L’échéance était très attendue et a tenu ses promesses sans forcément changer la donne: la vice-présidente démocrate Kamala Harris et l’ancien président républicain Donald Trump se sont durement affrontés mardi soir lors d’un débat télévisé aux forts enjeux, à deux mois de l’élection présidentielle du 5 novembre.
Voici les cinq choses à retenir de ce premier – et peut-être dernier – débat télévisé entre les deux candidats à la Maison Blanche, qui s’est déroulé à Philadelphie, dans l’Etat clé de la Pennsylvanie.
« C’est à moi de parler si vous le voulez bien », a lancé Donald Trump à sa rivale démocrate. Le débat de 90 minutes sur la chaîne ABC s’est pourtant déroulé selon des règles strictes, les micros des candidats étant coupés une fois leur temps de parole expiré. Cela n’a pas empêché aussi bien Kamala Harris que Donald Trump de s’interrompre à plusieurs reprises.
Dans un décor bleuté, sous la bannière du préambule de la Constitution américaine « Nous, le peuple », M. Trump est apparu l’air grave, le visage fermé et le regard braqué vers la caméra sans jamais regarder son adversaire.
En contraste, Mme Harris a fréquemment tourné la tête vers lui, avec une mine dubitative voire parfois moqueuse, le poussant plusieurs fois dans ses retranchements.
« Trump est parfois apparu en roue libre, encore plus que d’habitude », a dit à l’AFP le politologue Larry Sabato.
Kamala Harris est partie à l’attaque contre l’ancien président républicain, lequel a nommé trois juges conservateurs à la Cour suprême qui a aboli la garantie fédérale à l’interruption volontaire de grossesse en 2022.
« J’avais prévenu que nous allions entendre un tissu de mensonges », a-t-elle taclé, alors que Donald Trump venait de dire que les démocrates permettaient que des bébés soient exécutés après la naissance.
« Nulle part en Amérique, une femme ne va aller au terme de sa grossesse pour demander un avortement. Ça n’arrive jamais. C’est insultant pour les femmes d’Amérique », a-t-elle poursuivi, énumérant les situations de détresse dans lesquelles ont pu se retrouver des femmes vivant dans des Etats ayant sévèrement restreint le droit à l’avortement.
Donald Trump souffle le chaud et le froid ces derniers temps sur cette question éminemment sensible, l’opinion publique américaine étant majoritairement favorable au droit à l’IVG. En renvoyant le sujet aux Etats, « j’ai rendu un énorme service » aux Etats-Unis, a-t-il assuré.
« A Springfield, ils mangent des chiens, les gens qui viennent (des migrants, ndlr), ils mangent des chats. Ils mangent les animaux de compagnie des habitants », a dit l’ancien président, reprenant l’accusation mensongère qui se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux à propos de migrants dans cette ville de l’Ohio (nord-est).
Sous le regard effaré de sa rivale et du modérateur, le journaliste David Muir, qui a répété à plusieurs reprises qu’aucune preuve n’est venue étayer cette information.
Des ténors républicains – jusqu’au colistier de Donald Trump -, ainsi que le milliardaire Elon Musk, colportent depuis quelques jours cette thèse, démentie par les autorités.
Comme de coutume dans le cadre de ces débats présidentiels, la politique étrangère n’a guère dominé la conversation. Mais en quelques phrases assassines, les deux candidats ont mis en avant des visions du monde radicalement opposées.
Le président russe Vladimir Poutine « ne ferait qu’une bouchée » de Donald Trump et serait d’ores et déjà installé à Kiev si le candidat républicain était à la Maison Blanche, a accusé Kamala Harris en soulignant, par ailleurs, que le républicain était « la risée » des dirigeants internationaux.
Donald Trump n’a pas été en reste, accusant Kamala Harris de « détester Israël ».
« Si elle devient présidente, je crois qu’Israël n’existera plus d’ici deux ans », a ajouté l’ancien président.
Certains redoutaient que Kamala Harris ne s’enferre dans un discours parfois un peu brouillon, bousculée par les attaques impétueuses de Donald Trump, mais la démocrate, visiblement bien préparée, a réussi à exposer clairement ses arguments et mis son adversaire sur la défensive, selon des analystes.
« Trump a été mauvais et Harris a incontestablement gagné », juge ainsi Larry Sabato. « Elle a vengé la défaite de (Joe) Biden lors du premier débat » en juin, qui lui a valu de jeter l’éponge.
« Précision et programme (pour Harris) contre chaos, colère et désinformation (pour Trump) », résume de son côté l’expert politique Julian Zelizer.
« Elle a gardé son calme et sa concentration, montrant clairement comment elle serait en tant que présidente », ajoute-t-il.
Source: AFP