Douze civils ont été tués dans le bombardement nocturne d’une zone résidentielle de Gandja, deuxième ville d’Azerbaïdjan, selon les autorités samedi, nouvelle escalade du conflit du Nagorny Karabakh entre Azerbaïdjanais et séparatistes arméniens.
Quelques heures plus tôt, des frappes azerbaïdjanaises avaient visé la capitale des séparatistes, Stepanakert, selon les journalistes de l’AFP présents dans la ville, dont la majorité des habitants ont fui depuis le début des hostilités le 27 septembre.
La frappe meurtrière de la nuit de vendredi à samedi sur Gandja a été suivie d’une deuxième dans une autre partie de la cité puis d’un tir visant la ville voisine de Mingecevir.
Ces bombardements, ainsi que les combats sur la ligne de front, témoignent de l’impuissance depuis trois semaines de la communauté internationale.
Depuis une semaine, un accord de trêve humanitaire négocié sous l’égide de Moscou n’a jamais été appliqué.
Le chef du Pentagone Mark Esper et la ministre française des Armées Florence Parly ont réinsisté vendredi soir de la nécessité d’arrêter les hostilités.
Le Nagorny Karabakh, majoritairement peuplé d’Arméniens chrétiens, a fait sécession de l’Azerbaïdjan, chiite turcophone, peu avant la dislocation de l’URSS en 1991, entraînant une guerre ayant fait 30.000 morts dans les années 1990. Un cessez-le-feu, émaillé de heurts, était en vigueur depuis 1994.
A Gandja, des journalistes de l’AFP ont vu des maisons détruites par le missile qui a frappé les habitants en plein sommeil vers 03H00 locales (23H00 GMT vendredi). Selon le procureur général, « 12 civils ont été tués, 40 blessés ».
Des résidents en larmes fuyaient les lieux, certains en pyjamas et pantoufles.
« Toutes les maisons autour ont été détruites. Beaucoup de personnes sont sous les décombres. Certains sont morts, d’autres sont blessés », se lamente Rubaba Zhafarova, 65 ans, devant sa maison détruite.
« Ma femme était là-bas ! »
Des dizaines de secouristes cherchaient dans la nuit des survivants et à mains nues, dans les décombres. Après quelques heures, une équipe a déposé dans une ambulance des housses mortuaires noires contenant des morceaux de corps déchiquetés.
« Ma femme était là-bas, ma femme était là-bas », criait un homme conduit vers une ambulance par un infirmier.
Un habitant a dit avoir vu un enfant, deux femmes et quatre hommes retirés des décombres.
« Une femme a perdu ses jambes. Quelqu’un d’autre a perdu un bras », a dit Elmir Shirinzaday, 26 ans.
Ville de plus de 300.000 habitants, Gandja a déjà été frappée à plusieurs reprises depuis le début du conflit, notamment dimanche lorsqu’un missile avait fait dix morts.
Des journalistes de l’AFP ont indiqué avoir ressenti aussi dans la nuit une puissante explosion dans la ville voisine de Mingecevir. La cité est protégée par un système antimissile car il abrite une digue stratégique. Il n’était pas clair si des missiles avaient été détruits en vol ou s’ils avaient touché des cibles.
Du côté des séparatistes arméniens, aucun commentaire n’a été fait sur l’attaque sur Gandja, sinon que les infrastructures civiles des villes Stepanakert et Choucha ayant été visées par l’Azerbaïdjan, « des opérations pour stopper l’adversaire ont été menées », selon le centre d’information du gouvernement arménien.
Ailleurs sur le front, les combats ont continué, l’Azerbaïdjan et l’Arménie s’accusant mutuellement de violer le cessez-le-feu.
L’armée azerbaïdjanaise a annoncé samedi matin avoir, sur le front nord comme celui du sud, de nouveau « percé des lignes de fortifications en plusieurs endroits », détruisant équipements militaires, armements et faisant « beaucoup de morts ».
L’Azerbaïdjan a fait des gains territoriaux ces trois dernières semaines sans pour autant avoir remporté de bataille décisive. Bakou n’a pas jusqu’ici révélé le coût du conflit, ne publiant aucun bilan militaire, matériel ou humain, alors que les séparatistes affirment avoir tué des milliers d’hommes.
Outre une potentielle crise humanitaire, la crainte est de voir ce conflit s’internationaliser, la Turquie soutenant l’Azerbaïdjan. L’Arménie, qui soutient financièrement, politiquement et militairement les séparatistes est, elle dans une alliance militaire avec la Russie.
Source: AFP