Le porte-parole du Kremlin a annoncé le 3 décembre que «certains préparatifs» avaient été effectués pour «faire face» au plafonnement du prix du pétrole russe décidé la veille par l’UE, le G7 et l’Australie.
«Nous n’allons pas accepter ce plafonnement. Nous vous communiquerons la façon dont le travail sera organisé, après l’analyse qui sera rapide», a ajouté Dmitri Peskov selon des propos rapportés par l’agence de presse ruse Tass.
L’ambassade de Russie aux Etats-Unis avait un peu plus tôt ce même jour publié un communiqué sur Facebook après que Washington s’était félicité du plafond à 60 dollars du baril de pétrole russe adopté la veille par les 27 pays de l’Union européenne.
«En s’abritant derrière des objectifs plausibles de soutien à la sécurité énergétique des pays en développement, les stratèges de Washington passent soigneusement sous silence le fait que les déséquilibres actuels sur les marchés énergétiques sont le résultat de leurs propres actions irréfléchies», explique le texte, cité par RT.
La représentation russe aux Etats-Unis estime ensuite que cette mesure porte atteinte aux «principes de base du fonctionnement des marchés libres», ce qui aurait pour conséquence une «augmentation omniprésente de l’incertitude et des dépenses plus élevés pour les consommateurs de matières premières».
Aucun pays n’est désormais à l’abri
«De plus, aucun pays n’est désormais à l’abri d’un « plafond » à ses produits d’exportation pour des raisons politiques», ajoute l’ambassade qui dénonce un «outil dangereux et illégitime».
Enfin, elle rétorque que le pétrole russe continuera à trouver des acheteurs à travers le monde.
«Nous continuons de penser qu’un plafonnement des prix aidera à limiter la capacité de M. Poutine à profiter du marché du pétrole pour continuer à financer un appareil de guerre qui continue à tuer d’innocents Ukrainiens», avait pour sa part réagi le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby le 2 décembre après l’annonce de l’accord trouvé par l’UE.
Le mécanisme a aussi été adopté par les pays du G7 et l’Australie. Il entrera en vigueur le 5 décembre, le même jour que l’embargo de l’UE sur le pétrole russe acheminé par voie maritime. Cet embargo sur le brut maritime supprimera les deux tiers des achats européens de pétrole russe.
«L’économie de la Russie sera détruite», selon Kiev
Le chef de cabinet de la présidence ukrainienne, Andriï Iermak, a accueilli ces nouvelles avec joie, estimant que l’économie russe «sera détruite» par cette mesure.
«Nous atteignons toujours notre objectif et l’économie de la Russie sera détruite, et elle paiera et sera responsable de tous ses crimes», a-t-il déclaré.
Il a ajouté « qu’il aurait toutefois fallu abaisser [le prix plafond] à 30 dollars pour détruire [l’économie russe] encore plus rapidement», une proposition également défendue par Varsovie.
Le cours du baril de pétrole russe (brut de l’Oural) évolue actuellement autour de 65 dollars, soit à peine plus que le plafond européen, impliquant un impact limité à court terme.
« À partir de cette année, l’Europe devra vivre sans pétrole russe »
En réaction à la décision de l’UE de fixer le prix plafond du pétrole russe à 60 dollars de baril, un diplomate russe de haut rang a annoncé que l’Europe ne recevra plus de brut produit par son pays.
Les pays européens auront à vivre sans pétrole russe à partir du 5 décembre 2022, a déclaré le représentant permanent de Moscou auprès des organisations internationales à Vienne Mikhaïl Oulianov, rapporte Sputnik.
« À partir de cette année, l’Europe devra vivre sans pétrole russe (…). Attendez un peu, et l’UE accusera la Russie d’utiliser le pétrole comme arme », a assuré le diplomate sur sa page Twitter tout en qualifiant le plafond des prix de « contraire aux règles du marché ».
Auparavant, le Président Vladimir Poutine, ainsi que d’autres hauts responsables russes, ont à plusieurs reprises promis que Moscou n’allait pas vendre ses hydrocarbures aux pays qui approuveraient un tel plafonnement.