Une dizaine d’organisations dont Progressive International, Stop Arming Israel, l’AFPS, BDS France, Attac, France Palestine, Droit et Solidarité, ont publié le mardi 10 juin un rapport commun, qui assure que les exportations d’armes à Israël n’ont, à aucun moment été interrompues.
Fruit de recherches approfondies sur les exportations françaises en Israël basées sur les données publiées par l’Autorité fiscale israélienne, ce rapport a été révélé lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale à l’invitation des députés LFI Sophia Chikirou et Bastien Lachaud, membres de la Commission de Défense.
Il observe que « plus de 15 millions d’articles dans la catégorie « bombes, grenades, torpilles, mines, missiles et autres munitions de guerre » d’une valeur de plus de 7 millions d’euros, ainsi que 1868 articles dans la catégorie « pièces et accessoires de lance-roquettes, grenades, lance-flammes, artillerie, fusils militaires et fusils de chasse », d’une valeur de plus de 2 millions d’euros ».
Le rapport repose également sur des documents de navigation et des analyses douanières. Il retrace les expéditions effectuées par des cargos comme le Contship Era, des vols FedEx opérés par ASL Airlines, et même un vol de l’armée française.
Pas moins de 14 vols de fret, contenant pour la plupart des « pièces et accessoires de lance-roquettes, grenades, lance-flammes, artillerie, fusils et carabines militaires », ont atterri à l’aéroport israélien Ben Gourion entre décembre 2023 et avril 2025. Trois vols, transportant des pièces de F-35, en provenance des États-Unis et à destination d’Israël, ont par ailleurs transité par Paris.
“Le gouvernement de Macron parle avec deux bouches » a pesté pour l’agence Anadolu, David Adler, représentant de Progressive International : “D’un côté, il parle de paix, de reconnaissance de l’État palestinien, et de l’autre, il alimente l’effort de guerre israélien par ses ports et ses aéroports.”
La semaine dernière, alors que les dockers de Fos-sur-mer refusaient de charger des composants militaires qui devaient partir pour Israël, marquant leur refus de « participer au génocide en cours orchestré par le gouvernement israélien », le ministre des Armées Sébastien Lecornu répondait de sang-froid : « Il n’y a pas d’armes vendues à Israël ».
« Tout au long du génocide en cours, nous avons pu observer les présidents verser ce que l’on peut appeler des larmes de crocodile pour le peuple palestinien. Le président Macron a fait des discours sur la souffrance des Palestinien-nes, fait des promesses creuses sur leur libération et présentant la France comme championne des droits humains », ironise David Adler, dans sa présentation du rapport. « Mais aujourd’hui nous pouvons confirmer ce que beaucoup soupçonnaient depuis longtemps : que la France a joué et continue de jouer un rôle central dans le transport d’armes envers Israël, non pas dans un but défensif mais pour être déployées contre le peuple de Gaza et des territoires occupés de Cisjordanie ».
A noter que la France a signé le traité de l’ONU sur le commerce des armes, censé empêcher les ventes d’armes en cas de risque de violation des droits humains. Mais elle ne semble pas toujours respecter cet engagement, et poursuit ses exportations sous le sceau du secret alors que la Cour Internationale de Justice a attesté en janvier 2024 du « risque de génocide » perpétré par Israël à Gaza.
«La France a signé un traité, elle doit respecter sa parole. Le traité est très clair : lorsqu’il y a un risque de commission de génocide ou de crimes contre l’humanité, les ventes et les livraisons doivent s’interrompre. Ça n’a pas été le cas, et la responsabilité du gouvernement français est totale en la matière puisque c’est lui qui autorise ces ventes », a rappelé le député Bastien Lachaud pour conclure la conférence de presse.
La publication de ce rapport intervient à une semaine du salon annuel du salon de l’aéronautique et de l’espace (SIAE) du Bourget.
Mardi, le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté la requête d’associations qui lui demandaient d’en bannir les entreprises israéliennes au nom du risque de perpétuation de « crimes internationaux ».
Selon l’AFP, plus de 30 associations, dont Attac-France, Stop Fuelling War et Survie, l’ONG palestinienne Al-Haq et l’Union juive française pour la paix avaient demandé mercredi dernier à la justice d’obliger, en urgence, le SIAE à « prendre toutes les mesures en son pouvoir pour empêcher la promotion ou l’accueil d’entreprises, délégations ou intermédiaires susceptibles de participer à la perpétuation des crimes commis par Israël » dans les territoires palestiniens.
Selon un article publié par le média israélien i24NEWS, aucune interdiction n’a été émise par le ministère français des Armées, l’organisateur principal du salon.
Source: Divers