La Défense civile locale a affirmé que 26 Palestiniens avaient été tués et plus de 100 blessés samedi par des tirs israéliens près de centres d’aide humanitaire dans la bande de Gaza affamée et ravagée par la guerre et la famine. Les quelque deux millions de Palestiniens assiégés par Israël à Gaza sont au bord de la famine après plus de 21 mois de conflit.
Le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, a déclaré à l’AFP que 22 personnes avaient été tuées et plus de 100 blessées près d’un centre au sud de Khan Younès (sud) et quatre près d’un autre au nord de Rafah, attribuant les attaques à des « tirs israéliens ».
Les tirs ont eu lieu à proximité de centres de distribution d’aide humanitaire gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les Etats-Unis et Israël, selon la même source.
Un témoin a raconté à l’AFP s’être rendu avant l’aube avec cinq membres de sa famille pour chercher de la nourriture dans l’un de ces centres, lorsque des soldats israéliens ont commencé à tirer.
« Que des balles »
« Nous n’avons rien pu avoir », a déclaré Abdelaziz Abed, 37 ans. « Chaque jour, je m’y rends et tout ce que nous ne recevons que des balles ».
Trois autres témoins ont également accusé les soldats israéliens d’avoir ouvert le feu, selon l’AFP.
La mère de cet enfant et sa sœur ont été tuées pendant qu’elles attendaient la distribution de l’aide alimentaire. « Ma mère est morte le ventre vide »
La GHF avait commencé ses opérations fin mai, après un blocus humanitaire total de plus de deux mois imposé par Israël en dépit des avertissements de l’ONU sur un risque imminent de famine à Gaza.
L’ONU et des ONG humanitaires refusent de travailler avec cette organisation au financement opaque en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.
Après plusieurs semaines marquées par des scènes de chaos et des informations quasi quotidiennes faisant état de Palestiniens tués en attendant de l’aide, la GHF a dit reconnaitre la mort mercredi de 20 personnes dans une bousculade sur l’un de ses sites.
En début de semaine, l’ONU a indiqué avoir recensé 875 personnes tuées en tentant de se procurer de la nourriture depuis fin mai, dont 674 « à proximité des sites de la GHF ».
Le spectre de la mort de faim
Samedi, le bureau des médias du gouvernement à Gaza a lancé un appel urgent à la communauté internationale, aux pays et aux organisations de l’ONU et des droits de l’homme pour qu’ils prennent des mesures immédiates pour sauver les habitants de la bande de Gaza de la catastrophe de la famine massive.
Selon le média palestinien Quds News, 100 % de la population de Gaza est en situation d’insécurité alimentaire aiguë, la moitié vit dans une situation de famine de facto, mange un repas tous les deux jours, voire aucun, les enfants dorment le ventre vide, et plus de 70 000 enfants à Gaza devraient avoir besoin d’un traitement urgent pour souffrir de malnutrition aiguë.
« Nous alertons sur le fait que des centaines de personnes, dont le corps est complètement décharné, sont désormais en danger de mort imminente », a déclaré vendredi le médecin Sohaib al-Hums, directeur de l’hôpital de campagne koweïtien situé dans la zone d’Al-Mawassi, à Khan Younès.
Une famine sans précédent
Le secrétaire général du Mouvement de l’initiative nationale Marwan al-Barghouti a déclaré que « la terrible famine généralisée qui frappe Gaza, conséquence du blocus israélien, est sans précédent dans l’histoire moderne de l’humanité. »
« Quiconque garde le silence sur ce crime s’en rend complice », a-t-il accusé. « Nous appelons les Arabes, les musulmans, les chrétiens et le monde entier à rompre ce silence honteux et à exercer une pression immédiate sur les dirigeants d’Israël pour qu’ils mettent fin à la famine et au blocus. »
Une manifestation a eu lieu dans le camp de Nusseirat dans le centre de l’enclave pour protester contre la politique de famine et la poursuite de l’embargo, imposées par Israël avec le soutien des Etats-Unis.
Enfant blessé et affamé
Il n’y a plus de marchandises
Le journaliste Anas Charif a écrit sur son compte X : « Par Dieu, depuis les heures du matin, mes collègues et moi cherchons quelque chose pour satisfaire notre faim … Nous avons erré dans tous les marchés, par Dieu, par Dieu, par Dieu… Nous n’avons rien trouvé à acheter : pas de farine, pas de conserves, pas de légumes, rien ! Même les marchandises vendues à des prix élevés ont disparu. »
Le médecin Ezzedine Chahine a tweeté : « Ce que nous vivons n’est pas une vague de plaintes collectives sans sentiment, mais un véritable sentiment de faim que seuls ceux qui l’ont vécu le comprennent. Au cours des dernières semaines, les gens n’ont compté que sur le pain, et maintenant même la farine a complètement disparu du marché, ce qui signifie que même si vous avez de l’argent, vous mourrez également de faim. Si l’aide n’arrive pas dans les prochains jours, nous serons confrontés au plus grand nombre de morts de famine. »
À son tour, la journaliste Amal Habib a déclaré sur la plateforme X : « Dans mon cœur, il y a un feu qui ne se voit pas ! C’est la deuxième fois que je vis la famine avec sa cruauté… Me promener dans les rues de la ville et ne rien trouver pour nourri mes enfants. Le sentiment d’impuissance face à mes enfants, l’oppression, comme si je trahissais ma maternité. Sentez-vous le poids de la faim dans mon cœur ? Entendez-vous le bruit des estomacs vides de mes enfants ? »
Sur Facebook, le journaliste Sami Muchtahy a affirmé : « Ce n’est pas une exagération… Si l’aide n’arrive pas dans les 48 heures, préparez-vous à la plus grande mort de masse de l’histoire. Nous vivons dans la famine depuis des semaines, et plus de deux mois sur la quasi-famine nous avons mangé un minimum de pain. Maintenant, il n’y a plus rien que vous puissiez manger… Personnellement, j’ai l’argent, mais en fait j’ai cherché longtemps aujourd’hui et je n’ai rien trouvé à manger. Quant aux enfants, préparez-leur les linceuls. »
Les raids meurtriers se poursuivent.
En 48 heures, 98 martyrs et 511 blessés ont été recensés, a déploré le ministère de la Santé à Gaza. Ce qui porte à 58.765 le nombre des martyrs et à 140.485 celui des blessés depuis le 7 octobre 2023.
Parmi les martyrs figurent le directeur de la police de Nusseirat le colonel Omar Said Aqel qui a succombé ainsi que les 11 membres de sa famille dans un raid ce samedi sur la localité al-Zawayda au centre de l’enclave.
Source: Divers