L’administration Trump a annoncé vendredi la « suppression immédiate » de 400 millions de dollars de subventions fédérales à l’université privée new-yorkaise Columbia, épicentre des manifestations propalestiniennes au printemps 2024, qu’elle accuse d’inaction face « à des actes antisémites ».
Depuis son investiture le 20 janvier 2025, c’est la première fois que le président républicain annonce une offensive si directe contre les finances d’une université.
Selon le site internet de Columbia, ses revenus s’élevaient en 2024 à 6.6 milliards de dollars, dont 1.3 milliard d »‘aides gouvernementales ».
« Ces suppressions représentent la première série d’actions et d’autres devraient suivre », ont écrit vendredi quatre agences et ministères fédéraux, dont ceux de la Justice et de l’Education, dans un communiqué qui dénonce « l’inaction face au harcèlement persistant des étudiants juifs ».
Politisation de l’enseignement supérieur
« C’est un nouvel exemple de la politisation de l’enseignement supérieur et de l’ingérence du gouvernement qui entravent la liberté académique et l’autonomie institutionnelle », a regretté, dans une réaction à l’AFP, la présidente de l’Association américaine des universités (AACU), Lynn Pasquerella.
Les positions de l’administration Trump « soulèvent de sérieuses inquiétudes quant à la liberté académique et les droits du premier amendement » de la Constitution américaine sur la liberté d’expression.
Les conséquences seront ressenties « non seulement par les professeurs et les étudiants, mais aussi par tous ceux qui bénéficient de la recherche essentielle sur des maladies » et « d’autres problèmes de santé publique, menée à Columbia », a ajouté Lynn Pasquerella.
« Des manifestations illégales »
Le président républicain a eu les universités dans le viseur tout au long de sa campagne, dénonçant leur inaction face aux manifestations d’étudiants propalestiniens qui ont secoué les campus américains pour protester contre la guerre menée par Israël à Gaza, après les attaques du Hamas, et qui a fait plus de 55 mille martyrs et disparus palestiniens.
Cette semaine, Donald Trump a encore menacé de couper les fonds à toute université autorisant d’après lui « des manifestations illégales », promettant aussi d’expulser dans leur pays d’origine les étudiants étrangers « agitateurs ».
« Depuis le 7 octobre (2023), les étudiants juifs sont confrontés à une violence incessante, à l’intimidation et au harcèlement antisémite sur leurs campus – et sont ignorés par ceux qui sont censés les protéger », a écrit la ministre de l’Education Linda McMahon.
« Nous prenons au sérieux les obligations légales de Columbia et comprenons la gravité de cette annonce » de l’administration Trump, a réagi une porte-parole de l’université. « Nous nous engageons à lutter contre l’antisémitisme et à garantir la sécurité et le bien-être de nos étudiants, de notre faculté et de notre personnel », a-t-elle ajouté.
L’université de Columbia, établissement privé de la prestigieuse et sélective Ivy League, qui compte quelque 30.000 étudiants et où le budget pour une année de scolarité s’élève à environ 90.000 dollars, était devenue l’épicentre parfois tendu des manifestations contre les bombardements israéliens à Gaza et le soutien de l’administration Biden à Israël.
Devant les tribunaux
A l’appel de sa présidente, qui a depuis démissionné, la police de New York avait délogé manu militari du campus quelques dizaines de militants et étudiants pro-palestiniens le 30 avril 2024.
La présidente de Columbia avait été accusée de ne pas lutter assez fermement contre des propos ou des actes visant des étudiants juifs, mais aussi d’avoir eu la main trop lourde contre des groupes d’étudiants propalestiniens.
Ces derniers jours, de nouvelles manifestations ont eu lieu pour protester contre l’exclusion de deux étudiants qui avaient perturbé un cours sur l’histoire d’Israël au Barnard College – l’université pour femmes rattachée à Columbia.
Depuis son investiture, Donald Trump a multiplié les annonces chocs de licenciements massifs dans l’administration fédérale, ainsi que des coupes importantes dans le financement public de la recherche médicale, ce qui va impacter les universités. La Maison Blanche compte économiser 4 milliards de dollars par an, des réductions dénoncées dans le monde de la recherche scientifique.
De nombreuses mesures lancées par le président américain ont été contestées devant les tribunaux et pour certaines bloquées par des juges.
Source: Avec AFP