Avec l’approche des élections législatives libanaises prévues le mois de mai prochain, l’Arabie saoudite pourrait revenir de nouveau sur la scène libanaise, par crainte que le camp 14-mars qu’elle soutient ne subisse une débâcle. Il est manifestement plus divisé que jamais…
Une source informée de ce dossier et en lien avec les deux régimes saoudien et émirati a révélé pour l’agence russe Sputnik que ces deux derniers ont ris la décision de soutenir leurs alliés libanais, à leur tête les Forces libanaises et leur chef Samir Geagea.
Interrogé sur le chef du courant du Futur, Saad Hariri, dont les relations avec Riyad sont toujours sous l’effet d’un coup de froid depuis qu’il a été séquestré en Arabie saoudite, pour être contraint à la démission, ce responsable a répondu sous le couvert de l’anonymat que « durant la prochaine étape, la prudence et la précaution seront de mise pour Riyad qui évalue toujours la position de M. Hariri et sa relation avec lui ».
« Hariri ne sortira jamais du giron de l’Arabie saoudite ni l’Arabie ne renoncera à lui au Liban », a cru deviner cette source, selon Sputnik, car il s’agit selon elle « du cours des choses, réaliste et logique».
Selon le journal libanais Al-Akhbar, citant des sources arabes diplomatiques, « l’Arabie œuvre pour serrer les rangs et unifier le camp du 14-mars sous une seule bannière électorale ».
Il est aussi question, rapporte le quotidien libanais proche du camp du 8-mars, que le royaume wahhabite va dépêcher une délégation haut-placée pour rencontrer M. Hariri.
Elle sera présidée par le conseiller de la Cour royale Nizar al-Aaloula qui va venir à Beyrouth avant que Hariri ne se rende à Riyad.
Al-Akhbar assure que M. Aaloula va remplacer Thamer al-Sabhane, le ministre des affaires du Golfe, dont la prestation au Liban avait soulevé un tollé général, surtout que ses interventions étaient truffées de menaces pour les Libanais.
Une nouvelle escalade n’est pas à écarter si le nouvel émissaire saoudien viole le protocole et ignore la visite des deux chefs de l’Etat et du législatif, comme l’avait fait son prédécesseur.
C’est justement à tout cela que Joubrane Bassil le ministre libanais des AE a du faire allusion, dans sa tournée électorale dimanche, en critiquant « l’ingérence des ambassadeurs dans nos affaires internes », et affirmant « qu’il est interdit qu’un ambassadeur puisse faire gagner un député ».
Selon les milieux du courant du Futur, les prévisions sur le retour en scène de l’Arabie saoudite pour des visées électorales sont exagérées, comme le fait remarquer son ministre au poste de l’intérieur Nouhad al-Machnouk.
N’empêche que dans les rangs du parti des Hariri, depuis l’affaire de sa démission forcée, les divisions intestines sont de plus en plus affichées, les faucons critiquant ouvertement M. Hariri.
C’est le cas surtout de l’ancien chef des Forces de sécurité intérieure et ministre de la justice Achraf Rifi.
Pour le journal saoudien Oukaze, il a accusé le Premier ministre libanais d’avoir « renoncé à la cause », sans préciser laquelle, et « d’être retourné dans la prison du Hezbollah », depuis qu’il a renoncé à sa démission.
Sur le plan des relations externes du courant, la réconciliation avec les FL tarde à venir, et les contacts sont toujours au niveau des échanges de reproches, comme l’indique le ministre de la culture Ghattass Khoury, proche du Futur, lequel n’affiche aucun empressement pour l’accomplir.
En revanche, il envisage sérieusement de mener campagne aux côtés du Courant patriotique libre, le parti du président libanais Michel Aoun. Une mesure qui fera éclater en l’air les bases du camp du 14-mars.
Ce qui explique le retour de Riyad à Beyrouth.