La course contre la montre et le froid s’est poursuivie toute la nuit en Turquie et dans le nord de la Syrie pour extirper des survivants des violents séismes qui ont ravagé la région lundi, laissant plusieurs milliers de morts.
Selon le dernier bilan officiel – qui risque de s’alourdir – près de vingt heures après la première des trois secousses, d’une magnitude de 7,8 ressentie jusqu’au Liban, à Chypre et dans le nord de l’Irak, près de 5000 personnes ont trouvé la mort dont 3381 en Turquie selon l’organisme public de gestion des catastrophes (Afad), et plus de 1.440 en Syrie.
انهيار عدة مباني سكنية في مدينة حلب السورية نتيجة الزلزال#سوريا #حلب #زلزال_ترکیا pic.twitter.com/O4fy00l3aC
— mahdisaade (@mahdisaade1) February 6, 2023
Les secours se sont acharnés dans le froid, sous la pluie battante ou la neige, parfois à mains nues, pour sauver chaque vie qui pouvait l’être, comme cette enfant de sept ans sortie des ruines à Hatay (sud), à la frontière syrienne, sous les yeux de l’AFP, après plus de 20 heures de terreur, le pyjama maculé de poussière. « Où est ma maman? », a-t-elle dit au secouriste qui la tenait dans les bras.
Le mauvais temps qui plane sur l’Anatolie complique la tâche des secours et rend le sort des rescapés plus amer encore, grelottant sous des tentes ou autour de braseros improvisés.
L’aide internationale à la Turquie doit commencer à arriver mardi avec les premières équipes de secouristes, de France et du Qatar notamment.
Le président américain Joe Biden a promis à son homologue Recep Tayyip Erdogan « toute l’aide nécessaire, quelle qu’elle soit ».
Les Français envisageaient de se rendre en particulier à Kahramanmaras, épicentre du premier séisme, région difficile d’accès et profondément meurtrie ensevelie sous la neige.
Selon le président turc, 45 pays ont proposé leur aide.
Les sanctions américaines amplifient la souffrance des Syriens
Cependant en Syrie, l’appel d’aide lancé par les autorités syriennes a été surtout entendu par la Russie, l’Iran et l’Irak.
Par ailleurs, des sources concordantes ont révélé au journal syrien Al-Watan qu’un grand nombre de compagnies de fret aérien se sont abstenues d’atterrir dans les aéroports syriens, par crainte de sanctions américaines et européennes contre la Syrie.
Et d’ajouter : « plusieurs pays ont demandé aux compagnies aériennes syriennes de transporter des tonnes d’aide à bord de leurs avions civils incapables transporter de grandes quantités d’aide ».
« Malgré cela, les compagnies syriennes ont accepté de transporter l’aide, qui arrivera à partir d’aujourd’hui aux aéroports d’Alep, Lattaquié et Damas », a-t-on indiqué de même source, citée par la télévision libanaise AlMayadeen.
Moscou a promis des équipes de secours « dans les prochaines heures », alors que selon l’armée, plus de 300 militaires russes sont déjà sur les lieux pour aider les secours.
Une dizaine de daeshistes s’évadent
Dans ces zones tenues par les rebelles, frontalières de la Turquie au nord-ouest de la Syrie, au moins 700 morts ont été dénombrés.
Profitant du chaos créé par le tremblement de terre, une vingtaine de miliciens du groupe takfiro-wahhabite Daesh se sont évadés d’une prison militaire à Rajo, contrôlée par des rebelles pro-turcs.
Des bilans huit fois plus élevés
Les bilans de part et d’autre de la frontière n’ont cessé de s’alourdir et compte tenu de l’amplitude des dégâts ils devraient augmenter au fur et à mesure des recherches.
Rien qu’en Turquie, les autorités ont dénombré près de cinq mille immeubles effondrés. Et la chute radicale des températures fait courir un risque supplémentaire d’hypothermie aux blessés, coincés dans les ruines.
L’Organisation mondiale de la santé a dit elle-même s’attendre au pire et redouter « des bilans huit fois plus élevés que les nombres initiaux ».
Dans la journée de lundi, pas moins de 185 répliques ont été enregistrées, consécutives aux deux premières secousses: l’une de 7,8 survenue en pleine nuit (04H17 locales), l’autre, de magnitude 7,5, à la mi-journée, les deux dans le sud-est de la Turquie.
Plusieurs répliques ont été enregistrées dans la nuit, mardi avant l’aube. La plus forte, de magnitude 5,5, a été enregistrée à 6H13 locales (3H13 GMT) à 9 km au sud-est de Gölbasi (sud).
Des dortoirs ont été ouverts par les autorités locales dans les gymnases ou les collèges ou même dans les mosquées afin d’héberger les rescapés. Mais par crainte de nouveaux séismes, nombre d’habitants ont préféré passer la nuit dehors, comme à Sanliurfa, dans le sud-est turc.
Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17.000 personnes, dont un millier à Istanbul.
Le chef de l’Etat turc a décrété un deuil national de sept jours et la fermeture des écoles pour la semaine.