Huit personnes, parmi lesquelles trois touristes mexicains et une suisse, ont été blessées mercredi dans une attaque au couteau à Jerash, célèbre site archéologique du nord de la Jordanie où l’assaillant a été arrêté.
« Le bilan de l’attaque est de huit blessés dont quatre Jordaniens et quatre touristes, trois Mexicains et une Suissesse », a indiqué le ministre de la Santé jordanien Saad Jaber. Un précédent bilan de la Sûreté générale faisait état de six blessés.
« Un guide touristique jordanien et un officier de la Sûreté générale » ont été blessés alors qu’ils tentaient d’arrêter l’assaillant, a indiqué à l’AFP le porte-parole de la Sûreté générale, Amer Sartaoui.
L' »assaillant a été immédiatement arrêté », selon un communiqué de la Sûreté générale. Aucune précision n’a été donnée sur son identité.
Le mobile de cette attaque, qui a eu lieu sur le site romain de Jerash, à une cinquantaine de km au nord d’Amman, demeure inconnu.
Le ministre de la Santé s’est rendu au chevet des blessés à l’Hôpital public de Jerash en compagnie de l’ambassadeur du Mexique. Il a déclaré que « quatre d’entre eux souffraient de blessures modérées à graves et les quatre autres étaient légèrement atteints ».
« Une touriste mexicaine dans un état grave ainsi qu’un guide touristique jordanien » ont été transférés en hélicoptère vers la Cité médicale à Amman, a-t-il ajouté.
Sur place au moment de l’attaque, le guide touristique Zouheir Zreiqat a raconté à l’AFP qu’elle avait eu lieu « peu avant midi, alors qu’une centaine de touristes étrangers se trouvaient sur le site archéologique ».
« Pas dit un mot »
« Un homme âgé d’une vingtaine d’années, barbu, vêtu de noir et brandissant un couteau, a commencé à poignarder les touristes », a-t-il raconté. Sur les lieux, des touristes ont alors commencé à appeler au secours.
« Nous sommes quatre guides touristiques à être intervenus, ainsi que trois touristes étrangers, pour arrêter l’assaillant », a ajouté M. Zreiqat. « On l’a poursuivi jusqu’à pouvoir le plaquer au sol ».
« Nous lui avons pris le couteau, il n’a pas dit un mot jusqu’à l’arrivée des policiers », d’après la même source.
Ce n’est pas la première fois que des sites touristiques sont visés en Jordanie.
En décembre 2016, Karak, réputée pour sa citadelle croisée du XIIe siècle et située à 120 km au sud d’Amman, avait été le théâtre d’une attaque meurtrière ayant fait 10 morts. Sept policiers, deux civils jordaniens et une touriste canadienne avaient été tués dans cette attaque qui avait également fait 34 blessés.
L’attentat avait été revendiqué par le groupe Etat islamique (EI) et fait craindre des répercussions sur le tourisme, un secteur clé de l’économie qui tentait de se relever après des années de crise en raison notamment de l’instabilité régionale.
Dix personnes avaient été condamnées pour cette attaque, dont deux à mort.
Quatre incidents « terroristes » avaient touché le pays la même année, dont un attentat suicide en juin revendiqué par l’EI et qui avait coûté la vie à sept gardes à la frontière avec la Syrie. Amman a joué un rôle significatif au sein de la coalition menée par les Etats-Unis contre le groupe EI en Syrie et en Irak, deux pays voisins de la Jordanie.
Difficultés économiques
La Jordanie est réputée pour ses vestiges, parmi les plus importants du Proche-Orient, comme la ville nabatéenne de Petra ou le temple romain de Jerash. Le désert du Wadi Rum et la mer Morte figurent aussi parmi ses attractions touristiques.
Le tourisme est l’une des principales ressources du royaume, en contribuant à hauteur de 10 à 12% au PIB.
L’objectif est de « doubler » cette part d’ici 2022, a indiqué l’an dernier la ministre du Tourisme et des Antiquités, Lina Annab, dans un entretien à l’AFP.
« Nous avons terminé l’année 2017 avec une croissance de près de 15% en nombre de visiteurs et de 18% en recettes » et les mêmes progressions sont notées au premier trimestre, avait-elle relevé.
L’économie jordanienne dans son ensemble a subi de plein fouet l’impact combiné de la crise financière internationale puis du printemps arabe et du conflit en Syrie.
La Jordanie, dont la stabilité est vue comme vitale au Moyen-Orient, accueille 1,3 million de réfugiés venus de Syrie.
Dépourvu de ressources naturelles, et très dépendant d’aides étrangères, le royaume fait face à un taux de chômage de 18,5% et 20% de la population vit à la limite du seuil de pauvreté.
Ces dernières années, la Jordanie a été le théâtre de manifestations contre les mesures d’austérité, menées par les jeunes, particulièrement touchés par le chômage.
Lundi, le gouvernement a démissionné à quelques jours d’un remaniement attendu dans ce pays embourbé dans les difficultés économiques.
Source: AFP