Le président russe Vladimir Poutine a menacé de recourir à « tous les moyens » à sa disposition pour défendre son pays face aux USA et à l’Otan, relançant les spéculations sur les risques de conflit nucléaire, pour la première fois depuis 1945.
Plusieurs experts et plusieurs responsables consultés par l’AFP expliquent les scénarios possibles.
– Quel genre d’attaque pourrait lancer Poutine ?
Pour James Cameron, du Oslo Nuclear Project, il est « très peu probable que Poutine utilise l’arsenal russe d’armes nucléaires stratégiques, capables de frapper les Etats-Unis, au risque de déclencher une guerre nucléaire apocalyptique ».
Mais la Russie, première puissance nucléaire du monde avec un stock de près de 4.500 têtes nucléaires selon les estimations de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), dispose d’armes nucléaires dites « tactiques », d’une puissance inférieure à la bombe d’Hiroshima.
Conformément à la doctrine nucléaire russe « d’escalade-désescalade », qui consisterait à faire usage en premier lieu d’une arme nucléaire de faible puissance pour reprendre l’avantage en cas de conflit conventionnel avec les Occidentaux, le président russe pourrait décider de faire exploser une de ces « petites » armes nucléaires dans l’espace aérien ukrainien ou en mer Noire.
Il pourrait aussi viser une installation militaire ukrainienne, dans l’espoir d’inciter l’Ukraine à capituler, voire inciter les Occidentaux à convaincre l’Ukraine de capituler, explique cet expert dans les colonnes du Washington Post.
– Qu’est-ce qui pourrait pousser Poutine à user de l’arme nucléaire?
Le maître du Kremlin a indiqué qu’il pourrait recourir à l’arme nucléaire si l’intégrité territoriale de la Russie était menacée.
Jusqu’ici, le gouvernement américain n’a observé aucun mouvement d’armes nucléaires qui puisse suggérer qu’une telle frappe est en préparation. « Nous n’avons rien vu susceptible de modifier notre posture », a indiqué jeudi le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder.
– Quelle réponse les Occidentaux peuvent-ils apporter ?
Ne pas répondre suffisamment fermement risquerait de diviser les alliés mais pourrait surtout, selon Matthew Kroenig, du Scowcroft Center for Strategy and Security, inciter d’autres pays, comme la Chine, à « penser que l’arme nucléaire peut les aider à atteindre leurs objectifs sans répercussions graves ».
Kroenig, ancien conseiller stratégique du Pentagone et de la CIA sous plusieurs administrations, a suggéré que les Etats-Unis répliquent par une frappe conventionnelle sur les forces ou la base militaire russe à l’origine de la frappe nucléaire, et une aide militaire renforcée à l’Ukraine, avec par exemple des systèmes d’artillerie à longue portée que Washington s’est jusqu’ici abstenu de fournir à Kiev.