Le site Suwayda 24 tenu par des journalistes originaires du gouvernorat de Soueïda, qui est le théâtre d’une gravissime escalade sécuritaire et militaire depuis dimanche 13 juillet a livré sa version des faits et des dernières évolutions.
Il accuse principalement les forces gouvernementales syriennes d’être responsables de ce cycle de violences qui a coûté la vie à près de 100 personnes. Sans évoquer le rôle des tribus bédouines dont il a été question ces deux derniers jours dans les rapports médiatiques.
Selon lui, l’attaque a été lancée par les forces des ministères de la Défense et de l’Intérieur, à partir de deux axes principaux : Busr al-Harir-Taara et Umm Walad-Kanaker. Elles étaient appuyées par des chars et des véhicules blindés, et protégées par des drones et des mitrailleuses lourdes.
« L’incursion militaire a débuté par une attaque surprise contre le village de Taara, malgré l’annonce du ministère de la Défense d’envoyer des forces pour résoudre le conflit. Elle s’est heurtée à la résistance des groupes locaux et des habitants. De violents affrontements ont éclaté, accompagnés de bombardements, faisant des dizaines de victimes et de blessés, dont des civils » rapporte le site.
Et de poursuivre en livrant les détails des affrontements : « Les forces militaires attaquantes ont progressé depuis le village de Taara vers al-Dour et al-Mazra’a, puis ont pris le contrôle du village de Walgha, au milieu de violents affrontements dans toutes les zones traversées. Le deuxième axe, en direction de Kanaker, a été le théâtre de violents affrontements qui se sont poursuivis jusque tard dans la nuit. Simultanément, les forces attaquantes ont ouvert des axes d’attaque depuis plusieurs autres points, notamment al-Majimar, Labeen, Harran, Hazm et d’autres, qui ont été le théâtre d’affrontements et d’échanges de tirs, sous des tirs de mortier et d’artillerie. »
Citant des sources civiles, Suwayda 24 rend compte « de pillage, de vols et d’incendies de biens et d’habitations dans les villages attaqués par les forces gouvernementales syriennes qui n’ont pas cessé à ce jour », après avoir évoqué les communiqués officiels des ministères syriens de l’Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères et de l’Information qui avaient insisté que l’intervention des forces militaires vise à résoudre le conflit et qu’elles ont été prises en embuscade.
Suwayda 24 évoque aussi des scènes d’humiliation et d’insultes envers les civils et rend compte de l’arrestation de plusieurs habitants et de la capture de combattants locaux.
Selon lui, des membres du ministère de la Défense ont aussi été capturés par des groupes locaux, et des véhicules militaires ont été saisis ou détruits.
Citant des sources médicales à l’hôpital national de Soueïda, le site rapporte que le bilan des morts depuis le début des violences de dimanche dans le quartier d’al-Mqawas et les événements qui ont suivi lundi s’élève à environ 53, dont des femmes et des enfants et plus de 200 blessés.
« Des rapports font également état de pertes humaines et matérielles et de dizaines de blessés parmi le personnel du ministère de la Défense », selon le site.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) avait lundi émis des craintes que « ces affrontements ne soient provoqués de toutes pièces, pour servir de prétexte et imposer un contrôle sécuritaire total sur la province ».
Lundi soir, il a fait état de la mort de 99 personnes, dont 60 parmi les habitants de Soueïda, 18 parmi les tribus bédouines et 14 du ministère de la Défense ainsi que 7 autres dont l’identité est inconnue mais qui portaient les tenues militaires officielles.
« Un calme précaire règne dans le gouvernorat de Soueïda », rapporte l’OSDH qui rend compte de l’arrêt des affrontements entre les éléments du ministère de la Défense et des tribus bédouines d’un côté et des combattants druzes de l’autre.
Selon l’OSDH, les forces gouvernementales se trouvent désormais à 3 km du centre de la ville de Soueïda, et les combattants druzes ont intercepté un drone de type Shahin.
« Des personnalités influentes refusent toujours de rendre la ville par la force des armes tandis que le petit-fils de la famille al-Atrache appelle à la mobilisation générale », assure-t-il.
Un communiqué diffusé dans la soirée de lundi par des habitants de Soueïda a demandé à l’Etat « d’assumer entièrement ses responsabilités constitutionnels et juridiques pour protéger la vie des civils » et d’imposer son autorité dans tout le gouvernorat.
Le porte-parole du ministère de la Défense, Hassan Abdul Ghani, a déclaré à la télévision syrienne que la situation militaire à Soueïda était sur la voie de contrôle.
Ce matin, le ministère syrien de l’Intérieur a imposé un couvre-feu dans la ville de Soueïda en préparation à l’entrée des forces armées et de sécurité, ont rapporté des médias syriens. La démarche a été saluée par la présidence spirituelle de la communauté des druzes qui a invité les factions locales à ne pas leur résister et à leur remettre leurs armes.
Source: Divers