Malgré les appels des Occidentaux et du Japon, la Chine a annoncé le lundi 8 août la poursuite d’exercices militaires près de Taïwan, toujours en réplique à la visite de Nancy Pelosi sur cette île revendiquée par Pékin.
Au lendemain du départ de Taipei de Mme Pelosi, numéro trois américaine et présidente de la Chambre des représentants, l’armée chinoise avait lancé jeudi de vastes manoeuvres « à tir réel » dans six larges zones tout autour de Taïwan.
Ces exercices, en tout cas dans cette configuration, devaient s’achever dimanche midi (04H00 GMT) selon l’administration chinoise de la sûreté maritime. Ils avaient pour but de s’entraîner à un « blocus » de l’île, selon les médias officiels chinois.
Ils avaient suscité des critiques des chefs de la diplomatie du G7 (Etats-Unis, Japon, France, Allemagne, Italie, Canada, Royaume-Uni), lesquels avaient estimé qu’il n’y avait « aucune justification » à ces manoeuvres militaires « agressives ».
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, avait lui qualifié de « disproportion totale » la réaction chinoise.
Avec ses homologues japonais et australien, M. Blinken avait par ailleurs publié un communiqué appelant la Chine à stopper ses exercices militaires.
Mais des manoeuvres se poursuivent lundi. « L’Armée populaire de libération (…) continue de mener des exercices pratiques interarmées dans l’espace maritime et aérien autour de Taïwan, en se concentrant sur des opérations conjointes anti-sous-marins et d’assaut en mer », a indiqué dans un communiqué le Commandement du théâtre d’opération Est de l’armée chinoise.
Il n’a pas précisé dans quelles zones se déroulent ces manoeuvres, ni si elles sont « à tir réel » ou non.
L’armée chinoise a mené ces derniers jours autour de Taïwan les plus grands exercices militaires de son histoire dans cette zone, envoyant avions de chasse, navires de guerre, drones et tirant des missiles balistiques.
Ces manoeuvres ont notamment permis de « perfectionner et améliorer les capacités de destruction de cibles insulaires stratégiques avec des frappes de précision », a déclaré un officier des forces aériennes chinoises, Zhang Zhi, cité par l’agence de presse Chine nouvelle.
La Chine estime que Taïwan, une île peuplée d’environ 23 millions d’habitants, est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949).
Opposé à toute initiative donnant aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, Pékin est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d’autres pays.
Des responsables américains se rendent fréquemment dans cette île, mais la Chine juge que la visite de Mme Pelosi, l’un des plus hauts personnages de l’Etat américain, a été une provocation majeure.
La Chine a réagi en suspendant une série de discussions et de coopérations sino-américaines, notamment sur le changement climatique et la défense.
Pour prouver à quel point elle s’était approchée des côtes taïwanaises, l’armée chinoise a diffusé ce weekend une photo prise selon elle à partir d’un de ses navires de guerre, où l’on voit un bâtiment de la marine taïwanaise à quelques centaines de mètres seulement.
Ce cliché pourrait être le plus proche du littoral taïwanais jamais pris par les forces de Chine continentale.
L’armée chinoise a également rendu publique la vidéo d’un de ses pilotes de chasse montrant, de sa cabine de pilotage en plein vol, le littoral et les montagnes de Taïwan.
Selon la télévision publique chinoise CCTV, des missiles ont survolé Taïwan cette semaine, ce qui constituerait une première.
Source: Avec AFP