Le journal libanais al-Akhbar a dévoilé les termes d’un plan élaboré par l’Arabie saoudite, destiné à affaiblir le Hezbollah.
Intitulé « Affronter le Hezbollah au Liban », il faisait partie d’un plan beaucoup plus grand : « Affronter les politiques d’animosité du régime iranien : faire face aux agents de l’Iran ». Proposé à l’administration américaine cette année-là, il s’était fixé comme objectifs d’« affaiblir le Hezbollah d’une façon tangible sur les plans interne, régional et international ».
4 démarches lui étaient intimement liées.
La première, de nature politique, visait à le classer dans ses deux branches militaire et politique sur la liste des organisations terroristes et à œuvrer pour que le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte une résolution dans ce sens.
L’année suivante, l’Arabie a tenté de faire la même chose au sein de la Ligue arabe. En vain. Elle s’est vu opposer une fin de non-recevoir de la part de la délégation libanaise.
Autre démarche de ce plan hostile au Hezbollah : pousser ses alliés locaux à se démarquer de lui. Les chrétiens surtout. En tête le Courant patriotique libre qui avait été fondé par le chef de l’état, Michel Aoun. Et les Maradas, parti du clan des Frangiyeh et historiquement les alliés des Assad en Syrie. Ce sont les Etats-Unis et la France qui auraient dû s’atteler pour cette fin.
Selon al-Akhbar, le plan saoudien a été un fiasco. Riad s’en est rendu compte en 2017, lorsque le président de la république a refusé de désarmer le Hezbollah « tant qu’il y a une terre libanaise encore occupée », en allusion aux fermes de Chébaa et de Kfarchouba, et « parce que l’armée n’était pas assez forte pour le protéger »
Le plan saoudien prévoyait aussi un soutien politique et financier à des personnalités chiites libanaises influentes. Dont des dirigeants jeunes au sein du Hezbollah.
Les chiites hostiles au Hezbollah, devaient quant à eux recevoir un soutien pour les élections parlementaires afin qu’ils puissent obtenir la majorité parlementaire.
Sur le plan économique l’affaiblissement du Hezbollah passait par l’assèchement de ses ressources financières et son exclusion des artères économiques vitales.
Il est du coup question dans le plan saoudien de surveiller de près les virements financiers vers le Liban. Ils sont depuis 2016 suspendues depuis l’Arabie saoudite. A partir de 2017, ils nécessitaient une autorisation de la part de l’employeur saoudien.
En même temps, des sanctions américaines ont été imposées aux banques et institutions qui traitaient avec le Hezbollah.
L’autre objectif de nature économique de l’Arabie consistait à limiter l’influence du Hezbollah dans certains secteurs internationaux, à l’instar de l’aéroport international et du port maritime de Beyrouth.
Il était même question de construire en alternative un autre aéroport international dans le nord du Liban qui ne serait pas sous le contrôle du Hezbollah, selon les termes du plan saoudien.
Le troisième objectif économique consistait à financer de petits et moyens projets pour les jeunes, surtout la composante chiite dans le but de les neutraliser ou de les écarter du Hezbollah.
Dans le champ médiatique, l’Arabie s’était fixée de soutenir des chaines de télévision libanaise connues pour leurs positions anti Hezbollah, et d’œuvrer avec elles pour « dévoiler les transgressions du Hezbollah et ses directives idéologiques ».
Depuis quatre ans, Al-Akhbar avait révélé, à la foi des documents Wikileaks exfiltrés, que l’Arabie avait en 2012 payé la copieuse somme de deux millions de dollars à la chaine de télévision proche des Forces libanaises MTV.
Elle a tenté de faire de même avec la LBCI, en utilisant d’autres moyens…
Le dernier champ de la confrontation saoudienne contre le Hezbollah est militaire. L’une de ses clauses dictait un renforcement du mécanisme de surveillance du trafic d’armes auprès de l’organisation des Nations unies afin qu’elle puisse surveiller les frontières terrestres et maritimes.
Dans le cadre de cet objectif, l’Arabie s’est fixée de « créer une organisation de scoutisme pour les jeunes modérés afin de les entrainer localement et de les envoyer dans des sessions à l’étranger pour qu’ils deviennent le terreau des institutions militaires et sécuritaires dans l’avenir et faire face au Hezbollah sur le plan interne en cas de nécessité ».
S’agissant su soutien saoudien à l’armée libanaise, son renforcement selon le document saoudien nécessite d’abord de s’assurer qu’il n’est plus sous l’influence du Hezbollah.