La Corée du Nord, poursuivant une série de tests, a lancé un missile balistique qui aurait été tiré par un sous-marin, a annoncé mardi l’armée sud-coréenne.
Ce test, qui pourrait donner à ce pays doté de l’arme nucléaire une capacité de seconde frappe, intervient alors que les deux Corées, toujours techniquement en guerre, semblent lancées dans une course à l’armement et que le dialogue Washington-Pyongyang est à l’arrêt.
« Notre armée a détecté un missile balistique à courte portée non identifié, il s’agirait d’un SLBM (missile balistique stratégique mer-sol, ndlr) tiré par la Corée du Nord », selon un communiqué des chefs d’état-major sud-coréens.
Le missile a été lancé depuis Sinpo vers la mer à l’est de la péninsule, ont-ils ajouté, « les services de renseignement sud-coréens et américains procèdent à une analyse minutieuse afin d’obtenir des détails supplémentaires ».
Sinpo est une ville portuaire de l’Est du pays avec un important chantier naval et des images satellites y ont auparavant montré la présence de sous-marins.
La question-clef sera de savoir si le missile a été tiré d’un sous-marin en activité ou bien d’une plateforme sous-marine ou d’une barge. S’il s’agit d’un sous-marin, cela signifierait une nouvelle étape pour l’arsenal nord-coréen avec la possibilité d’un déploiement bien au-delà de la péninsule coréenne et une capacité de seconde frappe en cas d’attaque sur ses bases militaires.
La Corée du Nord est frappée d’une série de sanctions par l’ONU car elle poursuit le développement d’armes nucléaires et de missiles balistique en contravention avec les résolutions de l’ONU.
Pyongyang développe actuellement un missile balistique depuis un sous-marin (SLBM) et a procédé à deux lancements sous mer en 2016 et 2019 mais le Pentagone et des analystes estiment qu’ils ont été effectués depuis une plate-forme immergée.
La Corée du Nord « veut une dissuasion nucléaire plus résistante capable de faire chanter ses voisins et les Etats-Unis », estime Leif-Eric Easley, professeur d’études internationales à l’Université Ewha de Séoul.
« Le SLBM nord-coréen est probablement loin d’être déployé de manière opérationnelle avec une tête nucléaire », pense-t-il, mais « Kim (Jong Un, le dirigeant nord-coréen ndlr) ne peut se permettre politiquement de sembler distancé dans une course aux armements régionale ».
Pyongyang a récemment effectué plusieurs tests, notamment un missile à longue portée, une arme tirée depuis un train et un missile présenté comme hypersonique. La semaine dernière, une exposition consacrée à la défense a été l’occasion de présenter l’armement du pays, notamment un immense missile balistique intercontinental (ICBM), dévoilé l’an passé lors d’un défilé militaire.
« La raison fondamentale de cette provocation du Nord est que les États-Unis ne changent pas leur position sur les pourparlers », a déclaré à l’AFP Shin Beom-chul, chercheur à l’Institut coréen de recherche sur la stratégie nationale.
Pour lui, le régime de « Pyongyang essaie ainsi de démontrer qu’il peut être encore plus provocant ».
La semaine dernière, lors de l’exposition, Kim Jong Un a accusé les Etats-Unis d’être la « cause profonde » de l’instabilité dans la péninsule, estimant qu’il n’existe aucune raison « de croire qu’ils ne sont pas hostiles ».
La péninsule coréenne semble lancée dans une course à l’armement.
En septembre, Séoul a testé son premier SLBM, devenant l’un des rares pays doté de cette technologie avancée, et a dévoilé un missile de croisière hypersonique.
Après le tir de mardi, le bureau de la présidence sud-coréenne a annoncé la tenue d’une réunion du Conseil national de la sécurité sans préciser le sujet qui sera évoqué.
Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a fait état de deux missiles balistiques tirés, qualifiant ce lancement de « très regrettable ».
Ce nouveau tir intervient alors que la directrice des services de renseignement américains, Avril Haines, est à Séoul pour participer à une réunion tripartite avec ses homologues sud-coréen et japonais sur la Corée du Nord, selon des médias.
Il a été lancé au lendemain de l’appel au dialogue avec Pyongyang lancé par Sung Kim, représentant spécial du président américain Joe Biden pour la Corée du Nord.
« Nous poursuivrons la voie diplomatique avec la Corée du Nord afin d’effectuer des progrès tangibles qui amélioreront la sécurité des Etats-Unis et de nos alliés », a affirmé lundi Sung Kim, à l’issue d’une rencontre son homologue sud-coréen Noh Kyu-duk à Washington.
« Nous n’avons aucune intention hostile envers la Corée du Nord et nous espérons les rencontrer sans conditions », a-t-il déclaré à la presse.
Le diplomate a cependant ajouté que les alliés avaient la « responsabilité de mettre en oeuvre les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU », faisant référence aux sanctions internationales que Pyongyang tente de faire lever.
Kim Jong Un avait rencontré à trois reprises le précédent président américain Donald Trump mais les pourparlers sont au point mort depuis le deuxième sommet en 2019, faute d’accord sur l’allègement des sanctions internationales et sur les gestes que Pyongyang était prêt à concéder en retour.
En 2017, Pyongyang avait testé des missiles susceptibles d’atteindre tout le territoire des Etats-Unis et procédé à son plus puissant essai nucléaire à ce jour.
Source: AFP