Nouveau rebondissement qui épaissit les zones d’ombre dans l’explosion du port de Beyrouth: l’ancien juge d’instruction Fadi Sawwan qui avait été chargé d’enquêter sur cette affaire a tout simplement refusé d’auditionner le témoignage de l’ex-ministre libanais de la Défense, Fadi Sarraf.
Quoique celui-ci avait tout fait pour lui faire parvenir qu’il détenait des informations de grande importance liées à cet incident tragique, l’équivalent d’un séisme de 3 degrés, du à l’explosion de 2750 tonnes de nitrate de sodium qui était stockées dans le hangar 12 du port et qui a tué le 4 aout 2020 plus de 210 personnes, blessé plus de 6500 et détruit le port ainsi que les quartiers qui lui sont limitrophes.
Sawwan a finalement été révoqué par la Cour pénale de cassation. Ayant réclamé l’arrestation du Premier ministre Hassan Diab et d’autres ministres de son gouvernement, alors qu’ils venaient à peine de prendre leurs fonctions, il a été accusé de violation de la Constitution. Il est aussi soupçonné par les observateurs de vouloir politiser ce dossier en faisait planer le doute que l’explosion est imputable au camp du 8 mars. De quoi rappeler l’enquête sur l’assassinat de l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri.
À la mi-février, il a été remplacé par un nouveau juge d’instruction Tareq Bitar, lequel n’a toujours pas convoqué Sarraf. Ce dernier a alors décidé de révéler unilatéralement ses informations devant l’opinion publique.
Selon le journal libanais al-Akhbar, l’ex-ministre de la Défense dit détenir des photographies aériennes du navire battant pavillon moldave Rhosus qui transportait le nitrate d’ammonium, présumé être destiné au Mozambique, mais qui a fini par être évacué dans le port de Beyrouth.
Certaines de ces photos dateraient du 21 octobre 2013, l’année même de son accostage dans le port. Elles montrent que le navire avait fait à plusieurs reprises le trajet entre l’intérieur et l’extérieur du bassin maritime du port. Sachant que la loi interdit l’arraisonnement dans le bassin les navires transportant des produits nocifs ou explosifs, sans autorisation exclusive du directeur du port. Le nitrate d’ammonium est utilisé dans la fabrication des engrais chimiques et accessoirement dans celle des explosifs.
De même, de temps à autre, le toit du navire présentait des changements de couleur. Certaines fois, apparaissait la couleur blanche, d’autres le rouge. Ce qui veut dire selon la source de Sarraf que les portes des hangars du port s’ouvraient et se fermaient. Ce qui laisse supposer que le navire était en train d’être vidé de sa cargaison de nitrate à partir de cette date et non pas en 2014, date à laquelle l’autorité judiciaire avait ordonné de le faire.
D’autres photos datant du 3 mai 2015 montrent que le navire se remplissait d’eau. Ce qui laisse penser que la date du déchargement du navire est différente de celle de la décision prise pour sa submersion. Près d’un an et demi les séparent.
Sarraf assure détenir des photos du navire datant du 23 mars 2018. On y voit des traces du navire quoiqu’il ait été noyé le mois précédent, en février.
Toujours selon al-Akhbar, citant des sources proches de M. Sarraf, ce dernier assure détenir des informations selon lesquelles le navire se trouvait en juin 2013 dans le port de Saïda, au sud du Liban, c’est-à-dire quelque mois avant qu’il n’accoste dans le port de Beyrouth sous prétexte qu’il est tombé en panne. C’est comme s’il cherchait dument à accoster dans un port libanais.
Sarraf estime avoir des questions qui soutiennent la théorie du complot. En plus de ses informations, il a fait sa petite recherche détaillée sur le port de Beyrouth et son parcours. Il s’est arrêté sur le rapport de la l’Agence nationale du commerce qui a indiqué que le navire allait transiter dans le port, mais sans nullement évoquer qu’il devait embarquer des appareils de sonde sismique pour les transporter jusqu’au port d’al-Aqabat, en Jordanie. C’est l’une des raisons invoquées pour son accostage dans le port de Beyrouth. Sa recherche s’est arrêté aussi sur le nombre de fois au cours desquelles le capitaine du navire a été changé.
Concernant l’incendie qui s’est déclaré dans le hangar 12 où était stocké le nitrate, et qui est supposé être derrière l’explosion, Sarraf constate que les déclarations sous serment des certains responsables du port sont suspects, en raison de l’absence des registres qui attestent la délivrance d’autorisation sécuritaires à ceux qui voulaient entrer dans l’enceinte du port .
M. Sarraf détiendrait d’autres informations qu’il va livrer au juge d’instruction lorsqu’il le convoquera bientôt. M. bitar a repris l’enquête à zéro. En auditionnant de nouveau les témoignages de tous ceux qui ont été arrêtés dans ce dossier et dont le nombre s’élève à 25. M. Bitar aura aussi à réviser la délivrance des autorisations judiciaires concernant l’itinéraire du navire Roussos, et enquêter sur les propriétaires de la cargaison qui a explosé.
Autre élément suspect dans cette affaire : les Français n’ont pas encore livré leur rapport sur l’explosion.
Source: Médias