Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné mardi 6 octobre les propos tenus la semaine dernière par Emmanuel Macron au sujet du “séparatisme islamiste”, qu’il a qualifiés de “provocation” en dénonçant “l’impertinence” de son homologue français.
“Les propos de Macron, qui a dit que ‘l’Islam est en crise’ dans une ville où les musulmans sont majoritaires est plus que de l’irrespect. C’est une provocation claire”, a déclaré Recep Tayyip Erdogan, lors d’une cérémonie religieuse à Ankara.
Le président français avait présenté le vendredi aux Mureaux (Yvelines) un plan de lutte contre “l’islamisme radical”, qui passera par la rédaction d’un projet de loi à l’intention de ceux qui veulent “nier les lois de la République” au nom de la religion. Le projet de loi qui sera présenté le 9 décembre, avec pour but de renforcer la laïcité comporte entre autre le contrôle renforcé des financements des mosquées ou l’interdiction de la formation des imams à l’étranger.
“Parler de structuration de l’islam relève de l’abus de pouvoir et de l’impertinence, pour un chef de l’Etat français”, a déploré M. Erdogan. “Qui êtes-vous pour parler de structuration de l’islam ?” «C’est de l’insolence et c’est dépasser les bornes».
Qualifier les musulmans de France de séparatistes conduira à des “conflits majeurs”, a-t-il averti.
Le président turc a aussi conseillé à Emmanuel Macron de «faire plus attention lorsqu’il parle des sujets qu’il ignore». «Notre attente est de le voir agir comme un homme d’État responsable et non comme un gouverneur colonial», a-t-il ajouté.
La Turquie et la France, tous les deux membres de l’Otan, sont en désaccord sur de nombreux dossiers, tels que les conflits syrien et libyen, ou l’exploitation des hydrocarbures en Méditerranée orientale.
Les deux chefs d’Etat les ont évoqués lors d’un récent entretien téléphonique et ont promis de poursuivre le dialogue.
Le président turc a toutefois reproché mardi à Emmanuel Macron d’avoir enfreint les termes de leur accord avec ses propos sur l’islam.
“Alors que nous sommes convenus d’améliorer nos relations et notre dialogue il y a une semaine ou 10 jours, voyez à quelle vitesse il l’a oublié. Le fait qu’il tienne ces propos juste après (notre appel) en dit long sur le respect qu’on doit lui témoigner”, a ajouté Recep Tayyip Erdogan.
Sources: AFP, Reuters