Deux nouveaux journalistes palestiniens sont tombés en martyre, le dimanche 7 janvier, suite à une frappe israélienne contre leur voiture dans la bande de Gaza.
Hamza Waël Dahdouh, journaliste de la chaîne Al Jazeera, et son collègue Moustafa Thuraya, un vidéaste pigiste qui travaillait avec la chaîne qatarie et collaborait avec l’AFP et d’autres médias internationaux, sont tombés en martyre alors qu’ils roulaient en voiture, à la pointe sud du territoire palestinien, pour « effectuer leur travail », a déclaré Al Jazeera.
Un troisième journaliste qui voyageait avec eux, Hazem Rajab, a été grièvement blessé.
Des témoins ont déclaré à l’AFP que deux roquettes avaient été tirées sur la voiture : l’une a touché l’avant du véhicule et l’autre a atteint Hamza, qui était assis à côté du conducteur. « Nous avons ensuite trouvé les parties du corps (de ceux qui se trouvaient dans la voiture). L’ambulance est arrivée et a transporté ceux qui étaient dans le véhicule », a-t-on ajouté de même source.
« Al Jazeera condamne fermement le ciblage par les forces d’occupation israéliennes de la voiture des journalistes palestiniens », a déclaré la chaîne dans un communiqué, accusant l’occupation israélienne de « violer les principes de la liberté de la presse ».
Phil Chetwynd, directeur de l’Information de l’AFP, a déclaré que l’agence était « choquée » par la mort de Moustafa et que ses pensées allaient à sa famille. « Nous condamnons vigoureusement toutes les attaques contre des journalistes qui font leur travail et il est essentiel que nous ayons une explication claire de ce qui s’est passé », a-t-il ajouté.
Waël al-Dahdouh, père de Hamza al-Dahdouh, est le chef du bureau d’Al Jazeera dans la bande de Gaza. Il avait lui-même été récemment blessé dans une frappe israélienne et a perdu son épouse et deux enfants dans une autre frappe israélienne au cours des premières semaines de la guerre.
« Hamza était tout pour moi (…). Alors que nous sommes plein d’humanité, eux (l’entité sioniste) sont remplis d’une haine meurtrière », a déclaré M. Dahdouh à Al Jazeera.
Des images le montrent en pleurs dans un hôpital, étreignant la dépouille de son fils, entouré de proches et de journalistes.
« Le monde ferme les yeux »
Plus tard dans la journée, de nombreuses personnes se sont rassemblées pour les obsèques.
« Le monde devrait voir avec deux yeux, pas avec un oeil israélien, il devrait voir tout ce qui arrive au peuple palestinien (…) mais le monde ferme les yeux sur ce qui se passe dans la bande de Gaza », a déclaré M. Dahdouh, qui a été vu en train d’embrasser la main de son fils tué.
En décembre, Waël al-Dahdouh avait été blessé lors d’une frappe israélienne qui avait également tué un vidéaste d’Al Jazeera, Samer Abu Daqqa. La chaîne qatarie a perdu trois journalistes depuis le début de la guerre israélienne contre Gaza le 7 octobre.
Thuraya, âgé d’une trentaine d’années, collaborait avec l’AFP depuis 2019. Il a également collaboré avec d’autres médias internationaux. Lui et Hamza al-Dahdouh s’étaient rendus sur le lieu d’une frappe à Rafah. C’est sur le chemin du retour qu’ils ont été mortellement touchés par une frappe, selon des correspondants de l’AFP.
Les bombardements israéliens ininterrompus contre la bande de Gaza ont fait 22.835 martyrs, majoritairement des femmes et des enfants, selon le ministère palestinien de la Santé.
Le bureau médiatique du gouvernement dans la bande de Gaza a précisé qu’avec ces nouveaux décès, « le nombre de journalistes martyrs s’est élevé à 109 depuis le début de la guerre génocidaire dans la bande de Gaza ».
Réactions internationales
C’est une « tragédie inimaginable », a déclaré le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, dont le pays fournit des armes sophistiquées à l’entité sioniste.
« Nous sommes sous le choc », a pour sa part écrit sur X Christophe Deloire, le secrétaire général de l’ONG Reporters sans frontières, qualifiant la situation de « massacre sans fin ».