En France, de plus en plus d’organisations, de partis politiques, de composantes de la société réclament une action de leur gouvernement qui puisse mettre fin à la guerre israélienne génocidaire contre les Palestiniens dans la bande de Gaza.
Alors que les manifestations et sit-in condamnant le génocide se multiplient, une grande partie de l’opinion publique française soutient cette action. Selon le dernier baromètre Odoxa, 74 % des personnes interrogées soutiendraient la prise de sanctions contre Israël en cas de poursuite de l’offensive contre Gaza. 63 % des sondés se disent également favorables à une reconnaissance de l’Etat de Palestine.
Images ci-dessous de la manifestation organisée ce mercredi à Grenoble en soutien à Gaza
Images ci-dessous de la manifestation organisée à Paris lundi en soutien à Gaza
Du sang à la fontaine des Innocents
Ce mercredi, plusieurs ONG ont mené une action symbolique à Paris, où elles ont coloré en rouge l’eau d’une fontaine pour dire « stop au bain de sang » dans la bande de Gaza assiégée par Israël et dénoncer la « lenteur de la France » à agir.
« Stop au bain de sang », « Macron doit enfin agir »: une poignée de militants se sont donné rendez-vous en début de matinée à la fontaine des Innocents, dans la capitale française, où ils ont déversé plusieurs litres de colorant alimentaire rouge sur les marches du bassin et brandi des pancartes appelant les autorités à l’action face au désastre humanitaire à Gaza.
Selon l’AFP, cette opération organisée par Greenpeace France, Oxfam France, Amnesty International France, Médecins du Monde et Ekō vise à « dénoncer la lenteur d’action de la France face à l’urgence humanitaire absolue dans laquelle se trouve la population de Gaza », selon un communiqué.
« Les personnes à Gaza ont besoin de tout, c’est une question de survie », a rappelé Clémence Lagouardat, qui a coordonné la réponse humanitaire d’Oxfam à Gaza pendant cinq mois, dénonçant la « prolongation du blocage avec rien qui n’entre dans la bande de Gaza depuis bientôt presque trois mois ».
Israël a repris au compte-gouttes la semaine dernière la livraison d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, après plus de deux mois d’un blocus total de l’enclave de 2,4 millions d’habitants. Pour échapper à l’indignation de ses soutiens occidentaux qui ont multiplié ces derniers jours leur condamnation.
« Il y a un génocide en cours et l’inaction politique devient une sorte de complicité de ce génocide. On ne peut pas dire qu’on ne savait pas, on ne peut pas dire qu’on ne voit pas ce qui se passe, on ne peut pas dire qu’on n’est pas au courant de l’ampleur des massacres (…), des risques engendrés par le blocus humanitaire face à des centaines de milliers de personnes qui peuvent mourir du jour au lendemain », a dénoncé Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.
Ces ONG réclament notamment aux États « ayant de l’influence sur Israël » de faire pression pour un « cessez-le-feu immédiat et durable », un « embargo complet sur les armes », un soutien aux procédures judiciaires en cours devant la Cour pénale internationale, la mise en œuvre des décisions de la Cour internationale de justice, et la « révision de l’accord d’association Union européenne-Israël ».
Des manifestants israéliens à Paris
Autre évènement saillant en soutien à Gaza : le mardi 27 mai, des Israéliens ont manifesté à Paris ainsi que dans 13 villes européennes, devant le ministère français des Affaires étrangères, pour réclamer l’interruption de la guerre à Gaza.
Cette manifestation a été organisée à l’initiative de l’UJFP (Union juive française pour la paix) et de plusieurs personnalités israéliennes. L’historien et ancien ambassadeur d’Israël en France, Elie Barnavi figure parmi ces personnalités. « Si on n’arrête pas cette folie, on risque de se perdre, Israël aura un visage tel que des gens comme moi ne pourrons plus y vivre », a-t-il dit au micro de France 24.
Quelle lâcheté aujourd’hui
Sur le plan partisan, les initiatives ne manquent pas surtout dans la gauche française.
L’ex-ministre et ancienne maire socialiste de Lille Martine Aubry a cinglé mardi «la lâcheté » du monde devant la situation « dramatique » à Gaza, appelant à « agir vite », notamment en parachutant de l’aide sur le territoire palestinien avec des avions militaires. « Les grands mots c’est bien, les grands communiqués c’est formidable (…). Mais que fait-on? Quelle lâcheté aujourd’hui du monde par rapport à ce qu’il se passe à Gaza! », s’est indignée Mme Aubry.
La solution à 2 Etats plus menacée que jamais
Alors que le président français affiche sa détermination à reconnaitre l’Etat de la Palestine, potentiellement en juin, dans le cadre d’une démarche d’une reconnaissance mutuelle, la solution à deux États pour Israël et les Palestiniens « est plus menacée que jamais », a reconnu mardi une source diplomatique française.
Selon cette source, une « normalisation pleine et entière » des relations entre Israël et les pays arabes est « peu probable » d’ici à la conférence de juin à New York.
Mais « les événements (actuels) nous montrent que cette solution n’a jamais été aussi nécessaire », a-t-elle poursuivi.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne cache pas depuis des années son hostilité à l’établissement d’un Etat Palestinien alors que ses velléités d’occuper et d’annexer la bande de Gaza et la Cisjordanie. Son dernier prétexte est que cela serait « une récompense pour le terrorisme ». Or, il adopte cette position depuis les années 2000.
En réponse à l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 qui a fait 1200 morts israéliens, l’armée d’occupation israélienne a tué en 600 jours de guerre au moins 54.056 Palestiniens, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU. Elle mène depuis mars dernier une offensive terrestre de grande envergure dans laquelle elle a investi 5 divisions, destinée à occuper la totalité de l’enclave en vue d’en expulser ses habitants palestiniens.
Source: Avec AFP