Le Danemark s’est défendu vendredi de semer la panique après la découverte d’une mutation problématique du coronavirus provenant des visons, qui pourrait selon lui menacer l’efficacité d’un futur vaccin humain et l’amène à abattre tous ces mammifères et fermer une partie du pays.
« Nous prenons les mesures nécessaires et appropriées » face à un développement « inquiétant », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Jeppe Kofod lors d’une conférence de presse destinée aux médias étrangers.
Le Danemark avait suscité l’inquiétude mercredi en annonçant l’abattage massif de tous les visons du royaume – soit 15 à 17 millions de têtes – après la découverte d’une mutation transmissible à l’homme déjà décelée chez douze personnes.
Onze cas ont été identifiés dans la seule région du Jylland du Nord, où ont depuis été imposées des restrictions drastiques par rapport aux standards scandinaves: dans sept municipalités, les 280.000 habitants sont sommés de ne pas sortir de leur commune et les transports en commun sont mis à l’arrêt, quand les bars et restaurants ferment.
Les communes concernées (Laeso, Frederikshavn, Hjorring, Bronderslev, Jammerbugt, Thisted et Vesthimmerland) sont toutes situées à la pointe Nord du Jutland, dans l’Ouest du Danemark. Les mesures sont prévues pour un mois.
La mutation d’un virus est banale et souvent anodine, selon la communauté scientifique. Mais dans le cas de cette souche, appelée « Cluster 5 », elle implique, d’après les premières études, une moindre efficacité des anticorps humains, ce qui menace la mise au point d’un vaccin contre le Covid-19.
Malgré l’avertissement de l’Autorité danoise de contrôle des maladies infectieuses SSI, peu de choses sont encore confirmées sur les risques réels de cette mutation, selon les spécialistes.
Et si la mutation elle-même n’a été décelée que ces derniers jours, les douze cas remontent eux au moins de septembre, ce qui a suscité des questions lors de la conférence de presse sur une éventuelle surréaction.
« Nous préférons prendre une mesure de trop qu’une de moins », a dit le chef de la diplomatie danoise.
Sollicité par l’AFP, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), a observé que le risque existait mais que l’incertitude était encore grande.
Une mutation « peut avoir de possibles implications sur l’immunité, les réinfections ou l’efficacité des vaccins contre le Covid-19, mais il y a actuellement une grande incertitude », indique l’agence de l’Union européenne en charge des épidémies dans un courriel à l’AFP.
« Davantage d’analyses et d’études scientifiques sont nécessaires pour mieux comprendre les mutations identifiées et leurs implications potentielles », selon l’ECDC, basé à Stockholm.
Outre « Cluster 5 », quatre autres mutations du virus en provenance du vison ont été identifiées mais ne sont pas elles considérées comme problématiques. Au total, 214 malades ont été porteurs de formes mutantes liées aux visons au Danemark.
Des recherches plus approfondies sur le « Cluster 5 » devraient permettre de déterminer ses particularités.
« Ces études prennent du temps (…) au lieu d’attendre nous préférons agir », a défendu une responsable de SSI, Tyra Grove Krause.
Vendredi, plus d’une centaine d’éleveurs ont manifesté contre l’abattage des visons. Selon les autorités, il devrait cependant être terminé dans les prochaines semaines.
Source: AFP