Tout en voulant sauver la face, Daesh n’en prépare moins son départ de Mossoul, a insi que sa relève, laquelle semble être du for de la Turquie et de l’Arabie saoudite.
Alors que dans son agence de propagande, cette milice wahhabite takfiriste promet la défaite aux Etats-Unis, dans les tracts qu’elle distribue à ses miliciens, elle prépare leur retrait. Mais elle compte surtout laisser derrière elle des signes qui devraient attiser les tensions communautaires, de quoi crédibiliser les mises en garde alarmistes des responsables saoudiens et turcs.
Depuis la préparation de l’assaut, ces derniers ne cessent d’évoquer un bain de sang si les combattants volontaires chiites du Hached Chaabi (Mobilisation populaire) participent à la bataille de Mossoul. Malgré les dénégations objectées par de nombreuses personnalités sunnites de poids dont le chef des tribus sunnites de Salaheddine.
Des graffitis contre les califes
Selon l’AFP, au lendemain de l’offensive lancée pour le déloger de son fief à Mossoul, Daesh a diffusé une vidéo sur son agence Amaq, promettant la « défaite » aux Américains en Irak.
Or, la veille, le commandement de cette milice terroriste dans la province de Ninive en Irak avait préparé le retrait de ses miliciens.
Dans un tract qu’elle leur a distribué, tout en leur ordonnant de rester fermes dans leurs positions, elle a envisagé l’éventualité de leur retrait et leur a ordonné dans ce cas de les bruler auparavant.
Le texte insiste aussi sur la nécessité que les miliciens restent dans l’attente des recommandations du chef de Daesh, Abou Bakr al-Baghdadi et qui seront diffusées dans les prochaines heures.
Selon l’agence Tasnim, qui a obtenu une copie du tract, Daesh a demandé à ces miliciens d’interdire aux habitants de Mossoul de quitter leurs maisons et d’écrire sur les murs des bâtisses des graffitis mensongers, pour attiser les tensions communautaires en chiites et sunnites.
« Ecrivez sur les murs de slogans qui insultent les califes. Vous en disposez d’une permission religieuse car cela est dans l’intérêt des Musulmans », est-il recommandé.
Le but étant sans aucun doute de faire adosser la responsabilité de cet acte aux éléments chiites de l’armée irakienne ou aux combattants volontaires du Hached Chaabi.
Curieusement, cette demande est en phase avec la campagne confessionnelle lancée par les responsables turcs et saoudiens. Le chef de la diplomatie saoudien Adel al-Jubeir évoquant un soi-disant bain de sang qui aurait eu lieu lors de la libération de la province de Salaheddine libérée depuis près de deux années.
Pas de bain de sang à Salaheddine
Membre du Conseil du Salut de la province de Salaheddine et chef de plusieurs tribus sunnites, cheikh Sabah Matchar al-Chamri a rejeté toutes ces fausses accusations.
« Je suis quelqu’un de connu et je suis responsable du sang des tribus car je suis le chef de plusieurs tribus. Il n’y a eu aucune friction ni aucun problème depuis que nous avons libéré nos régions, depuis un an et 8 mois personne n’a été tué et j’ai été le premier qui suis entré dans nos régions », a répliqué ce chef tribal, en réponse aux allégations de Jubair lui proposant de venir voir de ses propres yeux s’il y a eu un bain de sang.
« Ma tribu et moi sommes entrés avec le Hached Chaabi à Salaheddine. Nos hommes sont tombés en martyrs ensemble. Il n’y a aucune mentalité confessionnelle. Après la libération, ils se sont retirés des régions et se sont positionnés dans les périphéries », a-t-il aussi révélé.
Selon lui, il n’y avait aucune différence entre le Hached Chaabi (mobilisation populaire) et le Hached Aachayiri (mobilisation tribal).
« Certains ont classé le Hached Aachayiri comme étant sunnite et le Hached Chaabi comme étant chiite ; mais il n’y a aucune problème à ce que le Chaabi entre dans toutes les régions. Les habitants sont tous d’accord car ils voudraient libérer leurs régions, mais ce sont les hommes politiques qui refusent », a-t-il dit selon Tasnim. « Quiconque voudrait libérer Mossoul de Daesh sera le bienvenu », a-t-il ajouté.
Et cheikh Chamri de conclure : « Toutes les mobilisations sont une. Nous ne faisons pas de distinction entre elles ».