Le prince Hamza, demi-frère du roi Abdallah II de Jordanie, a tenté de déstabiliser le royaume et de porter atteinte à la sécurité du pays, a affirmé dimanche 4 avril le vice-Premier ministre jordanien, tout en annonçant une quinzaine d’arrestations dont des personnes ayant occupé des postes à responsabilité.
Hamza, qui s’est vu retirer le titre de prince héritier en 2004, et les autres suspects ont collaboré avec une puissance étrangère pour «porter atteinte à la sécurité» de la Jordanie, a indiqué le vice-Premier ministre Aymane Safadi, lors d’une conférence de presse, sans préciser de quelle puissance étrangère il s’agissait ni les chefs d’accusation retenus.
Avant d’en arriver à ce constat, «les services de sécurité ont suivi durant une longue période les activités et les mouvements du prince Hamza ben Hussein, de Cherif Hassan ben Zaid et de Bassem Awadallah et d’autres personnes visant la sécurité et la stabilité de la patrie», a-t-il argué, affirmant que les autorités avaient décidé d’intervenir car les comploteurs présumés «parlaient de calendrier» d’action. «La sédition a été tuée dans l’œuf», a-t-il assuré.
Le prince Hamza avait annoncé samedi soir avoir été «assigné à résidence» dans son palais à Amman. Dans une vidéo transmise à la BBC par son avocat, Hamza a affirmé que le chef d’état-major de l’armée lui avait signifié qu’il n’était «pas autorisé à sortir» de chez lui. Il a nié avoir pris part à un complot, accusant les autorités jordaniennes de «corruption» et d’«incompétence».
Noor prend la défense de son fils
Âgé de 41 ans, Hamza est le dernier fils du roi Hussein, né d’un quatrième et ultime mariage avec la reine Noor, d’origine américaine. Conformément au souhait de son père, décédé en 1999, il avait été nommé prince héritier lorsque Abdallah II était devenu roi. Mais, en 2004, le souverain lui a retiré ce titre pour le donner à son propre fils aîné, Hussein.
La reine Noor a pris la défense de son fils, dénonçant sur Twitter des «calomnies» et espérant que «la vérité et la justice l’emportent pour toutes les victimes innocentes», a ajouté celle qui a critiqué ces derniers mois les autorités du royaume.
Au total, au moins 16 personnes ont été interpellées, parmi lesquelles deux personnalités, Bassem Awadallah (un ancien conseiller du roi) et Cherif Hassan ben Zaid, selon Aymane Safadi, qui a précisé que les services de sécurité avaient recommandé au roi de les renvoyer devant la cour de sûreté de l’État.
«Rancœur»
D’après un analyste jordanien ne souhaitant pas être identifié pour des raisons de sécurité, le prince Hamza a ces derniers temps «multiplié devant son cercle d’amis les critiques contre ce qu’il qualifiait de corruption au sein du pouvoir».
Toujours selon cette source, «il y a certainement de la rancœur de sa part car il n’a jamais digéré d’avoir perdu son titre de prince héritier».
Le royaume de Jordanie doit célébrer son centenaire le 11 avril. Dimanche, premier jour de la semaine en Jordanie, une apparence de normalité a régné dans les rues d’Amman, même si les récents développements étaient sur toutes les lèvres.
Petit pays dépourvu de ressources naturelles et largement dépendant des aides étrangères, la Jordanie est toutefois perçue comme stratégique au regard des tensions régionales.
Source: Avec AFP