Les propos sur ‘la poursuite du blocus américain contre le Liban’ et ‘l’exposition des Libanais à davantage de souffrances’ annoncés le 4 novembre, par la sous-secrétaire d’État américaine pour les affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf, ont commencé à porter leurs fruits.
Washington a informé le Premier ministre Najib Mikati de son refus que le Liban bénificie du don du carburant iranien, sous peine de sanctions américaines.
Lors de son dernier discours axé sur l’accord de la démarcation des frontières maritimes sud, le 29 octobre, le secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, avait fait référence au don de carburant iranien au Liban, lorsqu’il a déclaré : « Les Américains n’autorisent pas l’acheminement du gaz égyptien et l’électricité jordanienne au Liban, et vous verrez demain quelle sera leur position concernant le don du carburant iranien au Liban ».
En effet, quelques jours après le discours de Sayed Nasrallah, les États-Unis ont officiellement informé le Liban qu’ils n’autoriseront pas le don iranien, sous prétexte que le pétrole iranien est soumis aux sanctions américaines, quelle que soit la forme sous laquelle il est échangé, gratuit ou pas.
Ils ont également invoqué les lois imposées par Washington sur Téhéran après le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire iranien sous l’administration de l’ancien président américain Donald Trump, en 2018.
« Pourtant, après la proposition faite par Sayed Nasrallah, en juillet, sur l’intention de l’Iran de fournir gratuitement du carburant aux centrales électriques libanaises, conformément à un accord avec le gouvernement libanais, les autorités officielles concernées ont contacté des responsables américains et ont compris que les sanctions américaines n’incluent pas les dons », ont rapporté des sources concordantes au quotidien libanais AlAkhbar.
Cependant, il s’est avéré plus tard que cette position n’était pas officielle, et que les Américains auraient délibérément avancé des réponses confuses de peur que leur refus n’affecte les négociations sur la démarcation des frontières maritimes avec « Israël ».
Lorsque le médiateur américain, Amos Hochstein, a été interrogé sur la question, il n’a pas donné de position claire et a dit au ministre de l’Énergie Walid Fayyad de laisser cette question au Premier ministre car une telle décision nécessite l’approbation du Conseil des ministres. Ceci a été saluée à l’époque par l’ambassadrice américaine, Dorothy Shea.
Il apparaît également que le Premier ministre Najib Mikati était conscient de la réalité de la position américaine. Après plusieurs atermoiements, Mikati a dit vouloir s’assurer que le don iranien était gratuit, et que le carburant iranien était conforme aux spécifications des usines libanaises.
Sous la pression de la coupure d’électricité, le Premier ministre a été contraint de former une délégation technique qui s’est rendu à Téhéran pour discuter du don et présenter des conditions, telles que l’augmentation du volume du don afin d’augmenter, à huit heures par jour, les heures d’alimentation en électricité.
Mikati a également tenu à refuser que la délégation soit dirigée par le ministre de l’Energie. Dans toutes ces étapes, la partie iranienne s’est montrée compréhensive face à l’embarras libanais et s’est montrée très ouverte à la coopération.
Mi-septembre, la délégation, qui comprenait le directeur général du ministère de l’Energie, Aurore Feghali, et le directeur de la production d’Electricité du Liban, Bechara Attia, se sont rendus à Téhéran pour négocier des termes, de la nature et de l’aspect technique du don ainsi que de la qualité du carburant. À leur retour au Liban, la délégation a préparé un rapport et informé les autorités officielles qu’elle était en train de discuter d’un protocole d’accord avec la partie iranienne.
La communication entre les deux parties s’est poursuivie jusqu’à la dernière semaine du mois dernier, lorsque la partie iranienne a envoyé un projet de protocole d’accord qui comprenait une indication claire affirmant qu’il s’agit d’un don gratuit visant à aider le Liban à faire face à la pression américaine.
Au début du mois de novembre, Fayyad a envoyé le projet et les détails techniques au bureau du Premier ministre pour approbation, car la question nécessite une décision du cabinet, et non pas une décision du ministre.
Or, il s’est avéré que Mikati avait entamé des contacts secondaires avec les Américains, et qu’il a été informé par un bureau juridique aux États-Unis que les dons iraniens sont passibles de sanctions, même s’ils sont gratuits.
Le Premier ministre a également été officiellement informé qu’il devait écrire au Trésor américain pour demander une exemption spéciale (semblable à l’autorisation donnée à l’Irak pour acheter du carburant iranien pour ses centrales électriques), permettant au Liban d’obtenir ce don sans qu’il soit soumis à des sanctions.
Selon des sources bien informées proches des contacts avec les USA, la partie américaine n’acceptera d’accorder aucune exception pour le Liban. Les USA ne lâcheront pas leurs pressions sur le Liban afin de l’empêcher de bénéficier de l’Iran ou de la Russie.