Le vendredi 10 juin dernier, les raids israéliens qui ont visé le sud de la capitale ont bombardé l’aéroport international de Damas. Causant des dommages importants dans certaines de ses parties.
Ce jour-là, des vols ont été suspendus et les compagnies aériennes ont été contraintes de transférer certains d’entre eux à l’aéroport international d’Alep.
L’attaque du vendredi était la deuxième contre l’aéroport en moins d’un mois. Le 20 mai, des missiles sol-sol tirés depuis le Golan syrien occupé ont touché ses pistes nord et sud.
Jusque-là l’aéroport a toujours été épargné.
En 2018, un accord avait été conclu entre le commandement militaire syrien, les conseillers iraniens et leurs homologue russes. Il a été convenu qu’il ne sera pas utilisé à des fins militaires. Les conseillers iraniens ont alors quitté ses principales sections et ont déménagé vers l’aéroport T4 situé dans la province de Homs au centre du pays.
Les Russes, de leur côté, se sont engagés d’assurer sa protection aérienne, afin de dissuader Tel Aviv de l’attaquer.
Ce sont les Russes qui ont rapporté aux Syriens les causes de la récente escalade contre l’aéroport de Damas: les Israéliens leur ont argué, sans présenter des preuves, que les Iraniens s’en servent pour leurs avions de cargaisons et civils afin de transporter des équipements et des armements stratégiques à la Syrie et au Liban.
A propos des récentes attaques israéliennes contre la Syrie, le chroniqueur israélien Yoav Limor explique qu’elles illustrent le sentiment de frustration chez les dirigeants israéliens en raison de l’échec de leurs tentatives de mettre fin aux activités iraniennes dans ce pays.
Il y a environ deux ans, lorsque le Premier ministre du gouvernement israélien, Naftali Bennett, était encore ministre de la Défense pendant six mois entre novembre 2019 et mai 2020 dans le gouvernement de Benjamin Netanyahu, avait déclaré avoir établi un plan qui conduirait à la sortie de l’Iran de Syrie dans les 12 mois. Le plan de Bennett semble avoir complètement échoué, car les dirigeants de l’establishment sécuritaire israélien confirment que la coopération syro-iranienne augmente.
« L’effort requis maintenant est d’exercer une pression supplémentaire sur eux, non pas une pression israélienne, mais une pression syrienne, en poussant Bachar al-Assad à en déduire que le prix direct qu’il paiera pour la poursuite de l’activité iranienne dans son pays sera plus élevé que le prix qu’il paiera en les affrontant », indique Limor
« On peut se demander si Assad veut contraindre les Iraniens », s’est-il interrogé.
Selon les sources d’al-Akhbar, un grand nombre d’attaques israéliennes contre la Syrie, ces deniers mois, n’ont pas frappé des cibles réelles. Il n’y avait pas de cible d’ailleurs. Mais le but de ces raids était de causer des destructions pour exercer davantage de pression sur l’Etat et le peuple syriens.
Mais certains d’entre elles ont toutefois détruit les systèmes antiaériens de fabrication russe Pantsir: entre 3 à 4 au cours de cette année . De plus, les Syriens déplorent que les pertes subies par les forces de défense aérienne en Syrie au cours des derniers mois, au niveau des systèmes et des munitions, n’ont pas encore été compensées par la Russie. Les officiers supérieurs russes invoquant soit l’interdiction turque des vols d’avions militaires russes, ou le besoin de la Russie de ces munitions et équipements dans sa guerre en Ukraine.
Selon le journal libanais al-Akhbar, citant des sources militaires syriennes, une altercation a récemment eu lieu entre de haut-officiers de l’état-major syrien et des conseillers iraniens d’une part et des délégués des forces russes de l’autre.
Syriens et Iraniens ont demandé aux Russes de mettre un terme aux attaques israéliennes, conformément à leurs engagements pris lors de l’accord conclu en 2018.
« Ce qui est exigé des forces russes, c’est de respecter les accords de défense et de sécurité signés avec l’État syrien et d’aider à sécuriser ses installations officielles et vitales, telles que les ports et les aéroports », sans invoquer comme prétexte la question des sites iraniens en dehors de ces installations, a soutenu la partie syrienne.
En outre, les Syriens ont demandé aux Russes de réhabiliter, renforcer et développer la défense aérienne syrienne, de sorte que cette dermière puisse atténuer les attaques israéliennes au maximum. Ils voudraient aussi que Moscou use de ses liens avec les dirigeants israéliens, pour faire pression sur eux afin qu’ils les stoppent ou les réduisent, rapportent les sources du journal libanais.
Mais les officiers russes ont assuré qu’ils ne sont pas intéressés de se heurter aux Israéliens pour protéger les intérêts iraniens, tout comme ils ne sont pas intéressés de se heurter aux Iraniens pour protéger les intérêts israéliens.
D’après le quotidien libanais, l’altercation avec les Russes a eu lieu quelque temps avant la visite du président syrien en Iran le mois passé, au cours de laquelle il a rencontré le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, le président Ebrahim Raïssi, ainsi que les commandants du Corps des gardiens de la révolution.