Près de 80 ans après la guerre, la Pologne va demander environ 1300 milliards d’euros de dédommagement pour les crimes commis par les nazis dans le pays. Pour Berlin, la question est « close », Varsovie ayant renoncé à des réparations en 1953.
Le gouvernement polonais a estimé le 1er septembre le coût financier des pertes de la Seconde Guerre mondiale à 1300 milliards d’euros et a déclaré qu’il allait « demander à l’Allemagne de négocier ces réparations ».
« C’est une somme importante de 6,2 trillions » de zlotys, a déclaré lors d’une conférence le vice-Premier ministre Jaroslaw Kaczynski, chef du parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir, ajoutant que le processus avant que la Pologne ne reçoive ces réparations serait « long et difficile ». Dans ce total, « une partie très sérieuse est la compensation pour la mort de plus de 5,2 millions de citoyens polonais », a-t-il souligné. Selon le rapport, les pertes matérielles sont estimées à 800 milliards de zlotys (170 milliards d’euros).
Jaroslaw Kaczynski a fait ces déclarations lors d’une conférence consacrée à la présentation d’un rapport sur les pertes de la Pologne lors de la Deuxième Guerre mondiale. Depuis son arrivée au pouvoir en 2015, le PiS a souvent mis en avant la question des réparations. Les travaux sur ce rapport ont été entamés en 2017.
« Nous avons non seulement préparé un rapport, qui est un document ouvert et qui sera certainement complété, mais nous avons également pris une décision, une décision relative à une action ultérieure », a ajouté le Premier ministre polonais. Et cette action consiste à demander à l’Allemagne de négocier ces réparations.
« La question des réparations est close », répond Berlin
« Les Allemands ont envahi la Pologne et nous ont fait d’énormes dommages. L’occupation était incroyablement criminelle, incroyablement cruelle et a causé des effets qui, dans de nombreux cas, se poursuivent jusqu’à ce jour », a encore déclaré le président du PiS.
L’Allemagne a répondu dans la foulée à ses demandes, estimant que cette question était « close ». « La position du gouvernement fédéral n’a pas changé, la question des réparations est close », a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. « La Pologne a renoncé à de nouvelles réparations il y a longtemps, en 1953, et a confirmé cette renonciation à plusieurs reprises », a-t-il ajouté.
En effet selon Berlin, la Pologne a renoncé aux réparations de guerre de la part de l’Allemagne de l’Est en 1953, ce que les conservateurs polonais contestent.
La doctrine nazie considérait les peuples slaves, dont les Polonais, comme des sous-hommes (untermenschen) dont les terres devaient être colonisées. Le projet nazi, non mené à son terme, prévoyait de réduire cette population par la déportation ou l’extermination tout en l’exploitant par l’esclavage. À ce titre, l’occupation de la Pologne par le IIIe Reich fut extrêmement brutale. Son gouverneur allemand, Hans Frank, fut l’un des accusés au plus lourd réquisitoire au tribunal de Nuremberg. Il y a été condamné à mort pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, sentence exécutée par pendaison en 1946 dans la même ville.
Source: RT