La télévision d’État syrienne a rapporté lundi matin que les « familles bloquées à Soueida » avaient commencé à quitter la province.
Dans une déclaration à l’Agence de presse officielle syrienne (SANA), le général Ahmad al-Dalati, commandant des forces de sécurité intérieure du gouvernorat de Soueida, a annoncé qu’un accord a été conclu pour évacuer tous les civils souhaitant quitter le gouvernorat de Soueida en raison des circonstances actuelles, en attendant leur retour sain et sauf dans leurs foyers.
Dalati a affirmé « l’engagement total à assurer la sortie de tous ceux qui souhaitent quitter le gouvernorat de Soueida ».
Et d’ajouter: « Nous donnerons accès à la province à ceux qui le souhaitent, dans le cadre de nos efforts continus pour consolider la stabilité et y rétablir la sécurité ».
« Nous avons mis en place un cordon de sécurité autour de Soueida pour la sécuriser et y mettre fin aux combats, afin de préserver la voie y menant à la réconciliation et à la stabilité. »
Le général Ahmad Al-Dalati et le commandant de la sécurité intérieure du gouvernorat de Deraa, le général de brigade Shaher Omran, ont reçu les familles bédouines détenues dans la ville de Soueida.
Les familles ont été évacuées grâce à un déploiement massif des forces de sécurité intérieure, qui ont œuvré pour sécuriser la zone et assurer la sécurité des civils.
Il y a deux jours, le chef spirituel de la communauté druze du gouvernorat de Soueida, Cheikh Hikmat Al-Hijri, a annoncé un accord de cessez-le-feu global à l’issue de négociations menées sous l’égide des États garants et avec la participation des parties locales.
L’accord de cessez-le-feu prévoit le déploiement des forces de sécurité dans la province de Soueida, mais pas dans la ville éponyme, et « l’ouverture de couloirs humanitaires pour permettre l’évacuation des civils et des blessés » via Busra Al-Harir et Busra Al-Sham, en compagnie des factions opérant sur le terrain et sans aucune objection.. Il prévoit également d’œuvrer pour la libération des bédouins détenus par « les groupes hors-la-loi », en référence aux formations armées druzes.
1 120 morts dans la spirale de violence à Soueida
Entre-temps, l’Observatoire syrien des droits de l’homme a annoncé que le bilan des violences qui ont éclaté la semaine dernière dans le gouvernorat de Soueida a atteint 1 120 morts.
Dimanche soir, l’Observatoire dénombrait 427 combattants druzes et 298 civils parmi les morts, dont 194 « exécutés sur le terrain par des membres des ministères de la Défense et de l’Intérieur ».
En revanche, 354 membres du ministère de la Défense et des Services de sécurité générale ont été tués, ainsi que 21 membres des tribus, dont trois civils « exécutés sur le terrain par des militants druzes ».
L’Observatoire a également signalé que les frappes aériennes israéliennes menées pendant l’escalade ont entraîné la mort de 15 membres des forces gouvernementales.
Plusieurs cessez-le-feu non respectés
Les jours précédents, un cessez-le-feu proclamé à plusieurs reprises par les autorités syriennes n’avait pas été respecté.
Les autorités avaient annoncé un cessez-le-feu samedi, mais il n’est entré en vigueur que dimanche, après le retrait des combattants bédouins et des tribus d’une partie de la ville de Soueida, dont les groupes druzes ont repris le contrôle.
L’annonce du cessez-le-feu par Damas est intervenue quelques heures après une déclaration de Washington affirmant avoir négocié une trêve entre la Syrie et Israël qui dit vouloir protéger les druzes.
Cet accord a permis le déploiement des forces gouvernementales dans la province –mais pas dans la ville même de Soueida– ce que refusaient jusqu’alors Israël et le chef spirituel des druzes cheikh Hekmat al-Hejeri.
Les affrontements ont d’abord opposé des groupes druzes et bédouins. Les forces gouvernementales syriennes s’étaient déployées en début de semaine dans la province de Soueida, avec pour objectif affiché d’y rétablir l’ordre. Mais elles ont été accusées par des ONG, des témoins et des groupes druzes de prendre le parti des combattants bédouins et tribaux et d’avoir commis des exactions massives.
Et Israël a mené des frappes sur Damas pour les contraindre de se retirer.
Dimanche Les journalistes de l’AFP présents à la périphérie de la ville de Soueida ont fait état d’une matinée sans affrontements, tandis que des convois humanitaires se préparaient à y entrer. Cheikh al-Hejeri avait refusé l’entrée du convoi du gouvernement syrien qui était conduit par trois ministres dont celui de la Santé.
Des combattants bédouins et des hommes armés tribaux venus en renfort de différentes régions de Syrie, avaient évacué samedi soir la ville de Soueida, après s’être livrés à des pillages et des exactions selon des témoins et des ONG.