Les appels se sont multipliés vendredi pour que le gouvernement néo-zélandais ouvre une enquête sur une opération de ses forces spéciales en Afghanistan en 2010 qui aurait provoqué la mort de six civils, dont une fillette de trois ans.
La controverse a éclaté cette semaine avec la publication d’un livre soutenant que les forces spéciales avaient monté une expédition en représailles à la mort d’un militaire néo-zélandais. Mais en raison de mauvais renseignements, cette opération aurait pris pour cibles des civils, et non des insurgés.
« Hit and Run » (Frappe et file, NDLR), l’ouvrage des journalistes d’investigation Nicky Hager et Jon Stephenson, soutient en outre que le gouvernement et l’armée avaient couvert cette bavure et affirmé qu’aucun civil n’avait été tué alors qu’ils savaient que ce n’était pas le cas.
United Future, un des partenaires de la coalition de centre-droit au pouvoir, a demandé vendredi l’ouverture d’une enquête, en citant les multiples sources mettant en cause la version officielle.
Amnesty International a également demandé une enquête tandis que des avocats spécialisés dans la défense des droits de l’Homme ont dit avoir été saisis par les villageois afghans.
La Nouvelle-Zélande avait envoyé en 2003 en Afghanistan une équipe spécialisée dans la reconstruction ainsi qu’un petit contingent de forces spéciales.
Le 22 août, des forces spéciales néo-zélandaises avaient effectué un raid dans la province de Baghlan (nord) avec l’aide d’hélicoptères américains.
Peu après, Mohammad Ismail, le chef du district de Tala Wa Barfak, dans cette province, avait affirmé à l’AFP que les forces internationales avaient tué huit civils lors d’une opération héliportée.
L’armée néo-zélandaise avait tout d’abord gardé le silence sur leur participation, avant d’affirmer que neuf talibans avaient été tués, tout en soutenant qu’aucun civil n’avait perdu la vie.
Mais Wayne Mapp, qui était alors ministre de la Défense, a reconnu cette semaine pour la première fois qu’il savait depuis 2014 que des civils avaient été tués.
« Je suis sûr que tout le monde a des remords », a-t-il dit à Newshub. « Au moment de l’attaque, elles (les forces néo-zélandaises) pensaient être attaquées par des insurgés. »
« Hit and Run » rapporte sur la foi de témoignages de villageois et de sources militaires non identifiées que six civils ont péri, dont une fillette de trois ans prénommée Fatima.
Le livre affirme en outre que les militaires n’avaient pas apporté de soins médicaux aux soldats blessés et étaient retournés dix jours plus tard dans le village pour saper les efforts de reconstruction des habitants.
Nicky Hager observe qu’un tel comportement relève, s’il est confirmé, du crime de guerre.
Avec AFP