A Paris, la police mène la vie dure aux migrants. Depuis que le dernier camp a été démantelé, l’État multiplie les artifices pour faire croire que le problème est réglé.
Subtiliser des couvertures en plein hiver à des personnes qui dorment dehors: c’est possible! A Paris, les policiers auraient été pris en flagrant délit par des membres de Médecins Sans Frontières.
L’organisation s’est indignée dans un communiqué de ces violences policières à répétition, d’autant plus que les températures sont passées en dessous de zéro. Que les policiers viennent « chahuter » les migrants dans leur sommeil, ce n’est pas un secret: plusieurs sources bénévoles, humanitaires, ou même les migrants eux-mêmes, l’ont signalé à plusieurs reprises.
Samuel, porte-parole de Médecin Sans Frontière, nous explique: « Nos équipes ont été directement témoins de policiers prenant les couvertures de migrants dormant dans la rue. Par ailleurs, d’autres migrants rapportaient à de multiples repris ce problème. Ces problèmes de subtilisations de couverture en plein hiver, c’est un secret de polichinelle. D’autres associations nous avaient rapporté des constats similaires. […] Mais dans les files d’attente devant le camp humanitaire de Paris, les migrants n’ont pas le droit de s’allonger ou de dormir, et plusieurs fois les policiers sont intervenus pour les remettre ‘debout’ ».
Depuis que le dernier campement à Paris a été démantelé en novembre, le gouvernement a annoncé qu’aucun autre ne serait toléré. Et il semble prêt à tout pour y parvenir: la police traque le moindre groupement de tente et les anciens lieux ont été grillagés. Si les migrants se retrouvent dans la rue, c’est aussi par manque de place dans le Centre Humanitaire de Paris. Un mois après son ouverture, 4000 personnes en ont franchi le seuil.
Plus de 1.500 y ont été hébergés pour une dizaine de jours, la plupart ont été redirigé vers des centres d’accueil et d’orientation (CAO) à travers la France.
« Le centre humanitaire de Paris fait bien son boulot, il faut le souligner: le problème c’est que le dispositif est saturé. Après le problème d’hébergement d’urgence sur Paris, il n’est pas nouveau. Le même problème refait surface tous les ans au moment de l’hiver, avec une adéquation entre nombre de places possibles et le nombre de personnes qu’il faut mettre à l’abri. […] Il y a au moins plusieurs centaines de migrants qui errent actuellement dans les rues de Paris, en attendant de pouvoir disposer d’une place d’hébergement ».
Lors du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, le ministre de l’intérieur a balayé d’un revers de la main les accusations de MSF: « Ce que font aujourd’hui les forces de police, c’est de la mise à l’abri de personnes qui sont vulnérables », tout en admettant que « C’est vrai, quelquefois, il peut y avoir une forme de contrainte à mettre à l’abri quelqu’un»… Subtiliser des couvertures la nuit: directives ou excès de zèle? se demande Médecins Sans Frontière, qui a déjà reçu huit personnes proches de l’hypothermie.
Même si certains migrants ont été mis à l’abri dans des centres d’hébergement provisoire, le problème du mal logement et de la crise migratoire ne sont pas réglés: « En 2016, il y a eu une augmentation des arrivées et une augmentation du nombre de demandeur d’asile: on était autour de 100 000 pour 2016. Actuellement, pour Paris, d’après les informations qu’on a, le nombre d’arrivée est dans la continuité de ce qu’on a observé ces derniers mois ».
En mars, l’accord conclu entre la Turquie et Bruxelles a permis de faire baisser le nombre d’arrivées de migrants en , via la mer Égée et les îles grecques. En revanche, les arrivées par la partie centrale de la Méditerranée, direction l’Italie, ont atteint un record.
Une fois en Europe, les flux varient en fonction des projets migratoires personnels. Mais « Avec 70-80 migrants qui arrivent tous les jours, les chemins migratoires ne vont pas s’arrêter », explique Corinne Torre, coordinatrice de projet en charge des migrants à Paris.
Source: Sputnik