Le chef du mouvement yéménite Ansarullah, Sayed Abdel Malek al-Houthi, s’est dit prêt à céder le contrôle du port de Hodeïda à l’ONU si la coalition saoudo-US appuyant les mercenaires cesse son agression.
« Nous avons dit à l’envoyé de l’ONU, Martin Griffiths, que nous ne refusons pas le rôle de supervision et de logistique que les Nations unies veulent tenir dans le port, mais à condition que cesse l’agression contre al-Hodeïda », a-t-il dit dans une interview au quotidien français Le Figaro à paraître mercredi.
Ravagé par la guerre, le Yémen dépend des importations pour 90% de ses besoins en nourriture, et 70% de celles-ci passent par Hodeïda, sur laquelle les mercenaires de la coalition ont lancé une agression militaire en juin, aidées par les Emirats arabes unis.
La coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite et associant les Emirats accuse Ansarullah d’utiliser le port pour introduire des armes en provenance d’Iran, ce que les Yéménites et Téhéran démentent.
Martin Griffiths, qui tente d’obtenir un accord pour éviter des combats dans Hodeïda, a évoqué une proposition consistant à impliquer l’ONU dans la gestion du port.
Cette option signifierait que les forces yéménites (armée + Ansarullah) cèdent le port mais gardent le contrôle de la ville. Elle a été rejetée avec force par les Emirats arabes unis, qui réclament un retrait inconditionnel d’Ansarullah.
M.al-Houthi a en outre accusé la France de « contribuer à l’agression menée par la coalition » au Yémen en vendant des armes à l’Arabie saoudite et aux Emirats.
« De nombreux pays occidentaux considèrent les guerres à l’aune de leurs intérêts économiques, au détriment des droits de l’homme », a-t-il lancé.
La France a renoncé à organiser fin juin une conférence humanitaire à haut niveau sur le Yémen après le lancement de l’offensive à Hodeïda. Cette conférence, co-organisée avec l’Arabie, a été réduite à une rencontre au niveau des experts.
Riyad menace
Parallèlement, le porte-parole de la coalition saoudienne, le général de brigade Abdo Abdullah Majali, a menacé, ce mardi 17 juillet, les forces yéménites conjointes d’un nouveau déploiement de militaires saoudiens, via les airs et la mer, dans la province de Hodeïda, au cas où elles n’évacuaient pas la ville et la côte de Hodeïda.
Interviewé par le quotidien saoudien Asharq al-Awsat, le général Majali a déclaré qu’Ansarullah n’entendaient pas capituler et renoncer au contrôle de la ville et de la côte de Hodeïda.
« Il paraît que les Houthis (Ansarullah) sont en train de creuser des fossés et de déployer des snipers autour de la ville de Hodeïda », a-t-il révélé.
La coalition saoudienne a lancé, le 13 juin, une offensive d’envergure pour s’emparer de la ville et du port stratégiques de Hodeïda, mais elle a été terrassée près de l’aéroport de Hodeïda malgré tous ses équipements militaires sophistiqués. Aussi la bataille de Hodeïda s’est-elle transformée en une guerre d’usure.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, « les tirs d’artillerie et les raids aériens de la coalition saoudienne se poursuivent dans les districts d’al-Tuhayat et de Zabid, appartenant à la province de Hodeïda, mais la situation est revenue à la normale dans le port de Hodeïda et à al-Salif ».
Un bombardement de la coalition sur un marché
Trois civils ont été tués et neuf autres blessés dans un tir de mortier sur un marché très fréquenté, dans le sud-ouest du Yémen, a indiqué Médecins sans frontières (MSF) mercredi.
L’ONG a indiqué sur Twitter que l’obus était tombé sur la ville de Taëz, près de la cité portuaire de Mokha, sur la mer Rouge, contrôlée par les forces yéménites.
Les forces de la coalition et leurs mercenaires sont impliquées dans plusieurs massacres contre les civils, depuis le début de la guerre en 2015.
Plusieurs attaques contre les positions des mercenaires
Sur le terrain, plusieurs mercenaires de la coalition ont été tués et blessés, mardi soir, suite à deux embuscades tendues par les soldats de l’armée et d’Ansarullah, dans la région de Jawf.
Par ailleurs, 7 mercenaires de la coalition ont été abattus par les snipers des forces yéménites, dans la province de Ma’rib.
Et puis dans la région de Jawf, les drones des forces yéménites ont mené, mardi soir, une attaque contre une base des mercenaires, tuant et blessant des dizaines d’entre eux.
Toujours mardi, les forces yéménites ont mené plusieurs opérations militaires contre les mercenaires de la coalition sur le front de la côte ouest et à Taez.
850 soudanais tués jusqu’à juin 2018
Sur un autre plan, 850 officiers et soldats soudanais ont été tués dans la guerre au Yémen de mars 2015 jusqu’à juin 2018, c’est ce qu’a affirmé une source gouvernementale soudanaise, citée dans un reportage publié par la télévision al-Arabi al-Jadid.
Les familles des morts, des prisonniers ou des blessés se plaignent du fait qu’elles ne savent rien du sort de leurs enfants disparus lors des combats menés par la coalition et ses mercenaires contre les forces yéménites.
Rappelons qu’en septembre 2017, un commandant de l’armée soudanaise, le général Mohammad Hamidati, avait annoncé la mort de 412 soldats soudanais, dont 14 officiers.
Sources: AlManar + AlMasirah + AFP + PressTV