« Israël » semble bouleversé par une nouvelle loi polonaise qui fixe un délai de 30 ans aux juifs pour récupérer les biens saisis. La législation n’a pas encore été approuvée par le Sénat polonais, mais les responsables israéliens l’appellent déjà la « loi sur l’Holocauste ». Ils insistent sur le fait que c’est «immoral » et « une honte ».
Les survivants de l’Holocauste ont été indemnisés par différents moyens pour le crime qui a été commis contre eux par les Européens. Israël a bénéficié d’un important accord de réparation avec le gouvernement allemand. Par contre, Israël n’a rien donné à ses victimes, ni compensation financière, ni quoi que ce soit d’autre. Les Palestiniens vivent toujours dans des prisons à ciel ouvert et des camps de réfugiés, soumis à des blocus et à des abus constants, lorsqu’ils ne sont pas tués comme des lapins.
La semaine dernière, le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid, a insisté sur le fait que le projet de loi « est une honte qui n’effacera pas les horreurs ou la mémoire de l’Holocauste ».
Je ne vois pas quelle partie de la loi interfère avec la mémoire et les horreurs de l’holocauste. Je pense en fait que la tentative grossière de soutirer des milliards de dollars à la Pologne au nom d’une tragédie humaine peut avoir un impact négatif sur ce chapitre historique et la façon dont il est mémorisé.
Les Polonais n’approuvent pas que « l’État » juif interfère dans leurs affaires intérieures. Vendredi, le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a riposté à Lapid, soulignant : « Je peux seulement dire que tant que je serai Premier ministre, la Pologne ne paiera pas pour les crimes allemands : ni zloty, ni euro, ni dollar ».
Le ministre polonais des Affaires étrangères a fait écho à la position de Morawiecki, affirmant que les commentaires de Lapid étaient erronés. « La Pologne n’est en aucun cas responsable de l’Holocauste, une atrocité commise par l’occupant allemand également sur les citoyens polonais d’origine juive».
Au cours du week-end, la crise a semblé s’intensifier. Dimanche, la Pologne et ‘Israël’ ont convoqué l’ambassadeur de l’autre pour des réunions alors que les divergences entre les deux pays ne semblaient pas s’apaiser.
Je ne suis pas en mesure de juger ce qui est juste et qui a tort en matière de compensation. Supposons que la nouvelle législation polonaise soit « une injustice et une honte horribles qui portent atteinte aux droits des survivants de l’Holocauste et de leurs héritiers », comme le dit Lapid. Dans ce cas, nous devrions également nous attendre à ce que Lapid soutienne vivement les Palestiniens, leur droit au retour et leur droit d’être indemnisés pour les crimes colossaux commis contre eux en 1948 et par la suite.
En 1948, plus de 700.000 Palestiniens (la grande majorité de la Palestine indigène) ont été ethniquement nettoyés par le nouvel « État » juif. Ce crime raciste catastrophique (qui comprenait une longue liste de massacres) s’appelle la Nakba. Elle a eu lieu moins de quatre ans après la libération d’Auschwitz.
Pendant la guerre de 1948 et peu après, le jeune ‘Israël’ a anéanti les villes et villages palestiniens. Il a ensuite utilisé la législation pour empêcher les Palestiniens de rentrer chez eux et utilisé tous les moyens possibles pour piller leurs propriétés, dépossédant les quelques Palestiniens qui s’accrochaient à leur terre. Or, ‘Israël’ n’a jamais admis son péché originel de nettoyage ethnique.
S’appliquant à une cause morale, Israël prétend représenter les demandes juives de compensation/restitution en Pologne. Je me demande si la même règle ne devrait pas être appliquée aux Palestiniens ? Israël ne devrait-il pas exécuter la même loi morale et reconnaître le droit des Palestiniens à leurs terres, villages, villes, champs et vergers ?
Pendant son séjour en Pologne, c’est l’Allemagne nazie qui a provoqué un désastre pour la communauté juive du pays. En Palestine, ce sont des militaires de Tsahal et des groupes terroristes juifs qui ont commis des crimes colossaux contre la population indigène.
Alors que l’Allemagne nazie a cessé d’exister en 1945, Tsahal est toujours avec nous et perpétue ses crimes contre les Palestiniens, les Syriens, les Irakiens, etc. Le parti travailliste (qui a formé directement le premier gouvernement israélien) est toujours actif et est même membre de l’actuelle coalition gouvernementale. Le parti Likoud, étant la progéniture de l’Irgoun et du gang Stern (tous deux des groupes terroristes juifs, complices de certains des massacres les plus odieux en Palestine), est, de loin, le plus grand parti de la Knesset israélienne. Les institutions israéliennes et sionistes responsables du crime de 1948 n’ont jamais cessé d’exister. Elles n’ont jamais reconnu leurs crimes, et encore moins se sont repentis.
Les survivants de l’Holocauste ont été indemnisés par différents moyens pour le crime qui a été commis contre eux par les Européens. Israël a bénéficié d’un important accord de réparation avec le gouvernement allemand. Les Palestiniens, cependant, vivent toujours dans des prisons à ciel ouvert et des camps de réfugiés, soumis à des blocus et à des abus constants.
Le moment est venu pour ‘Israël’ d’avouer son horrible passé. À présent, Israël devrait accepter que la cause palestinienne ne s’efface pas ou ne s’évapore pas dans l’air. Si ‘Israël’ cherche à se réconcilier avec la région, il doit d’abord s’appliquer à lui-même ce code moral qu’il demande à la Pologne de suivre.
Par Gilad Atzmon
Sources: gilad online; traduction de Réseau international