L’Arabie saoudite resserre de plus en plus l’étau contre la population yéménite en renforçant son embargo contre le Yémen.
« J’ai décidé de vendre mes meubles pour nourrir ma famille », se lamente Abdallah Sarhane qui, comme des milliers de Yéménites, est privé de salaire depuis des semaines.
Mois après mois, la situation se détériore pour les habitants de Sanaa, saignés à blanc par une guerre qui s’éternise et désormais menacés de famine faute de ressources financières.
Pour les fonctionnaires comme Abdallah Sarhane mais aussi de nombreux retraités, elle s’est brutalement aggravée en septembre lorsque la Banque centrale a été transférée de Sanaa, tenue par les forces yéménites, vers la ville d’Aden (sud), « capitale provisoire » du gouvernement démissionnaire du président Abd Rabbo Mansour Hadi réfugié à Ryad.
L’impact a été immédiat à Sanaa puisque les salaires ont cessé d’être versés à Sanaa et dans les régions contrôlées par les forces yéménites (armée + Ansarullah).
« Nous n’avons même pas de quoi manger, alors comment continuer à payer un loyer? », interroge Ibrahim Ahmed, un autre fonctionnaire. Pressé de payer des arriérés de loyer, il a dû installer sa famille chez ses parents à la campagne.
Universitaire, Jamil Aoûn affirme lui avoir renoncé à l’enseignement pour aller travailler dans une briqueterie. « Il faut bien gagner sa vie », dit cet ex-professeur de philosophie à l’université de Sanaa.
Son collègue Abdallah Mouammar al-Hakimi a lui aussi trouvé une autre occupation: la vente de qat, une herbe euphorisante largement consommée au Yémen.
La suspension du versement des salaires est le dernier signe en date de l’effondrement progressif de l’économie du Yémen, le pays qui était déjà le plus pauvre du monde arabe avant la guerre saoudienne déclenchée en mars 2015 en soutien au gouvernement démissionnaire de Hadi.
Risque de famine
« Il s’agit de la mesure la plus grave qui impacte la vie quotidienne de sept à huit millions de Yéménites. C’est le signe d’un effondrement total de l’économie », prévient Mustapha Nasser, directeur du Centre des études et des informations économiques.
Aucun signe ne laisse augurer d’une fin de la guerre saoudo-US qui a déjà fait en 19 mois 6.900 morts, 35.000 blessés et provoqué une grave crise humanitaire.
Le Progamme alimentaire mondial (PAM) a tiré mardi la sonnette d’alarme face au risque d’une famine.
« La faim augmente chaque jour et les gens ont épuisé tous leurs moyens de survie. Des millions de personnes ne peuvent pas survivre sans aide extérieure », s’est alarmé le directeur régional du PAM, Muhannad Hadi.
Cet organisme de l’ONU craint que « toute une génération soit durement touchée par la famine ». Il annonce « avoir besoin de plus de 257 millions de dollars pour apporter d’ici mars 2017 une assistance alimentaire vitale » notamment aux plus vulnérables, dont les femmes et les enfants.
Avec AFP
Source: Avec AFP