Des centaines de musulmans chiites nigérians sont redescendus dans les rues d’Abuja, le mercredi 10 juillet, pour demander la libération de leur leader Ibrahim Zakzaky, au lendemain de heurts sanglants avec les forces de l’ordre qui ont fait deux morts dans leurs rangs.
Des centaines de membres du Mouvement Islamique du Nigeria (IMN) protestaient devant les bâtiments de la Commission Nationale des droits de l’homme, dans le centre de la capitale fédérale, pour réclamer la libération de leur chef, cheikh Ibrahim Zakzaky.
Au mur, une inscription peinte en rouge rappelait que « la police nigériane a tiré sur les partisans de l’IMN à l’Assemblée Nationale, le 9/07/2019 ».
Entre-temps, le porte-parole de la police, Anjuguri Manzah, a déclaré à l’AFP que 38 manifestants avaient été inculpés jeudi et que trois différents tribunaux étaient compétents dans cette affaire. 28 des accusés ont été libérés sous caution et dix restent détenus.
Le mardi 9 juillet, le rassemblement avait pris un tour violent et les heurts ont fait au moins deux morts dans les rangs de l’IMN, dont un adolescent de 14 ans, et onze blessés, selon les manifestants.
La police a prétendu qu’un des manifestants s’était emparé d’un fusil et avait tiré sur un policier, justifiant une riposte à balles réelles.
L’IMN dément cette version des faits, insistant sur le fait que les forces de l’ordre ont ouvert le feu sur les manifestants qui marchaient dans leur direction.
« Certains de nos membres ont probablement jeté des pierres », a reconnu le porte-parole de l’IMN, Ibrahim Musa. « Mais dire que nous avons essayé de nous emparer des armes est tout simplement faux ». « Nous sommes très en colère et nous ne voulons pas que notre chef meure entre les mains du gouvernement fédéral », a-t-il ajouté.
Il faisait référence à l’appel à l’aide du fils d’Ibrahim Zakzaky, le weekend dernier, décrivant la détention de son père, malade, comme « un assassinat ».
Zakzaky, qui s’oppose depuis des années aux autorités nigérianes inféodées à la politique des Etats Unis et de l’Arabie.
Il est détenu depuis décembre 2015, lorsque l’armée a tiré sur les manifestants, faisant plus de 350 morts.
Fin octobre, des partisans de l’IMN avaient manifesté en masse à Abuja et la répression violente de la manifestation par les forces de sécurité avait fait 47 morts selon l’IMN et les observateurs.
Source: Avec AFP