Pour la première fois, les médias turcs présentent deux versions différentes rapportant les dernières minutes du journaliste saoudien dissident Jamal Khashoggi, tué le 2 octobre dernier dans le consulat de son pays à Istanbul.
La première a été délivrée par le journaliste turc et porte-parole du parti au pouvoir Justice et développement Abdel Kader Salfi qui s’est fié aux enregistrements sonores détenus par les services de renseignements d’Ankara.
Selon lui, ses assassins lui ont demandé avant de l’achever d’envoyer une lettre à son fils Salah.
Dans un article publié dans le journal Hurriyet, et traduit par le site Watansarb, M. Salfi révèle que Khashoggi, une fois entré dans le bâtiment du consul, avait été emmené vers le bureau du consul, comme ceci avait eu lieu lors de sa première visite le 28 septembre. Une heure avant son entrée vers 13 :14, était arrivée toute l’équipe chargée de son élimination.
L’équipe lui a alors demandé d’envoyer une lettre à son fils Salah, indique Salfi selon lequel la discussion se faisait en querelles et en cris mutuels. Ce qu’il a refusé de faire. « Par la suite, l’équipe s’est mise à l’étrangler, et pendant 7 minutes on a pu entendre ses derniers souffles », poursuit-il.
« Je ne sais pas de quelle lettre il s’agissait d’envoyer à son fils mais il semble que l’équipe était déjà en contact avec Salah alors que certaines informations disent qu’il a été mis sous surveillance de la part de MBS et que sa sortie d’Arabie s’est faite plus tard sous des pressions américaines », indique le journaliste turc.
Selon lui, d’aucuns avancent que le contenu de la lettre devait être destiné à innocenter l’équipe chargée de le liquider.
L’autre version des faits sur les dernières minutes de la vie de Khashoggi, a été donnée par la chaine qatarie al-Jazeera, avec quelque différence.
Son correspondant Omar al-Haj écrit que 4 membres de l’équipe ont accueilli Khashoggi dans le bureau A, chargé des formulaires administratives du consulat. L’un d’entre eux l’a tiré de la main, ce à quoi Khashoggi s’est opposé en lui disant : « pour qui te prends-tu ? Pourquoi fais-tu ceci ? ». C’est alors que Maher al-Motreb, l’un des gardes du corps de MBS chargé de son assassinat lui a dit : « ton tour est venu espèce de traitre ».
Le site de la télévision qatarie rapporte qu’une dispute a alors éclaté et Khashoggi a été emmené vers le bureau B, chargé des visas.
On constate dans cette version qu’il n’est pas question du bureau du consul, ni de la demande de lettre, rapportée par le journaliste turc. On y rapporte en revanche les propos de Moustafa al-Madani qui se devait de porter les vêtements de Khashoggi et de sortir du consulat pour faire croire qu’il l’a quittée. « C’est effrayant de porter les habits de quelqu’un qu’on vient de tuer », leur avait-il notifié.
Source: Divers