Le soutien militaire des États-Unis transforme l’Ukraine en État en faillite et contribue à la souffrance du peuple ukrainien, estime le professeur Dan Steinboc dans l’American Conservative.
L’implication des États-Unis dans le conflit en Ukraine aura de graves conséquences pour les deux pays aussi bien que pour le monde entier, estime le professeur Dan Steinboc qui dresse un parallèle entre la situation actuelle et la guerre du Vietnam.
« C’est un spectacle qui rappelle étrangement les événements d’il y a plus d’un demi-siècle, lorsque la guerre par procuration de Washington au Vietnam s’était intensifiée alors même qu’elle était en train d’échouer. La guerre par procuration menée par les États-Unis et l’Otan contre la Russie en Ukraine a déjà mis en faillite l’économie ukrainienne, une issue que certains observateurs prévoyaient déjà il y a neuf mois. Elle accélérera également le déclin du rôle international des États-Unis et assombrit les perspectives économiques mondiales », indique son article publié dans l’American Conservative.
L’endettement de l’Ukraine
Le professeur rappelle que fin octobre la Commission européenne et les autorités ukrainiennes ont estimé que l’invasion russe avait causé plus de 97 milliards de dollars de dommages directs à l’Ukraine et que la reconstruction du pays pourrait coûter 350 milliards de dollars.
Dans cette situation difficile pour l’Ukraine, l’aide militaire et financière que Washington a accordée à Kiev a atteint depuis le début de l’opération spéciale russe 68 milliards de dollars, sans compter 38 milliards que l’administration américaine envisage d’envoyer prochainement.
Quant à l’aide provenant des autres pays, elle s’élève à 41,4 milliards de dollars. L’aide internationale totale atteint pour le moment plus de 110 milliards de dollars et représente plus de la moitié du PIB de l’Ukraine avant la guerre (200 milliards de dollars).
Ainsi, constate le professeur, « l’Ukraine aurait été un État en faillite » sans l’aide américaine, mais « cette même aide va prolonger les souffrances des Ukrainiens ».
En effet, alors que les médias internationaux vantaient les succès militaires de l’Ukraine, en termes annuels, le PIB réel du pays a baissé de plus de 35% au troisième trimestre de 2022, c’est-à-dire avant les attaques massives de l’armée russe contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, rappelle Dan Steinboc. À cela s’ajoutent les déplacements massifs de population et son appauvrissement rapide. Compte tenu de ces facteurs, l’Ukraine est incapable de sortir des dettes dans lesquelles elle s’est plongée.
Les risques américains et mondiaux
Quant aux États-Unis, fin 2022, la dette publique américaine aurait atteint 98% du PIB. Selon les pronostics du Bureau du budget du Congrès américain, la dette en pourcentage du PIB va commencer à augmenter en 2024, devrait dépasser son niveau historique en 2031 (où elle atteindra 107%) et devrait continuer de grimper par la suite pour atteindre 185% du PIB en 2052.
« Lorsque les grandes puissances ne parviennent pas à équilibrer leur base économique avec leur puissance militaire et leurs engagements stratégiques, elles risquent d’être surchargées. C’est le principal risque que court l’Amérique dans les années 2020. Et en raison du rôle des États-Unis dans l’économie mondiale, les répercussions mondiales d’une telle contrainte excessive seront négatives, étendues et durables », conclut M.Steinboc.
Source: Avec Sputnik