaines.
Israël chargeant une société de sécurité de coopérer avec les autorités chypriotes pour inspecter les navires humanitaires avant leur départ de Larnaka vers les côtes de Gaza.
Ce qui s’est passé en pratique, c’est que ce plan a été approuvé et qu’une couverture a été obtenue auprès de l’Union européenne et des Nations Unies. Des réunions exploratrices ont commencé à Chypre, qui accueillera vendredi prochain une réunion de la salle de commandement exécutif de l’opération baptisée « Plan Blue Beach ».
Al-Akhbar a appris que la réunion de vendredi se déroulera en présence du ministre chypriote des Affaires étrangères Konstantinos Kobos, du directeur des renseignements étrangers chypriotes Tassos Tzionis, du sous-secrétaire général des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires et de la reconstruction à Gaza Sigrid Kaag, et la directrice des affaires politiques au ministère israélien des Affaires étrangères, Eliza Ben Noun, et la ministre des Affaires de coopération internationale des Émirats arabes unis, Rim Al-Hachemi et le chef de cabinet du Conseil de sécurité nationale des États-Unis Curtis Reed, et l’assistant de Brett McGurk, conseiller principal du président américain pour Affaires du Moyen-Orient.
Selon des sources d’Al-Akhbar, la partie américaine, en coopération avec les Chypriotes, a commencé les démarches pratiques que le FOGBOW entreprendra. La semaine dernière, il a été convenu d’un mécanisme de travail pour atteindre l’objectif de transfert de l’aide, « à condition que cela soit conformément à la priorité déterminée par la communauté humanitaire, tout en augmentant la capacité humanitaire et les autres lignes d’aide vers Gaza, en renforçant la coordination avec Chypre et les pays donateurs et en garantissant l’engagement à mettre en œuvre les exigences de sécurité israéliennes. Les sources ont ajouté que les travaux tiennent compte « du projet d’établissement d’un quai temporaire par l’armée américaine, et ne considèrent pas non plus d’autres opérations humanitaires, comme l’envoi d’aide envoyée par Global Central Kitchen, dans le cadre des travaux requis. »
Elles ont ajouté que les autorités concernées par le dossier « ont achevé l’étude économique sur l’ouverture du corridor maritime, et ont obtenu l’approbation d’Israël et le soutien de Chypre, des USA, du Qatar et des Émirats arabes unis », et que « des travaux sont en cours pour commencer l’envoi de 200 conteneurs d’aide quotidiennement dans la première période, qui peuvent être augmentés en fonction de la situation sécuritaire ».
Toujours selon les sources, l’entité qui supervise le « Plan Blue Beach » travaille avec un grand nombre de pays « pour créer un fonds qui soutient l’achat et le transport de l’aide humanitaire, ainsi que le fonctionnement d’opérations logistiques et maritimes, avec pour objectif de commencer trois semaines après que les fonds soient disponibles. Il a été convenu entre les parties concernées que la tâche de déterminer « le point de livraison final sûr incombe à la partie contrôlant les moyens de transport maritime, en coordination avec l’armée d’occupation ».
Traduit d’al-Akhbar
Source: Média