Signe d’apaisement dans le paysage hautement tendu dans la golfe persique : une délégation militaire émiratie est arrivée ce mardi 30 juillet à Téhéran pour faire part à la sixième commission mixte des gardes côtes avec l’Iran.
Formée de sept responsables de haut rang, elle devrait examiner avec les responsables iraniens les coopérations d’ordre frontalier entre les deux pays. En l’occurrence la circulation des ressortissants, le trafic clandestin, l’accélération et la facilitation de l’échange d’informations entre les deux pays. La cinquième réunion du genre avait eu lieu il y a six ans.
Cette démarche en pleine crise où tous les protagonistes régionaux et internationaux pratiquent la politique du bord du gouffre constitue selon Press TV le signe que les Emirats souhaitent maintenir le statu quo sécuritaire et bénéficier de la protection iranienne pour sa navigation énergétique.
Durant ces dernières semaines, deux pétroliers battant pavillon émirati et britannique, le Stena Impero, ont fini leur voyage dans les ports iraniens. Quelque temps plus tôt, le pétrolier iranien Grace 1 a été arraisonné à Gibraltar par la Grande bretagne.
Renouer avec Téhéran
« Il s’agit d’un tournant dans les relations des deux voisins et ce, dans un contexte bien tendu où certains pays de la région appellent à une militarisation dangereuse du golfe Persique par les pays occidentaux. Il semblerait que les Emirats qui ont décidé de retirer leurs forces du Yémen, préfèrent se tenir à l’état actuel des choses : au lieu de jouer le jeu des Américains et servir de mèche à un conflit à l’issue incertain, ils ont choisi de renouer le contact avec l’Iran », souligne Hadi Mohamadi, l’expert iranien des questions régionales, rapporte Press TV.
Durant ces dernières emaines, plusieurs responsables iraniens avaient fait état que les EAU ont envoyé plusieurs délégations portant des messages positifs à l’Iran et évoquent la nécessité de calmer les tensions entre les deux pays. Dont le conseiller du guide suprême de la révolution pour les affaires de Défense nationale, Hussein Dehqane, qui a affirmé que les EAU ont dépêché des gens en Iran qui parlent de paix en raison de leur échec dans la région.
Derrière les coulisses
Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohamad Jawad Zarif a lui aussi souligné que quelque chose se prépare derrière les coulisses entre Téhéran et Abu Dhabi.
« Il y a des indices qui montrent que les EAU sont sur le point d’adopter de nouvelles politiques dans la région, en fonction des intérêts de leur gouvernement », a-t-il dit lors d’un entretien télévisé.
Et d’ajouter que Téhéran était prêt à soutenir les Emirats et l’Arabie saoudite au cas où ils décident de se démarquer de l’équipe 3 B ». En allusion au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, au prince héritier saoudien Mohamad ben Salmane et au conseiller américain pour la Sécurité nationale John Bolton.
Accord de non-agression
L’ex-conseiller au ministère iranien de la Défense Amir Moussawi avait pour sa part révélé récemment que des responsables émiratis ont visité la capitale iranienne et que leurs visites étaient continues.
« Les pourparlers se poursuivent entre les deux protagonistes et d’après les indices, un certain rapprochement est sur le point de s’opérer », a-t-il précisé.
Selon lui, Abu Dhabi avait reçu un message acerbe lorsque le ministère des AE avait convoqué son chargé d’Affaires à Téhéran pour protester auprès de lui du fait que le drone américain qui a été abattu le mois dernier dans les airs iraniens avait décollé depuis son territoire.
Moussawi rapporte que les autorités émiraties ont pris au sérieux l’avertissement de l’Iran que ses forces armées ne tolèreront pas d’autres évènements similaires.
« Abu Dhabi sait très bien qu’un mouvement minime pourrait aboutir à l’effondrement de ses installations et de la sécurité de cet Etat en verre », a-t-il averti.
L’ex-conseiller iranien a dit s’attendre à la signature d’un accord de non-agression entre les Etats de la région au cas où les EAU suivaient « un comportement adéquat ».
L’Arabie saoudite aussi
Toujours selon Moussawi, l’Arabie saoudite semble elle aussi opter pour un apaisement. Faisant état d’un message de sa part via la Suisse dont il n’a pas révélé le contenu.
« Au cas où l’Arabie voit les Emirats s’approcher de l’Iran, elle va elle aussi changer de position », a-t-il conclu.
La visite du ministre omanais des AE n’est pas non plus sans lien avec cette tentative de désamorcer la crise. Youssef ben Alaoui a rencontré, samedi 27 juillet, le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale Ali Chamkhani ainsi que son homologue iranien Mohammad Javad Zarif.
Sources: Press TV; al-Araby.