Les Etats-Unis ont une nouvelle fois mis en garde la Russie contre le déploiement de militaires au Venezuela, réaffirmant leur détermination à défendre leurs intérêts et ceux « de leurs partenaires » dans la région.
Le ton monte depuis plusieurs jours entre Washington, qui reconnaît Juan Guaido comme président par intérim du pays et réclame le départ de Nicolas Maduro, et Moscou, qui accuse les Etats-Unis de vouloir organiser un « coup d’Etat » dans ce pays aux immenses réserves pétrolières.
La Russie a demandé jeudi à Donald Trump, qui l’a sommée de quitter le Venezuela, de la « respecter » et de ne pas se mêler de ses relations avec Caracas.
« Le gouvernement (américain) condamne l’utilisation par Nicolas Maduro de militaires étrangers afin d’essayer de rester au pouvoir, en particulier l’introduction de soldats et de matériel russes au Venezuela », a indiqué John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, dans un communiqué.
« Nous mettons fortement en garde les acteurs extérieurs contre le déploiement d’actifs militaires au Venezuela (…) avec l’intention d’établir –ou d’étendre– leurs opérations militaires », a-t-il ajouté, indiquant que de tels « actes de provocation » seraient considérés comme une « menace directe à la paix et à la sécurité dans la région ».
Ces tensions entre les deux anciens ennemis de la Guerre froide ont connu un nouveau pic depuis l’arrivée le week-end dernier de deux avions russes, un Antonov An-124 et un Iliouchine Il-62, à Caracas.
Selon des médias vénézuéliens, ils transportaient 99 militaires et 35 tonnes de matériel, sous le commandement du chef de l’armée de terre russe, le général Vassili Tonkochkourov.
Le représentant spécial des Etats-Unis pour la crise au Venezuela Elliott Abrams a affirmé vendredi que la centaine de militaires envoyés par Moscou à Caracas avaient pour mission de fournir une « assistance technique ».
« Une des choses qu’ils semblent faire, et nous pensons cela depuis le tout début, c’est aider le régime avec son système de missiles sol-air S-300 qui a apparemment été complètement détraqué par les coupures d’électricité », a-t-il expliqué à la presse.
Cet armement, conçu par l’Union soviétique, est un élément crucial du dispositif vénézuélien de défense contre les menaces aériennes (avions, missiles). En 2012, des médias officiels russes avaient signalé l’envoi de S-300 vers le Venezuela.
Le pays a subi une méga-panne de courant du 7 au 14 mars, et l’électricité était de nouveau coupée depuis lundi après-midi.
« Personne ne doit s’inquiéter »
Pour sa part, le ministre de la Défense du Venezuela, le général Vladimir Padrino, a déclaré vendredi que « personne ne doit s’inquiéter » de l’arrivée de militaires russes dans le pays.
« Pour qui est-ce un secret que le Venezuela a une coopération technico-militaire (avec la Russie) depuis 2001 ? Personne ne doit s’inquiéter.
Nous coopérons tout simplement », a déclaré le ministre dans une allocution retransmise par la télévision d’Etat.
Caracas et Moscou ont signé des accords de coopération dans le domaine militaire à l’époque de l’ex-président Hugo Chavez (1999-2013).
« C’est une coopération entre égaux, entre partenaires stratégiques, Russie-Venezuela. Nous voudrions avoir des relations de coopération avec les Etats-Unis, mais comme nous ne sommes pas des esclaves (…) nous n’avons pas pu », a poursuivi le général, qui assistait à l’inauguration par la Russie d’un centre de formation militaire pour pilotes d’hélicoptères dans l’Etat de Yaracuy (nord-ouest).
La Russie ouvre un centre de pilotage d’hélicoptères militaires
Dans ce contexte, la Russie a inauguré vendredi au Venezuela un centre de formation militaire pour pilotes d’hélicoptères, a annoncé Rosoboronexport, la société publique russe chargée des ventes d’armements, citée par des médias.
« Les capacités de ce centre permettront aux pilotes vénézuéliens d’avoir une formation complète au fonctionnement et à l’utilisation des hélicoptères Mi-17V-5, Mi-35M et Mi-26T dans des conditions proches que la réalité », a indiqué Viatcheslav Davydenko, un porte-parole de Rosoboronexport à l’agence russe Interfax.
La cérémonie d’ouverture s’est tenue vendredi en présence de « spécialistes russes et vénézuéliens », a-t-il ajouté, sans donner plus de précisions sur l’emplacement du centre.
Cette formation « rendra la préparation des pilotes plus sûre et efficace, et permettra d’économiser considérablement les dépenses pour leur formation », ajoute M. Davydenko, qui précise que des militaires vénézuéliens ont déjà été formés à l’usage de simulateurs de vol en Russie.
Source: Avec AFP