Rien ne va plus entre l’Arabie saoudite et le Pakistan, deux alliés stratégiques de longue date et dont les relations ne cessent de se dégrader ces dernières années.
Récemment, Riyad a réclamé la restitution d’un prêt de 3 milliards de dollars qu’elle avait accordée à Islamabad en 2018. Depuis cette année-là, elle avait entamé l’expulsion de la main d’œuvre pakistanaise de son sol.
Les divergences datent depuis 5 ans, lorsque le parlement pakistanais a refusé de participer à la guerre contre le Yémen dans la coalition lancée par l’Arabie saoudite, dans le cadre de l’opération baptisée Tempête décisive. Les Saoudiens voulaient que les Pakistanais y contribuent via leur aviation, leurs navires de guerre et en envoyant leurs soldats sur le terrain, pour lutter contre la montée de l’organisation houthie Ansarullah qui contrôle la capitale Sanaa et des superficies importantes du nord et du nord-ouest yéménite.
Riyad a depuis riposté en soutenant le voisin indien du Pakistan dans ses désaccords frontaliers et ceux portant sur le Cachemire, à majorité musulmane. Elle a plusieurs fois refusé une demande d’Islamabad en faveur d’une réunion de l’Organisation de coopération islamique pour condamner New Delhi.
Le royaume saoudien insiste pour que le Pakistan renonce à sa politique de neutralité sur d’autres dossiers litigieux au Proche-Orient où il s’est impliqué. Alors que l’Etat pakistanais refuse de le faire, évitant de se prononcer sur les divergences avec le Qatar et la crise avec l’Iran.
Riyad reproche à Islamabad sa politique douce avec ce dernier. Elle a très mal perçu la visite du chef de l’armée pakistanaise à Téhéran pour lui donner des garanties. Elle voulait que les Pakistanais dressent leurs systèmes anti aériens et anti missiles contre les Iraniens. Elle voit aussi d’un mauvais œil ses efforts depuis 5 ans pour développer ses liens économiques avec eux, notamment dans le secteur énergétique.
Le dernier dossier qui a enfoncé le clou dans les divergences saoudo-pakistanaises a été celui de la normalisation avec l’entité sioniste. Islamabad refuse de rejoindre ce processus parrainé par Riyad et Abu Dhabi. Le rejetant entièrement et invoquant la nécessité de soutenir la cause palestinienne.
À ce stade, il semble que ces relations aient atteint le point de non-retour.
Mais le Pakistan ne semble pas inquiété pour autant, quoique son économie est fragile. Il est conforté par ses liens avec la Chine qui veut investir 60 milliards de dollars dans le Corridor Économique Chine Pakistan. Celui-ci prévoit la construction de centrales électriques, d’autoroutes, de voies ferrées nouvelles ou modernisées et de ports de plus grande capacité. Le tout afin de faire du Pakistan un important circuit terrestre reliant la Chine occidentale au monde, selon le Figaro. C’est aussi Pékin qui l’a aidé à restituer les 3 milliards de dollars à Riyad.
Source: Médias