Depuis le dernier accord conclu avec la Russie, la Turquie n’arrive toujours pas à neutraliser les groupes jihadistes takfiristes dans la province d’Idleb.
Ayant intensifié progressivement son déploiement tout au long de l’autoroute internationale M4 qui relie Alep à Lattaquié, il semble qu’elle a de nouveau conclu un accord avec la coalition de milices jihadistes takfiristes Hayat Tahrir al-Cham (HTC/HTS).
Selon le site en ligne libanais aux capitaux qataris, Al-Modon, 1600 véhicules turcs ont été dépêchés en Syrie depuis le 6 mars. Le dernier convoi turc qui est arrivé le dimanche 22 mars en comptait 70.
La plupart de ces renforts sont envoyés au sud de la province d’Idleb et plus précisément dans la région de Jisr al-Chogour où l’armée turque a établi deux points d’observations supplémentaires, ainsi que plusieurs check-points.
Les patrouilles turques devraient longer la zone allant depuis Jisr a-Choghour à l’ouest jusqu’à Ariha à l’est. Un prélude aux patrouilles turco-russes, prévues par la seconde clause de l’accord en question, au terme desquelles l’autoroute devrait être ouverte à la circulation.
Une première patrouille russo-turque qui avait circulé le dimanche 15 mars avait été entravée par des actions de protestation sur l’autoroute en question.
Elles avaient été lancées initialement par les groupes pro Ankara, pour réclamer entre autre le retour des déplacés et de contraindre les forces gouvernementales syriennes à se retirer des régions qu’elles avaient conquises lors de la bataille lancée depuis fin décembre. Quelque 2.000 km2.
Mais selon Al-Modon, citant des sources sur place, elles ont alors été confisquées par les groupes de HTC. Leurs partisans ont alors coupé la route dans plusieurs endroits, brûlé des pneus et disséminant des clous. Contraignant la patrouille russo-turque à s’arrêter au bout de 3 km, sur les 60 km prévus.
Toujours selon al-Modon, cette coalition de milices proches d’Al-Qaïda a même menacé de s’en prendre aux véhicules de la police militaire russe dans cette région.
Dans le fond, HTC craint par dessus tout de payer les frais de l’accord russo-turc.
« HTC appréhende l’accord russo-turc parce qu’il va en découler une réduction progressive de son hégémonie. Les régions qu’elle contrôle seraient nécessairement sous supervision turque. Ce qui veut dire que HTC va obligatoirement disparaitre dans les étapes prochaines », a expliqué pour al-Modon une source militaire de la milice pro turque, le Front national de libération (FNL). Ce groupe fait partie de ceux qui ont donné leur approbation à l’accord russo-turc.
« C’est HTC qui empêche des dizaines de milliers de déplacés syriens de revenir chez eux, depuis la frontière avec la Turquie », a pour sa part accusé un activiste médiatique Ammar Mohammad.
« Aujourd’hui, elle leur permet de manifester pour empêcher les patrouilles de circuler parce que cela sert ses intérêts », a-t-il indiqué.
Aujourd’hui, rapporte al-Modon, les tentatives d’écarter les groupes jihadistes takfiristes de la région de déploiement turc semblent avoir échoué. HTC aurait obtenu l’autorisation de la Turquie de protéger se convois sur l’autoroute, après en avoir été écarté à l’avantage de FNL, dans un premier moment.
Selon un responsable militaire de l’opposition, le scénario des protestations de HTC rappelle sa politique, au début de l’entrée de la Turquie dans la province d’Idleb.
« Selon son idéologie, c’était de l’apostasie. HTC avait alors combattu les forces de l’opposition sous prétexte qu’elles collaborent avec la Turquie. Mais il a, plus tard, changé d’avis. Et l’armée turque est entrée sous sa protection. Surtout après avoir vidé le champ en éliminant les autres factions », lui rapporte al-Modon.
Un aveu de faiblesse qui ne révèle pas pourquoi la Turquie finit toujours par lui lâcher du lest.