L’essentiel n’a pas été dit au lendemain du cessez-le-feu conclu au terme de l’offensive israélienne de 3 jours contre la bande de Gaza.
Les non-dits de la guerre
Dans le discours pompeux de l’armée israélienne et celui de l’establishment politique, une rhétorique vante une victoire décisive contre cette enclave palestinienne, qui s’apparente à un camp de concentration. Omettant qu’elle est entièrement fermée, sous blocus depuis plus de 16 ans, à la merci des desideratas israéliens pour l’ouverture de ses passages frontaliers, il ignore de signaler ou d’expliquer comment la résistance s’est procurée plus d’un millier de roquettes qui se sont abattues sur les colonies jusqu’à la dernière minute qui a précédé le cessez-le-feu! Et pourquoi les Israéliens n’ont pas pu les faire taire en éliminant leurs plateformes !
Et les chiffres tronqués de Dôme d’acier
Chez ces dirigeants, c’est aussi le moment de la promotion commerciale du système anti missile Dôme d’acier (Iron dome), de concert avec la société Rafael qui l’a fabriqué avec l’aide financière de 5 m$ que les Etats-Unis lui ont accordée, sur les 38 allouées pendant le mandat du président Barack Obama en 2011.
Le thème central de la campagne publicitaire propagée est qu’il a abattu 97% des roquettes tirées par les factions de résistance palestinienne en particulier par le Jihad islamique.
L’armée israélienne met de l’avant le progrès enregistré par ce système depuis qu’il est entré en action en 2012, lors de l’offensive Pilier de la Défense ( Pillar of Defense ), puis en 2014 lors de l’attaque Bordure Protectrice ( Protective Edge), en passant par celle de 2019 Gardiens des Murs ( Guardian of the Walls ) et jusqu’à la récente attaque Levée de l’Aube.
Respectivement, le système aurait au début intercepté 75% des roquettes palestiniennes, puis 80%, 90% jusqu’à 97% .
Ce dernier chiffre semble déroutant en consultant les données officielles israéliennes, citées par The Times of Israël, et relayées par certaines agences internationales.
Le 7 août, le dernier jour des hostilités, avant le cessez-le-feu, elles ont rendu compte que sur les 580 roquettes et mortiers tirés, 200 auraient été interceptés tandis que 120 se seraient écrasés dans la bande de Gaza. Ce qui permet de croire que 260 autres ont réussi leurs tirs.
Les dirigeants israéliens expliquent ceci en arguant que ce ne sont pas toutes les roquettes palestiniennes qui sont traquées, peut-être à cause de leur coût, mais seulement celles qui si dirigent vers les zones habitées et les positions militaires de l’armée israélienne. Mais ils ne précisent pas le chiffre exact des roquettes concernées. Ils n’expliquent pas non plus comment certaines se sont abattues sur Ashdod, Ashkelon, Sderot, Ashkol, des colonies habitées. Serait-ce en raison du fait qu’elles ne sont pas de grandes villes !
Les failles du Dôme de fer
Des experts israéliens se sont penchés sur ces échecs. Deux d’entre eux ont rendu compte de certains missiles qui se sont abattus sur la ville Hod HaSharon, située à 120 km de la bande de Gaza (et environ 8 kilomètres à l’ouest de la Cisjordanie et à 8 kilomètres au nord-est du centre de Tel Aviv), et qui abrite plus de 52 mille habitants, dont plus de 99% de juifs.
Dans les médias israéliens, personne n’en a parlé. Ils rapportent qu’un incendie s’y serait déclaré « dans la nuit de lundi à mardi » ( 8 au 9 août) et aurait ravagé le parking d’un concessionnaire automobile , arguant que son « origine est criminelle » mais ses causes sont inconnues.
En tout cas, les deux experts israéliens, Eli Bar-On, un économiste spécialisé dans l’analyse des systèmes et la recherche de performance et Eli Meron, un ancien militaire et physicien, et professeur de gestion des connaissances au Département de génie industriel et de gestion de l’Université Ben Gourion dans le Néguev occupé, élaborent leur évaluation des performances de l’antimissile Dôme d’acier sur ce qu’il s’est passé à HaSharon, assurant avoir pris leur information du rapport de l’armée israélienne.
Dans leur étude technique, ils en ont conclu qu’il existe des failles dans ce système dont personne ne parle dans les deux institutions politique et militaire israéliennes qui étalent ce qu’ils considèrent être une performance presque absolue et le fait qu’il n’y ait pas eu de tués israéliens dans la riposte palestinienne, selon les données officielles.
Mais les failles captées sur Iron Dome par les deux hommes, pourraient être d’après eux fatales lors d’une confrontation avec le Hezbollah au Liban.
Se basant sur leur expérience et des rapports antérieurs, leur évaluation en arrive à en conclure que Dôme d’acier n’est pas capable de gérer les missiles de longue portée !!
En plus du fait qu’il souffre, selon eux, d’un « petit nombre de batteries », ou du manque « du nombre suffisant de missiles » à l’intérieur de chaque batterie, mais il ne s’est avéré efficace qu’uniquement avec des missiles d’une portée de 70 ou 75 kilomètres, avec une légère marge de mouvement non défini avec précision. Ils déplorent qu’il ne soit capable de faire face à aucun missile d’une portée de plus de 80 kilomètres.
La raison en est selon eux, que « le missile intercepteur doit effectuer une manœuvre complexe pour atteindre sa cible, et qu’il est contrôlé par l’angle de tir obligatoire requis par la composition des batteries ».
« Pour réussir la manœuvre complexe requise pour intercepter un missile, le missile intercepteur doit être beaucoup plus rapide que le missile cible. Mais concernant les missiles à longue portée qui transportent une très grande quantité de carburant, et qui disposeraient d’une vitesse dépassant celle des missiles intercepteurs, il est difficile pour Dôme d’acier d’y faire face. Il en découle qu’il sera voué à l’échec comme cela s’est passé dans la colonie HaSharon il y a quelques jours », ont-ils précisé.
Quant aux solutions proposées pour éviter cette faille et affronter des missiles d’une portée de plus de 80 km, les deux experts sionistes étudient l’idée d’augmenter le nombre de batteries et « d’atteindre ces missiles » lancés depuis Gaza au milieu de la route.
Ils suggèrent d’ajouter une autre « doublure / couche » aux batteries comme solution pratique pour intercepter les missiles à longue portée : elles devraient contenir un autre type de missile intercepteur qui est plus rapide que les missiles actuellement approuvés.
Fronde de David: films de sciences fiction
En outre, les deux experts israéliens comparent ces propositions avec le système israélien Fronde de David (David’s Sling) conçu pour intercepter des missiles à longue portée de 50 à 300 km, et prennent en compte le coût matériel pour en déduire la rentabilité en « comparant le coût au rendement. »
Or, le coût de son missile intercepteur qui est plus important et dispose d’une plus grande portée que celui de Dôme de fer, est estimé à un million de dollars américains la pièce, et donc sa mise mettre en œuvre constituent un « obstacle non résolu ».
En parallèle, les deux experts estiment que la rapidité des investissements immobiliers dans les implantations a réduit la part des espaces ouverts dépourvus de structures, et donc la possibilité de déployer des batteries suffisantes pour couvrir toutes les zones résidentielles est devenue plus difficile et plus coûteuse. Du coup, les risques de toucher des bâtiments, de causer des dommages et de faire des tués et des blessés restent plus élevés en termes de probabilité mathématique.
Supposant que chaque tir de missile nécessite deux missiles intercepteurs pour que l’interception soit réussie, les deux experts estiment qu’il faudrait alors examiner la question « statistiquement », pour imaginer le nombre de missiles ciblant l’entité, et par conséquent estimer le coût imaginaire qui en découlerait dans « le jeu des probabilités ». Ils en concluent que la réussite de chaque interception à cent pour cent sauf relève des films de sciences fiction ».
Rappelant que le coût du Dôme d’acier quoique bien inférieur (en moyenne 100 000 dollars pour un missile intercepteur), est peu pratique avec des missiles d’une portée de plus de 80 Km, ils assurent qu’il est donc impossible, du point de vue logistique et économique, que les industries militaires ennemies puissent couvrir les zones habitées avec un nombre suffisant de batteries d’intercepteurs de Fronde de David, en raison de ce coût fictif, et en raison de la « technique » du travail de ces batteries, et en raison de l’expansion des colonies et du manque de cadres humains suffisants.
Les intercepteurs lasers
Pour eux, il est donc nécessaire de développer des systèmes de missiles intercepteurs, même si leur succès n’est pas absolu, afin d’affronter les salves de « dizaines de milliers de missiles et de roquettes qui attaqueront » l’entité sionise en cas de guerre au nord, depuis le Liban, et ont réaffirmé leur précédente proposition d’introduire les systèmes d' »intercepteurs laser chimiques » qu’ils considèrent comme efficaces contre les mortiers et les missiles à courte portée tels que les Katiouchas et les Grads, d’autant que leur coût est très faible par rapport aux autres systèmes d’interception.
Ce système d’interception de missile qu’ils avaient proposé depuis quelques années est basé sur le laser chimique. Il est selon eux environ 17 fois plus puissant que le laser ordinaire bien connu, et sa réelle portée destructrice effective est d’environ 15 km au lieu de 1,5 km en vigueur actuellement.
Certains médias israéliens évoquent ce système laser depuis un certain temps. Baptisé Iron Beam system, il serait capable de viser les projectiles les plus petits. Joe Biden, lors de sa récente visite en Palestine occupée, l’aurait vu, selon AJC.org.
Mais les deux experts ne mentionnent pas qu’il a été utilisé dans la récente offensive. Ils insistent sur la nécessité de développer Dôme d’acier et Fronde de David comme s’il n’existait pas.
L’épuisement de l’arsenal
Scrutant les autres manquements probables en cas de guerre, ils appréhendent « l’épuisement de l’arsenal des missiles après le déclenchement d’une courte série de combats au cours desquels les Israéliens auraient utilisé la plupart de leurs stocks de missiles intercepteurs, alors que l’ennemi n’aura épuisé qu’une partie de son arsenal de missiles ».
« Alors nous serons dans une situation critique dans laquelle nous resterons pendant de longues périodes sans protection à la merci des missiles de cet ennemi », ont-ils averti.
Des analystes israéliens ne semblent pas être emballés par les fanfaronnades de leurs dirigeants politiques et chefs militaires. Reprenant leurs déclarations sur l’assassinat de deux dirigeants du Jihad islamique, en plus de 10 autres combattants, durant la récente flambée, ils ont mis en exergue que les tirs se sont poursuivis jusqu’à la dernière minute, paralysant la vie au sud et dans le centre de la Palestine occupée.
« Le fait de louer opération est exagéré. Je pense que nous sommes revenus dans l’enveloppe de Gaza aux mêmes restrictions qui étaient de vigueur avant l’opération… ses habitants vivent toujours dans la peur », a dit Amir Yahgevi, un analyste israélien.
Même avis de la part de Roï Sharon, le correspondant de Channel 11, il ne faut surtout pas commettre l’erreur de tabler sur une accalmie de longue durée, comme dans les conflits précédents.
« Les estimations dans l’institution sécuritaire est que l’accalmie va régner longtemps. Mais personne dans l’armée ne s’attend à ce qu’il y ait deux années de calme. L’erreur qu’avait commise le chef des renseignements Aharon Halifa avant l’opération Gardiens de Murs, personne n’osera la répéter en disant devant les caméras qu’il y aura 5 années de calme », a-t-il dit.
Le spectre de la guerre avec le Hezbollah
Un ex-commandant de la Brigade de Galilée au sein de l’armée israélienne, Gal Hersh a mis en garde de croire que le scénario avec le Liban serait similaire à celui de la bande de Gaza.
« La prochaine guerre ne sera pas semblable à cette la bande de Gaza . Notre public devrait ne pas s’accoutumer de ce genre d’opérations. Nous allons voir dans la prochaine guerre des scènes dures qui nécessitent d’être fermement attachés à nos positions et capables de faire face à des évènements bien plus difficiles sur une période plus longue », a-t-il dit.
Une mise en garde qui risque d’être de courte dure. Les vents de la guerre entre le Hezbollah et l’entité sioniste soufflent plus fort que jamais depuis que sayed Hassan Nasrallah a menacé les dirigeants israéliens de guerre au cas où ils ne parviennent pas à un accord avec le gouvernement libanais sur la démarcation des frontières maritimes.
Source: Divers