Hausse des taux d’intérêt, menace de blocage des administrations à Washington et de ralentissement économique aux Etats-Unis, guerre commerciale… Les motifs d’inquiétude n’ont pas manqué cette semaine à Wall Street à l’origine de son pire plongeon hebdomadaire depuis 2008.
Les indices ont connu un nouvel accès de fébrilité vendredi, le Dow Jones Industrial Average abandonnant 1,81% à 22.445,37 points, le Nasdaq 2,99% à 6.332,99 points, et le S&P 500 2,06% à 2.416,58 points.
Le Dow Jones et le Nasdaq ont respectivement lâché sur la semaine, 6,87% et 8,36%, du jamais-vu depuis la crise financière alors que le S&P 500, avec 7,05% de pertes a observé une chute inédite depuis 2011.
A l’issue de cette débâcle hebdomadaire, les trois indices de Wall Street finissent respectivement à leur plus bas niveau depuis septembre, août et juillet 2017.
Alors que les indices baissaient déjà vendredi après-midi sous l’effet de craintes d’un « shutdown », la paralysie des administrations fédérales américaines à partir de samedi matin faute d’accord budgétaire entre démocrates et républicains au Congrès, ils ont brutalement plongé après la publication de propos du conseiller au commerce du président américain, Peter Navarro.
Celui-ci a affirmé à la revue Nikkei Asian Review qu’il serait « difficile » que Pékin et Washington parviennent à un accord commercial à l’issue des 90 jours de trêve que se sont fixés récemment les deux pays.
« Avec une déclaration aussi forte, il est logique que le marché chute » a affirmé Gregori Volokhine de Meeschaert Financial Services, estimant que la guerre commerciale est « plus importante » aux yeux des investisseurs que les craintes liées à la banque centrale américaine ou au « shutdown ».
Faute d’issue aux négociations sino-américaines durant ce laps de temps, les Etats-Unis imposeront une nouvelle vague de tarifs douaniers à la Chine, sauf s’ils décident de prolonger cette période comme certains dans l’administration Trump l’ont suggéré.
« Marché déprimé »
Avant cet énième épisode de la guerre commerciale, les indices ont été durement affectés cette semaine par la suggestion de la Fed, à l’issue d’une réunion mercredi, d’augmenter ses taux deux fois l’an prochain, un peu trop au goût des acteurs du marché qui craignent un ralentissement économique.
Les hausses de taux renchérissent le coût du crédit et ralentissent de fait l’activité économique.
Le numéro deux du Comité monétaire de la Fed, John Williams a bien tenté vendredi de rassurer les marchés qui redoutent que la Fed ne soit sourde aux avertissements sur un ralentissement de la croissance. Mais il n’a suscité que de timides applaudissements, avant que ceux-ci ne repartent brutalement dans le rouge.
Face à l’ensemble de ces inquiétudes exacerbées, l’indice Nasdaq a franchi vendredi un cap symbolique à la clôture, en perdant plus de 20% par rapport à son dernier plus haut atteint au mois d’août.
Le franchissement de ce seuil technique a fait entrer l’indice à forte coloration technologique dans la catégorie du « marché déprimé », ou « bear market », en référence à l’ours, symbole d’un marché démoralisé.
Les valeurs technologiques, qui composent majoritairement l’indice, ont comme souvent ces derniers temps été les plus affectées par la dégringolade, Apple perdant 3,89%, Facebook 6,33% et Alphabet, maison mère de Google, 3,16%.
La marque à la pomme a ainsi perdu un tiers de sa valeur depuis le 3 octobre.
L’indice de volatilité des marchés, l’indice VIX, a quant à lui atteint vendredi un nouveau plus haut depuis février et se rapproche du plus haut niveau annuel.
« Si cela continue comme cela, les marchés vont commencer à devenir négatifs pour l’économie », a indiqué M. Volokhine.
Sur le marché obligataire, le taux d’intérêt sur la dette à dix ans des Etats-Unis évoluait à 2,782% vers 22H00 GMT, contre 2,807% jeudi à la clôture, et celui à 30 ans à 3,033%, contre 3,048% la veille.
Source: AFP